"Paula" : femme, peintre et Allemande dans le Paris des années 1900 (VIDÉO)

Auteur(s)
Jean-Michel Comte
Publié le 26 février 2017 - 18:02
Mis à jour le 01 mars 2017 - 17:52
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Carla Juri Film Paula
Crédits
©Pandora Films/Pyramide Distribution
La jeune Paula Becker (Carla Juri) a épousé Otto Modersohn (Albrecht Abraham Schuch), peintre comme elle.
©Pandora Films/Pyramide Distribution
Le film "Paula", biopic sur Paula Modersohn-Becker, femme peintre allemande du début du XXe siècle, sort ce mercredi dans les salles. Il raconte le destin de cette femme originale et passionnée, qui trouva un nouveau souffle dans le Paris artistique de l'époque.

Un biopic de 2 heures sur une femme peintre allemande du début du XXe siècle quasi inconnue du grand public en France: Paula, ce n'est pas Dalida. Pourtant le sujet ne doit pas rebuter les spectateurs, le film qui raconte la vie de l'artiste Paula Modersohn-Becker (ce mercredi 1er sur les écrans français) ne manque pas d'intérêt.

"Paula, tu ne seras jamais une artiste exceptionnelle, et une femme ne peut pas devenir peintre", lui dit un jour son père alors qu'elle a 24 ans. On est en 1900, à Brême, dans le nord-ouest de l'Allemagne, où la jeune femme a fait des études pour devenir enseignante avant de se tourner vers la peinture.

Mais Paula Becker n'est pas du genre à baisser les bras et à se laisser dicter son destin. En 1898, elle s’installe à Worpswede, un village au nord de Brême, pour apprendre la peinture auprès de Fritz Mackensen, peintre et fondateur d'une colonie d’artistes et intellectuels bobos installés à la campagne. Elle s'y lie d'amitié avec l'écrivain Rainer Maria Rilke et avec celle qui sera l'épouse de celui-ci, la sculptrice Clara Westhoff, qui devient sa meilleure amie. Elle rencontre aussi le peintre Otto Modersohn, et l'épouse.

Lasse de peindre des pommes et des paysages, Paula s'intéresse aux êtres humains et va chercher ses modèles chez les paysans pauvres de la ferme d'à côté. Mais ses tableaux sont trop originaux pour l'époque, ils ne se vendent pas, son style est jugé trop naïf et pas assez naturaliste, et on se moque d'elle.

Et dans sa vie privée, ce n'est pas la joie non plus. Son mari Otto, veuf et père d'une adorable fillette, ne la touche pas et reste chaste malgré l'amour sincère qu'il lui porte. Frustrée dans bien des domaines, Paula décide alors, le jour de ses 30 ans, de partir s'installer à Paris.

Là, elle va rejoindre ses amis Clara et Rainer, qui travaillent pour Auguste Rodin et dont elle fera le portrait. Là, elle va puiser de nouvelles sources d'inspiration pour sa peinture enfin reconnue. Là, elle va parfois affronter la solitude mais aussi faire des rencontres, prendre des amants et connaître enfin le plaisir physique. Là, elle va donner un nouvel élan à son existence et à son art…

"Ce que j’ai tout de suite aimé chez Paula, c’est sa forte personnalité: elle ne fait pas ce qu’on attend d’elle, et son désir d’émancipation est très grand", explique Christian Schwochow, le jeune réalisateur allemand (38 ans) de ce film un peu classique mais non dénué d'émotion et d'intérêt historique.

Pour les spectateurs qui ne connaissent pas la vie de Paula Modersohn-Becker et qui ne veulent donc pas savoir la fin du film, il est conseillé de ne pas se renseigner sur la biographie de cette femme peintre qui fit l'objet, l'an dernier, d'une exposition au Musée d'art moderne de Paris (sinon, cliquer ici). Et de ne pas lire les articles ou interviews (sinon, cliquer ici) sur la remarquable interprète principale du film, Carla Juri, actrice suisse qu'on verra bientôt dans la suite de Blade Runner aux côtés de Harrison Ford et Ryan Gosling.

Paula Modersohn-Becker est beaucoup plus connue en Allemagne qu'en France, mais le réalisateur dit, pour la préparation de son film, n'avoir pas regardé les nombreux documentaires télévisés qui lui ont été consacrés. "J’ai préféré lire sa correspondance, qui est très riche. Paula était très franche et désinhibée dans ses lettres, je l’ai mieux perçue ainsi. (…) Ce qui transparaît de Paula dans ses écrits, c’est son appétit de vivre pleinement, y compris une vie sexuelle, de découvrir et d’embrasser le monde. Son oeuvre en découle. Les peintres de son époque, ceux de Worpswede notamment, étaient beaucoup plus réalistes et reproduisaient surtout la nature. Paula, elle, voulait exprimer des sentiments à travers ses œuvres".

Le film, avec quelques accents féministes, rend donc non seulement hommage à sa peinture mais à sa personnalité –son titre original est Mein Leben soll ein Fest sein ("Ma vie devrait être une fête"). Et il donne aussi une description intéressante du climat artistique et intellectuel de l'époque, que ce soit dans le groupe de Worpswede ou dans le Paris du début du siècle, ce Paris où tout semblait permis et que Stefan Zweig qualifiait de "ville de l'éternelle jeunesse".

(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):

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