Michel Bouquet, 90 ans, "n'arrêtera jamais le théâtre" (VIDEO)

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 24 décembre 2015 - 15:15
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Michel Bouquet Novembre 2009
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©Michel Gangne/AFP
Michel Bouquet en novembre 2009.
©Michel Gangne/AFP
Depuis ce mercredi 23 novembre, Michel Bouquet est à l'affiche de la pièce "À tort et à raison" au théâtre Hébertot à Paris. Il y incarne le chef de l'orchestre Philharmonique de Berlin, resté à son poste sous le régime nazi.

Michel Bouquet, 90 ans, aime broder et rebroder ses rôles: il reprend avec maestria un personnage qu'il a endossé pour la première fois il y a 15 ans, le chef d'orchestre Wilhelm Furtwängler, accusé de collusion avec les nazis dans A tort et à raison au théâtre Hébertot à Paris.

Un demi-sourire ou un plissement des yeux lui suffisent pour insuffler toute son ambiguïté au chef adulé du Philharmonique de Berlin, resté à son poste alors que les nazis vidaient les orchestres de leurs musiciens juifs.

L'acteur au sourire matois et aux yeux malicieux jure qu'il "n'arrêtera jamais le théâtre". Et d'ailleurs, "pourquoi arrêter?", a-t-il confié à l'AFP. A voir sa gourmandise à jouer ce rôle dans toutes ses contradictions, on comprend son désir de ne jamais quitter les planches.

La pièce, écrite par le Sud-Africain Ronald Harwood (scénariste du film de Roman Polanski Le Pianiste, Palme d'or à Cannes en 2002), a été rodée en province avant de venir à Paris. Michel Bouquet l'a jouée lors de sa création en France en 1999, dans une mise en scène de Marcel Bluwal, aux côtés de Claude Brasseur. Cette fois, c'est Francis Lombrail qui reprend sans grande subtilité le rôle du commandant américain Steve Arnold, convaincu de la culpabilité de Furtwängler.

La pièce s'inspire de faits réels: les Américains ont effectivement poursuivi le chef emblématique de la Philharmonie de Berlin lors de la dénazification en 1946, pour avoir exercé son art sous Hitler. Furtwängler avait serré la main d'Hitler, il avait joué pour le Führer, notamment le jour de son anniversaire, et était resté à son poste pendant toute la période nazie. Mais à la fin de la guerre, nombre de musiciens ont pris sa défense, comme Yehudi Menuhin. "Et à la différence de Karajan, il avait refusé sa carte du parti nazi et avait sauvé de nombreux musiciens juifs", rappelle Michel Bouquet.

L'acteur, bien plus âgé que ne l'était Furtwängler à l'époque (1886-1954), ne faiblit pas et instaure avec le public une tension particulière, voix très basse enflant brutalement, démarche hésitante ou brusquement alerte. Le public lui a fait un triomphe.

La pièce doit jouer 3 ou 4 mois au théâtre Hébertot, et on compte sur Michel Bouquet pour peaufiner le rôle de soir en soir, fouillant toujours plus loin pour enrichir son personnage, comme il l'avait fait pour Le roi se meurt de Ionesco, qu'il a incarné 830 fois, en près de 20 ans.

(Voir ci-dessous un extrait de la pièce À tort et à raison):

 

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