40e édition de Jazz in Marciac : la gloire est dans le pré

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Par AFP
Publié le 30 juillet 2017 - 14:12
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Un accordéoniste dans les rues de Marciac a l'occasion du festival de jazz le 28 juillet 2017
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© REMY GABALDA / AFP
Un accordéoniste dans les rues de Marciac a l'occasion du festival de jazz le 28 juillet 2017
© REMY GABALDA / AFP

Une bande de copains qui jouent des impros sur des remorques à fourrage : le premier "festival" Jazz in Marciac ne semblait pas voué à dépasser les balles de foin de son Gers natal. Pourtant, 40 éditions plus tard, "JIM" est l'un des plus importants rendez-vous du genre au monde.

"Il y avait une seule soirée de concert dans les arènes et quelques animations. Des groupes jouaient sur des remorques à fourrage. C'étaient plus des +boeufs+" (des improvisations) : en 1978, Jean-Louis Guilhaumon ne savait pas encore qu'il venait de faire naître un festival aujourd'hui régulièrement cité comme l'un des vingt plus importants du genre dans le monde.

Le père de "JIM", comme on surnomme Jazz in Marciac, avait alors tout simplement voulu faire sortir le village médiéval de 1.600 habitants du "désert culturel", comme il dit à l'AFP. "Ici à l'époque, à part les fêtes votives..."

Jean-Louis Guilhaumon était arrivé dans le Gers en 1971 pour son premier poste de professeur de lettres modernes. "Je n'avais pas prévu de rester très longtemps...", confesse-t-il. Depuis, il est devenu maire de Marciac et vice-président PS de la Région Occitanie chargé du tourisme et du thermalisme.

Dans ce fin fond du Gers normalement plus réputé pour le foie gras, le guitariste amateur de jazz a l'idée d'organiser des soirées "vieux jazz".

Il contacte André Muller, un Parisien devenu Marciacais qui avait créé en 1962 le festival de jazz de Saint-Leu-la-Forêt (Val d'Oise). Avec les moyens du bord --c'est-à-dire aucun--, il fait monter sur "scène" ses potes, comme Jean Toupance et le Jazzouillis orchestra, qu'il loge et nourrit chez lui.

"On avait organisé cette soirée sans trop y croire", se souvient Pierre Morandin, 67 ans. "Mais on a eu du monde: c'était une surprise. Alors, on s'est dit: +pourquoi pas+?", raconte le bénévole, qui a participé à toutes les éditions.

- Effluves de magret et notes bleues -

Le festival s'appuie alors sur quelques artistes résidant non loin, en particulier le trompettiste américain Bill Coleman, qui venait de s'installer dans le voisinage. "Bill nous a ouvert son carnet d'adresses", dont Memphis Slim, se souvient Jean-Louis Guilhaumon.

Mais il faut encore trouver une véritable scène: il convainc le patron d'une fabrique de meubles de lui prêter son atelier quand il est fermé en août pour y faire une "salle de concert". Le succès se confirmant, l'endroit devient vite trop étriqué et, en 1983, un chapiteau de cirque est loué.

"On l'avait installé sur le terrain de rugby", se souvient Dominique Dumont, 62 ans, une autre bénévole de la première heure. "Je me souviens qu'un artiste s'était exclamé en y entrant: +Ca sent le lion ici!+".

Les moyens sont rudimentaires mais l'huile de coude des bénévoles --plus de 900 aujourd'hui-- fait le reste.

"C'était un peu le système D. On faisait tout: on sérigraphiait les affiches, on protégeait les pieux du chapiteau avec des bottes de foin, on mettait le couvert pour le repas du soir...", se souvient Mme Dumont.

Aujourd'hui, 220.000 personnes viennent chaque année dans ce "nice medieval town in the middle of nowhere" (un joli village médiéval au milieu de nulle part), écrivait dans les années 1980 l'International Herald Tribune dans son premier article sur JIM.

Sa ruralité, Jazz in Marciac a réussi à en faire un atout. "C'est un festival, pas une succession de concerts. Il y a une atmosphère très chaleureuse", explique M. Guilhaumon.

"Une coloration particulière", insiste-t-il, tandis que, parmi les effluves de magret grillé, flottent les notes bleues distillées par les dizaines de groupes du festival "off" installés dans les pelouses, cours de fermes et terrasses de restos-bars.

Le succès de JIM, il est là, assure M. Guilhaumon, refusant la course au gigantisme: "Nous avons atteint une phase qui correspond à ce que nous voulions. Nous ne souhaitons pas développer de nouvelles initiatives".

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