Hong Kong : appels à la démocratie pour cause d'élections "injustes"

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 13 février 2017 - 11:12
Mis à jour le 18 février 2017 - 03:15
Image
Le chef du gouvernement de Hong Kong , Leung Chun-ying, devant le Conseil législatif, le 18 janvier
Crédits
© Isaac LAWRENCE / AFP/Archives
Le chef du gouvernement de Hong Kong , Leung Chun-ying, devant le Conseil législatif, le 18 janvier 2017
© Isaac LAWRENCE / AFP/Archives

Le premier round des élections pour le prochain chef du gouvernement de Hong Kong débute bientôt. Mais la plupart des électeurs n'auront pas leur mot à dire sur le vainqueur, si bien que les démocrates demandent la révision d'un système électoral favorable à Pékin.

C'est le premier vote du genre depuis l'immense mouvement prodémocratie de l'automne 2014 qui avait échoué à obtenir la moindre réforme politique. Il survient alors que de plus en plus d'habitants ont le sentiment que la Chine accroît sa mainmise sur l'ancienne colonie britannique qu'elle a récupérée en 1997.

Les opérations commencent mardi et les quatre candidats en lice ont tenté de séduire le public en s'arrêtant dans des cafés de quartier pour manger avec les gens ordinaires.

Mais l'immense majorité des 3,8 millions d'électeurs sont tenus a l'écart du processus.

Le chef de l'exécutif est désigné par un comité de 1.200 membres issus de groupes d'intérêts souvent acquis à la Chine. D'après un décompte réalisé par les médias du territoire semi-autonome, seuls un quart d'entre eux appartiennent au camp démocrate.

Ces 1.200 représentants sont sélectionnés par un pool de 230.000 électeurs issus de secteurs allant du monde des affaires à l'éducation, et comprennent les 70 députés du Conseil législatif (LegCo, Parlement).

Les militants démocrates et certains habitants jugent inévitable que le vainqueur devra répondre de ses actes devant les autorités chinoises. Ils voient déjà dans le sortant, l'impopulaire Leung Chun-ying, la marionnette de Pékin.

"Les membres du comité électoral ne servent que leurs propres intérêts, comment peuvent-ils représenter les intérêts du peuple de Hong Kong?", demande Stone Shek, ingénieur de 49 ans.

- 'Fausse démocratie' -

Les autorités chinoises avaient proposé aux Hongkongais de pouvoir voter au suffrage universel mais pour des candidats qui auraient été adoubés par Pékin, ce qui avait provoqué la révolte dite des "parapluies" en 2014.

Puis, les députés démocrates du LegCo avaient empêché l'adoption de ce projet de "fausse démocratie" et la réforme avait été remisée au placard.

Pour M. Shek, c'est une bonne chose.

Mais d'autres craignent que la Chine ne fasse jamais de compromis.

"Ils n'ont pas écouté les dizaines de milliers de personnes qui ont manifesté pendant le +Mouvement des parapluies+", déclare Tony So, informaticien de 42 ans.

Les membres du comité électoral votent pour leur candidat favori jusqu'au 1er mars. Pour participer au dernier tour devant ce même comité, le 26 mars, les candidats devront obtenir 150 voix.

L'ancienne chef adjointe du gouvernement Carrie Lam est considérée comme la favorite de Pékin. L'ancien ministre des Finances John Tsang est l'autre favori. Jugé plus modéré, il mène la course dans les sondages.

Face à eux, la pure et dure Regina Ip et l'ancien juge Woo Kwok-hing, perçu comme plus favorable au camp démocrate.

Leung Kwok-hung, vétéran du combat pour la démocratie, connu sous le surnom de "Long cheveux", a laissé entendre qu'il pourrait entrer dans la course mais pour l'instant, le camp démocrate n'a pas de champion officiel.

- 'Moindre mal' -

Nombre de démocrates ne voient pas l'intérêt de présenter un candidat qui n'aurait aucune chance d'être élu par le comité électoral proPékin, explique à l'AFP Chan Kin-man, militant et universitaire.

Les démocrates du comité électoral vont vraisemblablement soutenir M Tsang, le "moindre mal", dit-il à l'AFP.

Benny Tai, fondateur du mouvement Occupy qui avait contribué à galvaniser les foules en 2014, a comparé l'élection à une "course de chevaux" à laquelle les Hongkongais peuvent assister, sans pouvoir l'influencer.

"Nous devons travailler dur pour maintenir le mouvement et nous allons continuer le combat pour la démocratie", déclare-t-il à l'AFP.

Les militants comptent sur le long terme, tablant sur des victoires aux élections locales pour gagner en influence. En septembre, les législatives avaient débouché sur l'élection de députés issus du "Mouvement des parapluies".

Mais depuis, deux députés indépendantistes ont été interdits de siéger après l'intervention de Pékin. D'autres députés démocrates risquent de subir le même sort.

Les habitants espèrent que le comité électoral choisira la bonne personne. "Les gens du +petit cercle+ (le comité) veulent aussi la prospérité et le développement de Hong Kong", dit Polly Chen, analyste financière de 50 ans.

Mais au bout du compte, il faudra que les Hongkongais décident pour eux-même. "Nous devons commencer quelque part", dit-elle de la route vers la réforme. "Nous pouvons nous tromper mais nous devons commencer".

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Bezos
Jeff Bezos : le Lex Luthor de Seattle veut devenir le Dark Vador de l’univers
PORTRAIT CRACHE - S’il se fait plus discret que certains de ses compères milliardaires, Jeff Bezos n’en garde pas moins les mêmes manies, les mêmes penchants et surtou...
04 mai 2024 - 13:17
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.