Le Mont Saint-Michel redevient une île mais son budget reste à trouver

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Par AFP
Publié le 16 juin 2017 - 13:17
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Vue aérienne du Mont Saint-Michel le 20 mars 2015
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© DAMIEN MEYER / AFP/Archives
Vue aérienne du Mont Saint-Michel le 20 mars 2015
© DAMIEN MEYER / AFP/Archives

Deux ans après la fin des travaux destinés à le désensabler, le Mont Saint-Michel redevient bien une île lors de certaines grandes marées, mais le lourd budget indispensable à la poursuite de ce combat reste à trouver.

Grâce à l'élégant barrage, construit sur le Couesnon à 2 km du rocher, "les fonds s'érodent très notablement dans un rayon d'un kilomètre autour du Mont", assure Franck Levoy, l'universitaire caennais chargé de suivre le projet de maintien du caractère maritime du rocher, dans une baie qui s'ensable au fil des siècles.

Mis en service en 2009, le barrage lâche, à cette fin, doucement, deux fois par jour, environ 1 million de m3 d'eau de part et d'autre de la "Merveille" pour y chasser les sédiments.

La terre, qui se rapprochait du rocher classé par l'Unesco, et menaçait de l'avaler à l'horizon 2040, bat en retraite. "La mer a déjà reconquis 51 ha", assure Alain Prudhomme, directeur du syndicat mixte de collectivités (Normandie, Bretagne, Manche) qui gère le projet.

Autre point clé, la digue-route qui menait au mont et le parking de 4.100 places qui enlaidissait le pied du rocher ne sont plus que mauvais souvenirs. Ils ont été détruits en 2015.

Après 10 ans d'études, 10 ans de travaux et 230 millions d'euros d'investissement (dont 185 millions HT d'argent public), on accède désormais au mont par une passerelle et chacun peut, lors de certaines grandes marées, admirer le reflet de l'abbaye érigée à partir du Xe siècle. Cela n'était plus possible depuis 1879, date de construction de la digue-route qui a accéléré l'ensablement. Le prochain rendez-vous est fixé au 7 octobre.

Mais pour que le spectacle demeure, de lourds investissements s'annoncent.

- Ardoise très lourde à venir -

"Noeud du problème", le nouveau parking, construit sur la côte à 2,5 km du mont, et les navettes gratuites, mises en place pour acheminer les touristes, sont très déficitaires, écrivent l'ex-préfète de Normandie Nicole Klein et le président du Centre des monuments nationaux (CMN) Philippe Belaval dans un rapport remis à Matignon en mars dont l'AFP a eu copie.

Ils vont entraîner de façon "quasi inéluctable de(s) dépenses supplémentaires très lourdes".

Certes le déficit, de 2,8 millions en 2015, revient à Transdev, qui gère le parking et les navettes en délégation de service public (DSP). Mais la société, détenue à 70% par la Caisse des dépôts, et à 30% par Véolia qui s'en retire progressivement, réclame 4,5 millions d'euros au syndicat mixte, en plus des 13,5 millions de subventions déjà perçues, en raison de modifications du projet, selon le rapport.

D'autres dépenses, "extrêmement importantes" sont à venir: la DSP prévoit qu'à la fin du contrat en 2022, Transdev se voie rembourser 13 millions d'euros, soit "la part non amortie des investissements réalisés". Une rupture avant 2022 coûterait encore plus cher. En outre la question se pose déjà du remplacement des navettes, "estimé à au moins 8 millions supplémentaires", selon le rapport.

- Recherche d'équilibre -

Alors que l'Etat travaille à la mise en place d'un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) pour prendre le relais du syndicat mixte, auquel les collectivités locales ne veulent plus contribuer, l'équilibre financier de l'EPIC "risque d'en être compromis dès le départ", écrivent les auteurs. Et il faudra pourtant investir plus de 6 millions d'euros par an dans l'entretien des infrastructures, la sécurité et la promotion du site.

Le barrage pèsera 1,15 million d'euros par an, selon le rapport, en incluant les curages du Couesnon nécessaires pour que les volumes d'eau lâchés ne diminuent pas.

L'ancien préfet de la Manche Adolphe Colrat vient d'être chargé par l'Etat de trouver un "modèle économique qui devra reposer sur les recettes issues de la fréquentation du site et ne pas donner lieu à des contribution publiques d'équilibre".

"Un parking avec 2,3 millions de visiteurs par an ne peut être déficitaire", estimait récemment Hervé Morin, président UDI de Normandie. Il a bien une idée de financement: "L'abbaye (gérée par l'Etat) est très bénéficiaire. C'est un des monuments nationaux qui gagne le plus d'argent".

Aucune piste n'est exclue, a indiqué à l'AFP M. Colrat, y compris une augmentation des tarifs du parking, actuellement à 11,70 euros la journée, contre 8,50 euros début 2013.

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