Face la bactérie tueuse, "Xylella fastidiosa", la Corse fait certifier ses oliviers

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 02 mars 2016 - 11:19
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oliviers malades corses
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©Pascal Pochard-Casabianca/AFP
Face à la menace de la bactérie tueuse d'oliviers "Xylella fastidiosa" la Corse se défend en créant une filière purement insulaire de plants d'oliviers certifiés.
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Jamais mieux servi que par soi-même. Face à la menace de la bactérie tueuse d'oliviers "Xylella fastidiosa", identifiée sur son sol l'été dernier, la Corse se défend en créant une filière purement insulaire de plants d'oliviers certifiés.

L'objectif visé est la production d'oliviers sains, authentiquement locaux et de qualité plutôt que de les importer d'Italie comme c'était généralement le cas, alors que Fastidiosa a déjà mortellement atteint dix pour cent des oliviers millénaires des Pouilles (sud-est), explique à l'AFP Louis Cesari, oléiculteur à Ghisonaccia dans la plaine orientale et vice-président de l'interprofession oléicole régionale (Sidoc).

Dès 2014, à l'apparition de la bactérie dans la péninsule, le syndicat avait alerté les pouvoirs publics et son principal partenaire financier, la Région, pour lui demander de mettre en place cette filière certifiée, indique-t-il. "Il faudra compter trois ans pour fournir aux producteurs un plant garanti issu d'une variété locale et testé indemne de toute maladie", poursuit M. Cesari.

Les prélèvements de bois, de la taille d'un crayon, vont commencer d'ici une dizaine de jours sur des oliviers pluriséculaires, issus de variétés endémiques ou locales, remontant à l'occupation génoise (avant la Révolution française), à la génétique avérée. Les boutures seront confiées à des pépiniéristes de l'île le temps de s'enraciner, soit environ seize mois. "Et d'ici 18 à 20 mois on aura des oliviers en pot de 80 cm de hauteur qui pourront être plantés".

Les 15.000 premiers arbres certifiés sont d'ores et déjà réservés aux jeunes agriculteurs qui s'installent afin d'encourager la reprise de la production d'huile d'olive sur l'île: "60 hectares sont déjà identifiés à cet effet et l'office agricole de Corse a aussi décidé de ne soutenir que ces plants certifiés". La première récolte aura lieu dans quatre ans, mais il faudra attendre 10 à 12 ans pour que l'arbre atteigne son rythme de croisière.

"Peu importe: l'olivier est éternel. Ca vaut bien ce petit sacrifice pendant quelques années si on peut garantir aux quarante prochaines générations une récolte d'olives saines. Ne pas planter pendant trois ans ne va pas mettre la filière en péril", insiste-t-il.

Ce processus de production de plants certifiés "100% corses" a été stimulé par l'intérêt que les producteurs corses portent à leur biodiversité, relève Sandrine Marfisi, présidente du Syndicat de l'huile d'olive AOP "Oliua di Corsica": "Depuis 2013 nous réfléchissions à la mise en place d'un réseau de collaboration en recherche et développement pour améliorer la connaissance et la conservation des variétés corses".

L'huile d'olive en Corse reste une production confidentielle et artisanale avec 180 producteurs professionnels sur 700 ha d'oliveraies, principalement en Balagne et dans la plaine orientale. La Corse avec 120 tonnes d'huile d'olive par an compte pour moins de 5% de la production nationale, dont 60% reconnue en AOP "Oliu du Corsica".

En mai 2015, craignant l'apparition de la Xylella fastidiosa en Corse, les professionnels avaient demandé au préfet de Corse et au ministère de prendre un arrêté interdisant l'introduction sur l'île de plants végétaux en provenance du sud de l'Italie. Malgré tout, en juillet, fastidiosa avait été identifiée sur une haie à Propriano (sud-ouest).

Analyses faites, le ministère avait pu rassurer et préciser que la souche "multiplex" - ensuite retrouvée à Nice - était différente de la mortelle "pauca" présente en Italie. "Multiplex" est officiellement indolore pour les oliviers mais c'est un risque que personne ne veut courir.

"La classification ayant été établie par les chercheurs américains, personne ne sait au juste quel peut être son impact sur les plantes du maquis corse. Or il y a déjà un doute sur le chêne liège", affirme M. Cesari. De plus le maquis lui-même abrite de très nombreux oliviers pluricentenaires abandonnés en friches. "Si on compte les réserves dans le maquis on a 8.000 ha d'oliviers en friches qui peuvent être remis en production", assure Louis Cesari.

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