Strasbourg espère décrocher un label Unesco pour son quartier allemand

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Par AFP
Publié le 09 juillet 2017 - 11:43
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L'école des Pontonniers dans la "Neustadt", le quartier allemand de Strasbourg, le 8 septembre 2016
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© PATRICK HERTZOG / AFP/Archives
L'école des Pontonniers dans la "Neustadt", le quartier allemand de Strasbourg, le 8 septembre 2016
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Strasbourg espère obtenir dimanche le classement à l'Unesco de son quartier impérial allemand, construit durant l'annexion de l'Alsace, un label de prestige pour valoriser cette ville européenne réconciliée avec son identité franco-allemande.

"La Neustadt est le témoignage de l'histoire singulière de Strasbourg. Son classement serait une manière de boucler la boucle de notre histoire", a déclaré à l'AFP Alain Fontanel (REM), premier adjoint en charge de la Culture, avant son départ pour Cracovie où l'Unesco dévoilera la liste des nouveaux sites classés au patrimoine du monde.

Méconnue du grand public et en Allemagne, la Neustadt ou "ville nouvelle" est l'un des rares ensembles allemands qui n'a pas été détruit par les Alliés et "l'un des derniers témoins de l'Allemagne d'avant-guerre", a souligné l'élu.

Cette "ville nouvelle", construite sous le Reich de l'empereur Guillaume II, s'étend sur 90 hectares et comprend un vaste ensemble d'édifices et d'immeubles de styles néo-gothique, néo-renaissance et art déco.

La cathédrale et la Vieille ville sont déjà classées au patrimoine de l'humanité depuis 1988, mais Strasbourg est candidate à une extension à la Neustadt de son périmètre de sauvegarde.

Dessinée par les architectes strasbourgeois Jean-Geoffroy Conrath et le berlinois August Orth, la Neustadt devait devenir la vitrine du Reichsland d'Alsace-Lorraine tournée vers l'ouest.

Sa construction, démarrée après la guerre franco-prussienne de 1870-1871, a été en partie financée par l'argent français des réparations de guerre.

Parmi les bâtiments les plus notables figurent le Palais de l'Empereur, le palais universitaire, la bibliothèque, l'ancien Landtag (aujourd'hui le Théâtre national de Strasbourg, TNS), la gare et l'hôpital civil.

La Neustadt comprend aussi des parcs, un jardin botanique et des bains municipaux, et le Palais des fêtes, qui témoignent du dessein hygiéniste et social de l'Allemagne aux XIXe et XXe siècles.

- Une double identité -

C'est un quartier "unique et exceptionnel", souligne l'historien allemand Klaus Nohlen, auteur d'une thèse sur la Neustadt.

"Des quartiers de ce type ont existé à Wiesbaden, Berlin et ailleurs en Allemagne, mais ont en grande partie été détruits. A Strasbourg, c'est extraordinaire que cela ait suvécu", remarque M. Nohlen.

Sa construction avait permis de quasiment tripler la superficie de Strasbourg et de multiplier sa population par deux fois et demi.

Le label Unesco serait "un sacré coup de projecteur sur ce périmètre", s'enthousiasme Olivier Ohresser, président de l'association des Amis du Vieux Strasbourg qui milite pour la défense et la conservation du patrimoine historique de la capitale alsacienne.

Ce quartier était à son époque à la pointe de la modernité: raccordé à l'électricité et au gaz, il était déjà desservi par le tramway et ses voies magistrales de circulation relient aujourd'hui le centre aux institutions européennes, Parlement européen et Conseil de l'Europe.

"Strasbourg est sans doute la ville française la plus allemande ou la ville allemande la plus française. Nous avons cette double identité, et nous sommes Européens", souligne Alain Fontanel.

Une double identité symbolisée par ces drapeaux français qui flottent sur les ex-bâtiments officiels du Reich, visibles depuis les jardins très animés de la Place de la République, l'ancienne "Kaiserplatz".

Après la libération de Strasbourg en 1944, la Neustadt a connu une période trouble. Ses bâtiments, occupés par les nazis, étaient devenus un héritage embarrassant pour une partie de l'opinion.

En 1955, le préfet du Bas-Rhin avait envisagé de détruire le "Kaiserpalast" pour y construire un parking, suscitant une levée de boucliers d'une partie de la population et le palais a pu être sauvé.

Un label n'amènera aucune subvention mais offrira "des exigences supplémentaires", assure Dominique Cassaz, responsable municipale de la mission Patrimoine Unesco.

En cas de décision favorable, la Ville sera soumise à un audit de l'Unesco qui mettra en place des rapports périodiques avec des réévaluations tous les 5 ans.

Et un nouveau chantier s'ouvrira pour la municipalité: faire connaître la Neustadt au grand public.

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