Education : avancer d'un an l'apprentissage des langues, bien mais insuffisant selon les spécialistes

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 28 août 2016 - 13:04
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Une maîtresse donne cours dans une école primaire à Marseille, Bouches-du-Rhône.
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©Jean-Paul Pelissier/Reuters
Tous les enfants débuteront une langue vivante dès le CP.
©Jean-Paul Pelissier/Reuters
L'apprentissage des langues va débuter dès le CP à la rentrée. Un pas positif pour améliorer le niveau assez moyen des Français en langues, mais qui ne sera pas suffisant pour inverser nettement la tendance.

Suffit-il d'avancer d'un an l'apprentissage des langues, comme prévu à la rentrée, pour améliorer le niveau médiocre des élèves français? La précocité de l'enseignement joue mais ne résout pas tout.

Désormais, les écoliers commenceront la première langue vivante (LV1) dès le CP au lieu du CE1, pour la plupart en anglais. Les collégiens débuteront aussi la seconde langue un an plus tôt, en cinquième. Parallèlement, sont supprimées une partie des classes bilangues (16% des élèves apprenaient deux langues dès la 6ème) ainsi que les sections européennes (7,5% des collégiens), qui proposaient davantage d'heures.

Sur l'ensemble de sa scolarité, un élève aura 54 heures de plus dans chaque langue. Le ministère a aussi passé des accords avec des chaînes étrangères comme la BBC pour que les profs puissent utiliser leurs émissions, et lance des portails de ressources pour élèves et enseignants.

"Il y a un problème d'apprentissage des langues, on dépense énormément mais, à l'arrivée, les petits Français ne parlent ni anglais, ni allemand, ni espagnol", pointe Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, premier syndicat des chefs d'établissement.

En CM1-CM2, la France consacre 6% du temps de classe à la première langue, légèrement au-dessus de la moyenne de l'OCDE, selon le rapport Regards sur l'éducation 2015. Au collège, ce volume monte à 12% pour la LV1 (9% dans l'OCDE) et 5% pour les autres langues (4% ailleurs).

Pourtant, le niveau des élèves français laisse à désirer: aussi bien les études officielles européennes (ESCL, 2011) que françaises (Cedre, 2010) montrent "la faiblesse du niveau général des élèves en langues, avec une forte proportion d'élèves au plus bas niveau de l'échelle et plus particulièrement en compréhension de l'oral", selon une note du ministère de l'Education.

"Beaucoup de raisons" expliquent ces résultats, notamment le fait que "les langues étrangères pendant longtemps n'ont pas eu une importance très grande dans le système français", souligne Eric Charbonnier, spécialiste de l'éducation à l'OCDE.

Dans d'autres pays, les enfants baignent dedans assez tôt, comme "dans les pays nordiques, où les dessins animés sont diffusés à la télé en anglais sous-titré".

Par ailleurs, "on raisonne souvent en France en termes quantitatifs et pas suffisamment qualitatifs". Il faut certes "démarrer les langues étrangères le plus tôt possible", mais il ne faut pas négliger des aspects tels que la formation des enseignants. Pas seulement sur la théorie, mais aussi sur la pédagogie. "S'il y a un domaine où il faut encourager les élèves à s'exprimer, c'est la langue étrangère. Il faut que ce soit ludique", indique-t-il.

"Ce qui fait défaut, c'est la formation des maîtres", renchérit Francette Popineau, co-secrétaire du SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire.

En primaire, la LV1 est enseignée par des enseignants polyvalents, contrairement au secondaire où chaque professeur est spécialiste de sa discipline. Or le niveau en langue vivante des instituteurs est très variable. Certains concèdent ne pas maîtriser cette matière, avoir un mauvais accent, voire se contenter de placer les écoliers devant des DVD.

En janvier, la ministre Najat Vallaud-Belkacem a promis un plan de formation continue des professeurs des écoles en 2016 et 2017.

Dans le secondaire, Marc Rollin, responsable langues vivantes au Snes-FSU, se dit dubitatif sur le fait d'introduire la LV2 dès la 5ème car l'horaire hebdomadaire est réduit par rapport à ce qu'il était auparavant en 4ème et 3ème, à savoir 2H30 contre 3H00 avant. Un temps hebdomadaire "plus que léger pour apprendre une langue, surtout que les effectifs n'ont pas baissé", juge-t-il. "Pour prendre la parole au milieu de 30 élèves, ça fait quelques secondes ou une minute au mieux à chaque cours".

Selon Valérie Marty, présidente de la fédération de parents Peep, "c'était une attente de parents qu'on commence la deuxième langue vivante en 5ème, mais ils sont convaincus que ça ne suffira pas pour élever le niveau".

 

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