Le sommeil du Lion
TRIBUNE — Une lumière s'est éteinte. Le rayon vert qui baignait le Christ crucifié de la cathédrale de Strasbourg a été définitivement coupé par un barbare inculte à la solde des fossoyeurs de la civilisation. Le site internet de la cathédrale de Strasbourg précise la chose avec un inconfortable dédain :
"Avertissement : ce qui suit, a pris fin le mercredi 16 mars 2022. Le "verre brut", laissant entrevoir jusqu'à cette date un "rayon de couleur verte", a définitivement été obstrué." (cf. Cathédrale Notre Dame - Le saviez-vous)
Le vitrail de Juda aujourd'hui défiguré fut ouvragé en 1876 par un maître éveillé ; puis Maurice Rosart, un autre maître éveillé, révéla en 1972 sa fonction occulte : au midi de chaque équinoxe de printemps, le pied gauche de Juda se mettait à illuminer le Christ en croix sculpté sur la chaire, une sorte de tribune servant au prédicateur à s'adresser à l'assemblée.
Voir aussi : Emoi à Strasbourg: le "rayon vert" de la cathédrale a disparu (AFP)
Selon la Bible, Juda était le fils de Jacob et Léa. Il fut le fondateur de l'une des douze tribus d'Israël, plus précisément celle qui engendra la lignée du roi David. Il est la racine physique de l'arbre de Jessé, la branche humaine de la généalogie de Jésus. Ainsi le Christ est son descendant direct, de la chair à la chair.
Toujours selon la Bible, les douze fondateurs des tribus d'Israël, tous frères de Juda, ont connu une jeunesse tourmentée. Joseph, le fils préféré, était détesté des onze autres qui, ivres de jalousie, décidèrent tous de le mettre à mort. Tous, sauf Juda. Juda fut le seul à refuser de sacrifier son frère : il veilla sur lui jour et nuit pour le protéger et il le sauva en persuadant sa famille de le vendre à une caravane se rendant en Égypte, là où Joseph devint finalement le vice-roi de Pharaon, le deuxième homme le plus puissant du monde antique. C'est encore Juda qui demanda à être puni à la place de son jeune frère Benjamin, injustement accusé de vol.
Juda préfigure la bienveillance du dieu miséricordieux du Nouveau Testament, en opposition avec le dieu jaloux et vengeur de l'Ancien. Avant lui, Dieu était obligé de retenir la main d'Abraham pour l'empêcher de sacrifier son fils unique. La geste des patriarches n'était qu'une succession de massacres et de trahisons. Juda est le premier de la lignée sacrée à avoir manifesté la conscience de son prochain ; il a brisé le cycle de la violence tribale et fondé l'arbre mystique de la généalogie christique, la tradition de fraternité, de la chaire à la chaire.
Juda était surnommé le jeune Lion. C'est lui qui donna son nom au judaïsme.
Le Lion de Juda, qui lie à la fois les tribus d'Israël et le Messie du christianisme, éclaire du même vert le drapeau de l'Éthiopie, terre immémoriale de la chrétienté, du judaïsme et de l'islam. Les griffes du Lion plongent si profondément dans l'histoire humaine qu'elles balaient comme un fétu toutes ces imbécillités proférées sur les prétendues racines grecques de cette Europe blanche et chrétienne fantasmée par les handicapés de l'Histoire. Ce Lion, on le retrouve de l'Orient à l'Occident sur le tétramorphe, figure céleste qui prédate la Bible de plusieurs millénaires. Ce même Lion était fêté par les Celtes à Beltaine, dont les feux annonçaient le retour de la luxuriance. Ce Lion est toujours présent, immobile, à garder sagement les secrets du plateau de Gizeh. Certains prétendent qu'il patiente depuis plus de 10 000 ans, ce Lion qui aurait fait fondre la banquise de la dernière glaciation pour provoquer le printemps des civilisations. Symbole ou vérité, peu importe finalement, car ce Lion est le Lion de tous depuis l'aube des civilisations. Il est respecté, vénéré même, comme le protecteur de toutes les traditions des grandes religions et des cultes les plus anciens.
Dans un coin de notre petit Hexagone, le Lion était caché, là, dans un petit bout de verre brut. Le pied de Juda qui, au premier jour du printemps, illuminait Jésus comme une jeune pousse à naître était l'allégorie de la naissance, non pas du Christ, mais de l'Église, de la communauté rassemblée autour de la chaire pour écouter une parole qui n'appelle pas à la guerre, à l'esclavage, à la cupidité ou à la rapine. Une foule de curieux toujours plus nombreuse se réunissait pour assister à l'apparition du rayon vert.
Eh bien c'est fini, tout comme a disparu la bienveillance du Pape, devenu représentant de commerce pour Pfizer, livrant les enfants de ses ouailles à cet Hérode vaccinal comme de vulgaires cobayes destinés à être piqués en masse par un produit à peine testé, tout comme vacille la paix mondiale et même le sens du bien et du mal quand l'Occident des Lumières porte aux nues des mercenaires sadiques arborant croix gammées, runes du loup et têtes de morts tatouées sur leur corps.
Décidément, le sommeil du Lion est bien long. Mais il se réveillera, car il se réveille toujours. Et là, il fera un sacré boucan !
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