Réforme de l’enseignement : le génie français a encore frappé
TRIBUNE - Les jeunes ne savent pas compter, et, lorsqu’ils arrivent en sixième, certains ne savent toujours pas lire et écrire correctement.
Cela ne date pas d’aujourd’hui.
Dans des pays étrangers, les jeunes du même âge savent magnifiquement compter (d’après l’enquête PISA). Dans des pays étrangers, les jeunes apprennent notre langue en peu d’années, alors que les jeunes Français peinent à parler la leur quand ils sortent de terminale.
Alors, à quelles solutions nos élites enseignantes et politiques ont-elles pensé ?
- Puisque les jeunes avaient de mauvais résultats, on décida il y a quelques années de les occuper à des activités autres et diverses, et on les fit passer de classe en classe ;
- Puis, comme passer de classe en classe ne provoqua pas de miracle, on vient de décider de faire redoubler.
Ce qui est une manière d’améliorer les statistiques : en éliminant les jeunes qui ne sont pas au niveau, on relève mécaniquement la moyenne.
Il faudra y penser (en s’inspirant des visions d’avenir du penseur Jacques Attali) en matière médicale : en favorisant le suicide et l’euthanasie pour les malades et les personnes âgées, on augmentera le taux des biens portants.
Se pencher sur ce que l’on fait à l’étranger
On aurait pu aller voir dans les autres pays comment les enseignants s’y prennent pour avoir de meilleurs résultats. Mais non !
On aurait pu poser l’hypothèse selon laquelle nos méthodes d’enseignement pourraient être "mauvaises" (= inefficaces), et voir pourquoi et en quoi. Quand, dans certaines filières, on constate 40 ou 60 % d’échecs (ou plus), il n’y a pas chez les élèves ou les étudiants (les facs ne font pas partie de certaines zones d'éducation) 40 à 60 % — ou plus — de débiles mentaux, de fainéants, ou d’abrutis.
Mais non !
Si dans une usine de voitures, 40 ou 60 % des véhicules sortant des chaînes de montage allaient à la casse, on ne dirait pas que c’est de la faute des voitures. Dans l’enseignement, en revanche, c’est de la faute des produits (les élèves et les étudiants), jamais le tour de main des enseignants…
Les travaux de Bourdieu et de Passeron (notamment) ont montré qu’il existe une corrélation entre l’origine socio-culturelle et la réussite scolaire. Et chacun s’accorde à dire que le "système éducatif" reproduit les inégalités sociales, sous une forme scolaire.
Le système éducatif, c’est qui ? Mystère ! Les enseignants et leurs pratiques ? Bah non !
Et comme les décideurs d’aujourd’hui sont passés par le « système éducatif » (Sciences Po, ENA et autres en faisant en réalité partie sous un certain rapport) il ne faut pas vraiment s’étonner que le cadre conceptuel et le niveau intellectuel de ces derniers soit dans la moyenne… faible !
Marcel-M. Monin est maître de conférences honoraire des universités.
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