11 mai réouverture des écoles : A 7 jours, sans information, les enseignants sont perplexes

La réouverture des écoles est prévue le 11 mai 2020 par volonté présidentielle.  S’organiser en peu de temps est un challenge important pour tous les maillons de la chaine allant du président jusqu’à l’enseignant de terrain. Les méthodes ont dû être adaptées, même si le télé-enseignement n’est pas nouveau en France et date de 1939. Le corps enseignant a fait preuve d’une mobilisation exemplaire pour continuer la mission éducative envers les élèves et répondre aux inquiétudes des parents. Les chefs d’établissement sont toujours dans l’attente du protocole qui devrait avoir plus de 60 pages. L'inspection académique a rappelé leur devoir de réserve aux enseignants qui sont pourtant en première ligne à devoir répondre aux questions des parents et préparer la rentrée.

Le télé-enseignement une tradition française: Il a été créé en France en 1939, à titre provisoire, pour pallier la désorganisation du système d'enseignement due à la guerre. À la Libération, sa mission est confirmée pour prendre en charge la scolarité des enfants malades, des anciens prisonniers et déportés; puis les enseignements sont élargis (commercial, primaire, préparation aux concours de recrutement d'enseignants). En 1959, il devient le CNTE dont les initiales restent dans les mémoires. Son autonomie financière date de 1979 pour devenir le CNEC (Centre national d'enseignement par correspondance) avec comme mission de "dispenser et promouvoir un enseignement à distance, notamment en faisant appel aux techniques modernes de communication". En 1986, il devient le CNED sous la tutelle du ministre de l'Education nationale et compte plus de 200 000 inscrits. En 1996 le campus électronique, première plateforme ouverte de services de formation accessibles à distance sur internet, devient opérationnel. Pour ses 60 ans, le CNED est le 1er opérateur d'enseignement à distance d'Europe et de la Francophonie (4e opérateur mondial). Depuis, Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale a signé le premier contrat d'objectifs et de performance qui définit la stratégie de l'établissement pour la période 2019-2022.  

Si cette stratégie était si bien établie par le ministre pour en signer un contrat, comment se fait-il que l’on ne puisse déployer un système plus rapidement.

Les enseignants et chefs d’établissement sont mobilisés, mais perplexes devant la tâche à accomplir en si peu de temps.

20 jours depuis l’annonce par le président Macron de la réouverture des écoles le 11 mai 2020, si la situation sanitaire le permet. À une semaine de l’ouverture présumée, les chefs d’établissement n’ont toujours pas reçu le protocole sanitaire qui va leur permettre de s’organiser.

« Sans doute lundi » nous dit-on.

Dès réception du protocole, une visio-conférence permettra au conseil des maîtres de voir comment réagir et se préparer. De multiples questions restent en suspens pour prendre les mesures nécessaires et s’organiser en temps record.

Quels enfants accueillir ? Il y a des critères de priorité pour les enfants de soignants et d'enseignants, critères sociaux et handicap. Pour les autres, probablement des classes à effectifs réduits avec comme hypothèse supposée la taille des classes. Cependant, il faudra sûrement établir un roulement.

« Nous voulons dans l'équipe que toutes les demandes de scolarisation soient acceptées ».

Entrées et sorties: comment éviter un attroupement devant l'école et respecter les mesures sanitaires ? Les parents qui viennent chercher leur enfant auront-ils l'obligation de porter un masque ? Devrons-nous faire des entrées et sorties échelonnées ?

Le cadre périscolaire est aussi source de soucis pour travailler dans la cohérence. On ne peut pas demander aux enseignants qui seront devant les élèves, d'assurer aussi le télé-enseignement pour les élèves confinés. Qu'en est-il de la continuité pédagogique pour tous les enfants ?

« C'est juste un échantillon de nos problèmes qui devront être réglés en un temps record, à distance, dans la concertation de tous les acteurs (équipe pédagogique, équipe périscolaire, personnel de la ville dont dépendent les écoles, parents d'élèves). Tout cela en tenant compte des instructions de la hiérarchie, de la sécurité de tous et de la continuité pédagogique »

« Dans l'attente de consignes claires qui engagent la responsabilité de ceux qui les énoncent, les écoles recevront sans aucun doute une large autonomie et les familles responsabilisées de manière à dégager les décisionnaires de leurs responsabilités. Le protocole de plus de 60 pages qui est en préparation devra être digéré et viabilisé sur le terrain en quelques jours et à distance ».

Derrière tout le bruit médiatique et politique, il y a des équipes très dévouées (l'implication des enseignants n'est plus à démontrer), prêtes à se mobiliser pour la réussite de leurs élèves.

« Nous sommes très mobilisés, certes, mais perplexes ».

Une élue en charge des affaires scolaires nous dit :

«  Le plus important avec les enfants, c’est de leur apprendre à vivre ensemble. Après huit semaines de confinement, il est indispensable que tous les élèves retournent rapidement à l’école. Adaptabilité et progressivité sont nécessaires pour respecter le protocole sanitaire exigé par le gouvernement. Les villes ont la responsabilité de cette mise en œuvre exigeante et indispensable »