A Ajaccio, Cazeneuve défend "l'unité de la République" en Corse

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 31 décembre 2015 - 11:05
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Bernard Cazeneuve.
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©Pascal Pochard-Casabianca/AFP
"Il n'y a en Corse de place, ni pour la violence, ni pour le racisme", a déclaré Bernard Cazeneuve.
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Au lendemain du retour au calme à Ajaccio, théâtre de débordements racistes suite à l'agression de pompiers la nuit de Noël, Bernard Cazeneuve était sur place et a annoncé des moyens de sécurité supplémentaires. Il y a également réaffirmé "l'unité de la République", sur fond de polémique sur la "nation corse".

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a fermement défendu mercredi 30 à Ajaccio "l'unité de la République", sur fond de polémique sur la "nation corse", et annoncé des moyens supplémentaires, notamment en matière de sécurité, pour le quartier populaire où ont eu lieu des débordements racistes la semaine de Noël.

"Des habitants du quartier des Jardins de l'Empereur (...) ont exprimé une demande accrue de sécurité. Cette demande est entendue par l’État qui renforcera encore, dans les jours à venir, un plan d'action spécifique au quartier", a déclaré le ministre lors d'un discours à la préfecture de Corse.

Multiplication des opérations de contrôle, poursuite d'une action de lutte contre toutes les formes de trafics, et notamment les trafics de stupéfiants, ce plan -"opérationnel dans les tout prochains jours"- prévoit aussi une augmentation de la présence policière. "Il n'y a en Corse de place, ni pour la violence, ni pour le racisme. Et je suis convaincu que c'est là la volonté de l'ensemble de ceux qui vivent en Corse", a déclaré le ministre.

Depuis les premières violences l'après-midi du 24 (une école saccagée, des incendies de palettes...) et le "guet-apens" tendu ensuite aux pompiers, le quartier des Jardins de l'Empereur a été le théâtre de plusieurs manifestations, lors desquelles ont été proférés des propos racistes tels que "Arabi fora" (les Arabes dehors). Mardi 29, deux hommes soupçonnés d'être impliqués dans des violences de l'après-midi du 24 décembre ont été mis en examen.

L'un des suspects, âgé de 18 ans, a été mis en examen pour "dégradations par un moyen dangereux", et écroué pour avoir mis feu à des palettes dans l'après-midi. Le second, âgé de 19 ans, a été mis en examen pour "complicité de dégradations" et placé sous contrôle judiciaire. A ce stade, aucun des deux n'est directement relié à l'agression de pompiers. Un troisième suspect est toujours en fuite.

Arrivé tôt dans la matinée, M. Cazeneuve est reparti vers 13h30. Il s'est rendu à la caserne des pompiers qui avaient été agressés le soir de NoëlIl s'est aussi entretenu avec les habitants de ce quartier et a visité la salle de prière vandalisée, avant de rendre visite aux policiers et gendarmes, et de rencontrer les représentants du conseil régional du culte musulman.

"On nous promet des moyens pour permettre à ce quartier d'évoluer, nous ne pouvons qu'être satisfaits. Néanmoins je me méfie de ces effets d'annonce et j'attends la matérialisation de ces aides", a réagi le maire (Les Républicains) d'Ajaccio, Laurent Marcangeli. "Ce doit être une démarche qui s'inscrit dans le temps et non une action à court terme", a-t-il commenté. Il a d'autre part regretté qu'il ait fallu en "arriver là".

Dès mercredi matin, le Premier ministre avait, dans un entretien au quotidien Le Parisien/Aujourd'hui en France, assuré que "l'Etat ne reculera jamais" en Corse. "Non, clairement, la Corse n’est pas une zone de non-droit!", avait affirmé Manuel Valls, assurant que justice serait faite aussi bien pour l'agression des pompiers et policier que pour les actes racistes. Le Premier ministre avait également récusé la notion de "nation corse" et balayé toute idée d'une "séparation" d'avec la France après la victoire historique de dirigeants nationalistes aux élections territoriales, et promis de se rendre sur l'île au premier semestre 2016.

Le dirigeant nationaliste et nouveau président de l'exécutif régional corse Gilles Simeoni a vivement réagi à ces propos, accusant le Premier ministre de refuser le dialogue. "C'est en quelque sorte une injure qui est faite au suffrage universel", a-t-il dit sur Europe 1.

"Nous pensons qu'il y a une nation et un peuple corse, nous savons que le Premier ministre est radicalement opposé à cela mais il devra respecter la volonté des Corses qui se sont exprimés a travers le suffrage universel", a-t-il déclaré après une entrevue avec le ministre de l'Intérieur lors de laquelle chacun a "réaffirmé" ses "positions". Il a cependant assuré ne pas être dans une logique de "confrontation". "Le gouvernement sera obligé de prendre en compte nos demandes", a renchéri l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni, nouveau président de l'Assemblée de Corse.

 

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