Code du travail : une vraie réforme idéologique de Macron
Jour-J. Le gouvernement d'Edouard Philippe donne ce mardi 22 le coup d'envoi des discussions sur la réforme du code du travail voulue et promise par Emmanuel Macron. La première grande mesure du quinquennat, pensée comme l'alpha et l'omega de la lutte contre le chômage, se veut un texte de justice sociale et construit en accord avec les partenaires sociaux et les parlementaires.
Après la réunion de ce mardi après-midi (à 14h) avec les représentants des grands patrons du Medef, suivront ainsi mercredi 23 la CFTC, la CFDT et la CGT pour les organisations de salariés; la CPME (patronat) et FO (salariés) jeudi 24 et enfin la CFE-CGC (cadres) et l'U2P (anciennement UPA, les artisans et petits patrons) vendredi 25. Après cette phase de concertation éclair, le texte sera soumis le 4 septembre aux instances consultatives avant d'être présenté au conseil des ministres le 18 et publié au Journal officiel le 25. Enfin si tout se passe bien.
Un marathon voulu au pas de gymnastique par le président et son Premier ministre, comme une charge de cavalerie censée tétaniser l'adversaire. Puisque l'idéologie est devenue un gros mot, Emmanuel Macron, en fin tacticien et communicant, y a également substitué l'image de la technique, de la légitimité du bon sens. Rien de neuf sous le soleil tant d'autres l'ayant tenté avant lui, bien souvent pour le même type de textes. Mais pas sûr que les Français -et surtout leurs syndicats- soient dupes, même si la véhémence de la contestation de la loi travail, bien que devenue l'apanage d'un petit cercle contestataire, a disparue dans la torpeur de l'été.
Des syndicats ont en effet déjà déposé des préavis de grève pour la mi-septembre (la CGT et Sud le 12), et ce sans même connaître le fond du texte, ses détails. Et si les grandes lignes en sont connues, puisqu'il a bien fallu que le parlement se prononce sur les ordonnances, le diable se cache dans les détails. Bien plus que technique, cette réforme est ainsi idéologique: celle d'une vision économique. Preuve en est ce que prépare le gouvernement Philippe à propos du CDI de chantier (un contrat sans date de fin prévue, mais devant bien se finir un jour) ou du plafonnement des indemnités pour licenciement abusif.
L'un comme l'autre touchent ainsi au coût de la flexibilité du travail en permettant à l'employeur de prévoir le prix d'un licenciement. Sera-t-il maintenu, en fixant un plafonnement haut des indemnités prud'homales et un CDI de chantier accompagné de solides contreparties; ou à l'inverse baissé, créant de nouveaux outils de dumping (et donc de baisse des salaires/conditions de travail) face à ceux déjà existants que sont l'intérim, le CDD et l'externalisation, voire même la possibilité de prévoir globalement le montant d'une condamnation aux prud'hommes grâce à une certaine jurisprudence?
C'est bien là la question. Et si l'argument de la volonté de gommer les inégalités entre "insiders" (les salariés en CDI) et "outsiders" (les précaires) correspond à une réalité, ce n'est que la reprise de la théorie de François Hollande sur la "fléxisécurité". Le curseur de la flexibilité étant assez clairement positionné par le nouveau gouvernement, reste à définir celui de la sécurité puisque aucun document complet n'a été dévoilé à ce stade. Un point sur lequel les syndicats, mais aussi les parlementaires, attendent avec beaucoup d'impatience et de vigilance la ministre du Travail Muriel Pénicaud mandatée par le couple exécutif.
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