François Bayrou : "Nicolas Sarkozy voit dans les thèses du FN un réservoir de voix"

Le président du MoDem François Bayrou était ce jeudi l'invité de BFMTV et RMC. Après avoir réagi à l'attentat de Tunis et à la situation en Libye et en Syrie, il a critiqué le manque de responsabilité de certains dans le débat politique, notamment de Nicolas Sarkozy.

L'attentat en Tunisie

"C'est la volonté d'abattre un pays qui a réussi sa révolution. C'est un concentré de haine contre la démocratie qui s'est peu à peu installée en Tunisie".

 

Un terrorisme mondial qui profite du chaos libyen

"L'intervention militaire de la France a créé un chaos qui a fait se répandre dans cette région des milliards de dollars d'armes (…) et n'a pu qu'aggraver les conflits de la région".

 

Faut-il alors garder les dictateurs? Parler à Bachar el-Assad?

"Il faut réfléchir à la sortie qu'on va utiliser. J'étais absolument opposé à une intervention en Syrie. Ça aurait été ouvrir la voix aux fondamentalistes".

"Il faut hiérarchiser ses priorités et savoir dire ce qui est essentiel et ce qui viendra après. Ce qui est essentiel c'est la lutte contre Daech".

"Bachar el-Assad, je ne le considère en rien comme un modèle. Mais de là à bombarder pour mettre à la place on sait qui, hélas, je suis contre".

 

Le projet de loi de renseignements qui inquiète la CNIL (Commission national informatique et liberté)

"Il y a des procédures et des juges qui maitrisent et contrôlent. Vous ne pouvez pas lutter contre le terrorisme en étant uniquement bien intentionné. Vous avez besoin d'avoir des armes à la hauteur de la menace".

"Je suis certains que dans un pays comme le nôtre, avec les surveillances qu'on a, on ne va pas se laisser entraîner".

 

Des alliances UMP/MoDem pour les départementales alors que Nicolas Sarkozy s'y oppose

"Il y a sur le terrain des femmes et des hommes qui se connaissent, s'estiment, même s'ils n'ont pas toujours eu le même avis, et disent: +nous sommes capables de nous unir+. Et il y a un combat lointain et incompréhensible".

"La raison pour laquelle un grand nombre de Français n'ont pas voté pour Nicolas Sarkozy en 2012, c'est qu'il y avait une agressivité perpétuelle et la création d'affrontements pour obtenir des voix. C'est en train de recommencer".

"Je préfère les gens qui se rassemblent plutôt que ceux qui créent des affrontements partisans".

 

Les menus sans porc à la cantine

"Est-ce que vous croyez que c'est le moment de faire flamber ce type d'affrontement sur le menu des enfants ou le voile à l'université. Est-ce responsable de la part de ceux qui se présentent devant les Français?"

"La laïcité, je ne la mets pas dans l'assiette des enfants. Il y avait encore récemment des millions de familles catholiques de France qui ne voulaient pas manger de viande le vendredi. Aurait-ce été défendre la laïcité que des les obliger à en manger?"

"La laïcité, ce n'est pas obliger les gens à se disputer perpétuellement. Si on peut faire en sorte que des jeunes juifs, des jeunes musulmans et d'autres soient assis à la même table et se comprennent mieux, on sert la laïcité".

 

L'UMP qui court après le FN

"Ce n'est pas l'UMP et ce n'est pas courir après le Front national. Un certain nombre de responsables dont Nicolas Sarkozy voient dans les thèses du FN un réservoir de voix. Ce sont des raisons électorales. C'est s'imaginer qu'en abordant ces thèmes on va avoir un résultat électoral. Ce n'est pas de cette manière là qu'on exerce la responsabilité politique,  en faisant flamber des idées dangereuses".

 

La "peur" du FN de Manuel Valls

"Manuel Valls s'est trompé en choisissant ces termes. Ce n'est pas lutter contre le FN que d'en faire le sujet unique des conversations".

"Le seul moyen de lutter efficacement contre le FN c'est de montrer que les politiques peuvent se comporter différemment et résoudre précisément et rapidement les problèmes, apporter des réponses concrètes aux gens qui n'en peuvent plus".

 

L'immunité parlementaire

"Il faut la  lever à chaque fois que le juge le demande dès lors qu'on a vérifié qu'il n'y avait pas de manipulation derrière. Les parlementaires doivent être des justiciables comme les autres et des contribuables comme les autres. Si c'était le cas, ils ne voteraient pas les impôts avec autant d'allégresse".

"Il faut qu'ils arrêtent de donner l'impression d'être des privilégiés".