François Hollande : ce qu'il a dit sur France Inter

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VL et PP
Publié le 05 janvier 2015 - 09:09
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François Hollande.
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©Radio France/Christophe Abramowitz
François Hollande s'est exprimé ce lundi sur France Inter.
©Radio France/Christophe Abramowitz
François Hollande a décidé de s’exprimer sur les grands thèmes d'actualité et de répondre aux questions des Français ce lundi matin en direct sur France Inter. Un exercice rare pour un président de la République, marque d'une volonté de reconquête.

International

Les élections en Grèce et son éventuelle sortie de l'euro

"Les Grecs sont libres de décider de leurs gouvernants, c'est une démocratie. Les gouvernants auront à respecter les engagements pris par leur pays et les responsables européens aussi. Quand à l'appartenance à la zone euro, c'est à la Grèce seule d'en décider"

 

La nouvelle gauche anti-austérité en Espagne et en Grèce

"Les pays comme l'Espagne et la Grèce ont payé un très lourd tribut pour que la zone euro puisse être préservée. D’où la montée de certaines de ces forces. Pas des forces d'extrême droite même si un parti néonazi a prospéré en Grèce (…)."

"La leçon, c'est que l'Europe ne peut plus être assimilée à l'austérité. (…) Si nous voulons que ces force soient utiles nous devons leur parler, leur dire que l'Europe ce sont des règles. Nous devons être conscients d'un enjeu qui nous dépasse tous. L'Europe doit être notre protection (…) Le plan Juncker est une étape importante".

 

Le couple franco-allemand

"J'ai des relations de l'ordre de la sincérité et de la franchise avec Mme Merkel, nous ne sommes pas de la même sensibilité mais nous avons les mêmes intérêts: faire que l'Europe soit plus forte. Elle attend que la France soit compétitive, nous attendons que l'Allemagne soit dans la relance de la croissance. Il faut trouver la concordance. (…) Nous allons parler ce dimanche (11 janvier), travailler pour que chacun fasse ce qu'il a à faire. (…)On avance ensemble avec nos différences".

 

Ce que veut vraiment Vladimir Poutine

"M. Poutine ne veut pas annexer l'est de l'Ukraine, j'en suis certains. Il veut rester influent, que l'Ukraine ne bascule pas dans le camp de l'Otan pour ne pas avoir de présence militaire à ses frontières. Ce que nous voulons c'est qu'il respecte l'intégrité territoriale de l'Ukraine, qu'il ne soutienne pas les séparatistes, qu'il n'empêche pas les échanges économique (entre l'Europe et l'Ukraine)".

"Je vais à Astana (Kazakhstan) le 15 janvier (rencontrer avec Angela Merkel  Vladimir Poutine et le président ukrainien  Petro Porochenko NDLR) à la condition qu'il y ait de nouveaux progrès. Si c'est juste pour se rencontrer ce n'est pas la peine."

"Il faut parler à (Vladimir) Poutine, il faut lui parler clairement, lui dire ce que nous voulons et ce que nous ne voulons pas. Il doit savoir s'arrêter, il paie assez cher. La baisse du prix du pétrole ne lui a pas fait de bien, il ne le dira pas bien sûr".

 

Une possible alliance avec l'Iran et la Syrie contre Daech

"Quand vous commencez à vous allier avec le diable il est rare que le Bon Dieu vous vienne en aide. Avec l'Iran, il y a une relation. La France ne cédera pas sur le renoncement à l'arme nucléaire. C'est un partenaire pour qu'il y ait une stabilité en Irak et en Syrie, il faudra qu'il y ait un accord (sur le nucléaire avant d'envisager une alliance)".

"En Syrie nous devons soutenir l'opposition. Le fait que nous ne soyons pas intervenus (en 2012), je le regrette. Il existe deux situations gaves pour la paix: quand la communauté internationale n'intervient pas (en Syrie), maintenant nous avons Daech et on se demande si on ne doit pas discuter avec Bachar el-Assad. La deuxième situation c'est en Lybie, quand l'intervention ne se prolonge pas par une action politique".

"Sur la Lybie nous avons une base avancée au Niger, mais la France n'interviendra pas en Lybie parce que c'est à la communauté internationale de prendre ses responsabilité. (…) Au sud de la Lybie il y a des foyers terroristes importants, (…) nous les frapperons dès qu'ils sortiront de ces cachettes".

 

Politique et société

Une partie de la majorité demande un coup de barre à gauche

"Il y a toujours plusieurs chemins. Il n'y a jamais une politique et une seule qui peut être définie. Ais-je pris le bon chemin? Nous le verrons à la fin. Je fais tout pour que la France soit plus forte à la fin de mon quinquennat. Est-ce que c'est un chemin de gauche? Il donne de la force à l'économie en préservant notre modèle social".

"Deux réformes ont été mises en place: la formation tout au long de la vie, c'est un vrai choix de gauche, et le compte pénibilité, applicable depuis 3 jours, permettra de former ou de partir en retraite progressive, c'est aussi une grande réforme de gauche".

"Les entreprises et notamment les plus petites demandent un système simple; je m'y engage. Il faut que le système soit simple. Si c'est encore trop compliqué, ce sera simplifié. Ce n'est pas dur de savoir qui travaille la nuit ou en 3/8".

 

Le travail du dimanche

"Améliorer la vie des entreprises, simplifier, ouvrir des professions fermées, contrôler des tarifs… Il y a déjà des personnes qui travaillent le dimanche".

"C'est une loi de liberté et de progrès (…). Le repos dominical est préservé".

 

Vous menez une politique qui ne correspond pas à celle annoncée durant la campagne présidentielle…

"Je vais dire ce que je fais et faire ce que je dis (…) cette politique n'existait pas. Il s'agit de tout faire pour libérer de la croissance. Durant la campagne j'ai dit que je donnerai tout pour l'emploi. Je ne devrais pas le faire car je ne l'ai pas dit avant? Non, il y a trop de besoins".

 

Une partie de la droite applaudi la loi Macron, la gauche est divisée

"De nombreux parlementaires disent (qu'ils voteront cette loi, NDLR), qui sera présentée le 26 janvier. Si elle va dans le sens de plus de liberté, pourquoi des députés de gauche ne pourraient pas la voter?"

"Pourquoi n'y en aurait-il pas plus (de députés prêts à voter ce texte)? Qui peut aujourd'hui refuser de réduire les délais des tribunaux des prud'hommes, par exemple?"

"La droite dit qu'il faudrait aller plus loin. Mais ils ne l'ont pas fait (lorsqu'ils étaient au pouvoir, NDLR). La gauche, si c'est juste socialement et favorable à l'emploi, elle doit voter ce texte".

"Il y a des peurs, mais à force de chercher la perfection, le meilleur projet ne se réalise jamais. Je veux créer les conditions pour aller plus vite".

Utiliser l'article 49-3 de la Constitution pour faire passer la loi sans le consentement du Parlement?

"J'ai la même méthode depuis le début du quinquennat: le dialogue avec le Parlement. Je suis confiant. Ce n'est pas la loi du siècle, c'est une loi pour le siècle prochain".

 

Un volontarisme affiché en matière d'écologie, mais avec quels moyens?

"Il y a une loi sur la transition énergétique, votée largement, qui va permettre de faire baisser la consommation énergétique, de favoriser l'économie circulaire, de plafonner le nucléaire, etc. La France est exemplaire dans sa politique écologique. Si je n'avais pas d'arguments, pourrais-je convaincre les autres de nous rejoindre (en référence au Sommet Climat prévu fin 2015, NDLR)?"

 

Allez-vous fermer Fessenheim?

"Les procédures sont en cours, j'en ai pris l'engagement je le ferai".

 

Notre-Dame-des-Landes

"C'est un projet d'investissement, lancé depuis des années. Tant que les recours ne sont pas épuisés, il ne peut pas être lancé. Quand ils le seront, le projet sera lancé".

 

Une crise identitaire en France?

"Oui, depuis longtemps. Oui, elle est grave. Oui, elle pèse lourdement. Il faut avoir les nerfs solides et la pensée ferme, une conviction républicaine".

"Ce n'est pas un débat nouveau. Il y a toujours eu, dans notre vieux et grand pays, des gens qui pensaient que c'était terminé, qu'on était plus une nation. La littérature en est pleine encore en ce moment. Mais il y a aussi ceux qui pensent que la France doit ternir bon et affronter les menaces, avec les armes de la force républicaine".

"Je porte la parole progressiste. Il faut être lucide: il y a des menaces graves, terroristes par exemple. On démantèle tous les jours des filières terroristes. Mais comment y répondre? En nous opposant les uns les autres? En pointant du doigt une religion? Non, avec nos principes, nos valeurs, nos forces, c'est ma responsabilité de président de la République".

 

Des primaires à gauche en 2017?

"Quand on vient d'évoquer ces sujets, peut-on parler de primaires? Je suis président de la République, je me préoccupe des Français. (Je me préoccuperai de cette élection, NDLR) quand elle arrivera, vous avez la date".

 

 

Chômage, économie et fiscalité

Sa responsabilité dans la hausse du chômage

"La réponse est oui. Je ne vais pas dire que c'est la faute de l'étranger, de la conjoncture, de la crise. Il y a une responsabilité que j'assume. Pourquoi j'ai proposé le pacte de responsabilité? C'est parce que je pense qu'il est important d'être le plus compétitif possible. (…) La question n'est pas pourquoi ça n'a pas marché mais comment faire pour que ça marche d'ici la fin du quinquennat".

"Il ya plusieurs manières de faire de la croissance. Attendre qu'elle  vienne de l'étranger ce n'est pas mon choix, tout démolir du modèle français ce n'est pas mon choix".

 

Inverser enfin la courbe du chômage

"Cette question j'avais un moment pensé pouvoir y répondre en 2013 puis en 2014. La réponse a été fournie. (Il faut) que la croissance (atteigne) 1%, 800.000 jeunes arrivent sur le marché du travail, 800.000 attendent un emploi et nous avons moins de départs à la retraite. Il y a une hausse continue des demandeurs d'emplois. (…) Donc nous devons créer de l'emploi. Je fais  tout pour que la croissance soit au plus haut en 2015 et 2016 (…) pour avoir plus de 1%".

 

La croissance et l'emploi remise par le gouvernement entre les mains du patronat

"Ce n'est pas vrai. Nous avons mis en place les emplois d'avenir, des emplois aidés. On voit bien que ça ne suffit pas. Sinon il suffirait de créer autant d'emplois aidés qu'il y a de chômeurs et ce serait juste un problème budgétaire. Ce qui crée de l'emploi c'est l'entreprise".

" Nous donnons aux entreprises la possibilité d'investir et d'embaucher. Pour l'instant, sept branches ont signé des engagements en termes d'emplois. Mais ce que nous voulons c'est que 50 branches puissent signer. C'est une politique qui doit être dans la durée, je prends un risque, je pourrais faire un traitement statistique du chômage pour les échéances électorales".

 

Les autres pays qui ont une meilleure croissance

"Sur les dix dernières années, la tendance c'est quasiment zéro dans ces pays là, ils ont une reprise plus forte parce qu'ils ont eu une récession plus forte. On avait (en 2012 NDLR) un déficit plus fort. Ce n'est pas parce que j'ai été élu que tout cela s'est envolé. La France ne peu pas en rester à une croissance mole".

 

La loi Macron

"Cette loi c'est tout ce qui peut stimuler l'activité. Il y a des freins et des contraintes multiples. Les professions réglementées on en parle depuis 50 ans. On ne va pas s'arrêter là, ce n'est pas une loi sur les professions réglementées".

"L'ouverture des commerces le dimanche, mon prédécesseur ne l'a pas fait. Aujourd'hui il y a cinq dimanches possibles, il y en aura 12, dont sept à la disposition des maires qui décideront. Il ne peut pas y a voir d'ouverture le dimanche -car c'est un jour particulier même si beaucoup de Français travaillent déjà le dimanche- si il n'y a pas de compensation et d'accord entre l'entreprise et les salariés. (…) Dans les zones touristiques personne ne peut comprendre que les magasins ne soient pas ouverts. C'est une loi de liberté. Ceux qui ne veulent pas n'ouvriront pas".

"La loi ne facilite pas les licenciements mais instaure une plus grande liberté pour que ce ne soit pas que les jeunes et les seniors qui soient sacrifiées".

 

Les embauches précaires

"Les employeurs ont peur de ne pas pouvoir licencier. Quand il ya une difficulté économique il faut que les règles soient assouplies. (…) Ce qui compte c'est que le pays se rassemble sur les enjeux majeurs. Est ce qu'on est un pays qui avance, qui a de l'audace? Je changerai tout ce qui nuit à l'égalité et au progrès".

 

Le ras-le-bol fiscal et l'évolution des impôts d'ici 2017

"Les ménages modestes vont payer moins d'impôts puisque la première tranche de l'impôt sur le revenu va être supprimée. (…)La réforme fiscale est engagée".

"J'ai pris un engagement de ne pas créer de nouveaux impôts à partir de 2015,  c'est clair. Les couches moyennes et modestes paieront moins. Il n'y aura aucune augmentation des prélèvements. Depuis des années, la gauche y a pris sa part, on était à 45 % de richesse nationale sous forme de prélèvements obligatoires. Maintenant que nous avons rétabli une partie de nos comptes publiques, il n'ya pas de raison d'augmenter les impôts".

"Si la croissance est un peu supérieure (aux prévisions en 2015) ça ira à réduction des déficits. Si ça se confirmé en 2016 et 2017, nous verrons ce qu'on peut faire en termes de redistribution". 

(La suite de l'intervention de François Hollande dans quelques minutes)

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