G7 de Biarritz policiers et pompiers crient leur épuisement et leur colère

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Par Carole SUHAS - Biarritz (AFP)
Publié le 21 août 2019 - 15:46
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Des gendarmes à l'aéroport de Biarritz, le 20 août 2019
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© IROZ GAIZKA / AFP
Des gendarmes à l'aéroport de Biarritz, le 20 août 2019
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Amplitudes horaires épuisantes, heures non payées et surcharge de travail : pompiers et policiers mobilisés pour la sécurité du G7 profitent des projecteurs braqués sur Biarritz pour faire entendre leur colère.

"On en est à 46 suicides (de policiers en France) depuis le début de l’année, c’est du jamais vu", souligne Christophe Labarthe, secrétaire départemental du syndicat Unité SG- Police FO.

"C’est une accumulation de choses : depuis 2012 et l’affaire Merah, on est tout le temps sur le pont. On a eu la loi El Khomri et le mouvement Nuit debout, le Mariage pour tous, les attentats de Charlie Hebdo, du Bataclan, puis de Nice, les gilets jaunes. Ici, cet été, on a eu les Fêtes de Bayonne, le Tour de France et, là, le G7 pour lequel il y aussi eu énormément de voyages officiels de préparation. Les collègues sont rincés", énumère le syndicaliste.

Pour le sommet, et le contre-sommet ainsi que les manifestations prévues, 13.200 policiers et gendarmes sont déployés, a annoncé mardi le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.

"On est à 80% de présence de l’effectif policier sur toute la France, on n’a pas pu prendre de vacances", répond Christophe Labarthe. "Actuellement, un policier a un week-end de libre sur six et les heures supplémentaires non payées s’accumulent".

Les syndicats Unite SGP-Police FO et Alliance ont prévu un "barbecue de la colère" en marge du G7, vendredi soir, dans un lieu encore inconnu.

En visite à Biarritz mardi, Christophe Castaner a assuré "comprendre leurs inquiétudes". "Je sais leurs tensions mais je sais aussi qu'ils sont le fruit de mises en cause trop permanentes qui se trompent quelques fois de responsables et d'adversaires", a-t-il ajouté.

- "Comme des feuilles mortes" -

Même épuisement chez les sapeurs-pompiers, qui réclament depuis plusieurs semaines le passage à 12 heures de leurs gardes de 24 heures, payées 17. Faute de réponse, beaucoup se sont mis en arrêt maladie.

"On est encore en sous-effectif et cette semaine, à la veille du G7, les arrêts tombent comme des feuilles mortes en automne", explique Laurent Lafargue, pompier d’Anglet et délégué syndical du Syndicat autonome des sapeurs-pompiers. "Il y a une fatigue physique et psychologique".

Dans le département des Pyrénées-Atlantiques, environ 490 pompiers professionnels sont à pied d’œuvre pour le sommet.

"Le G7 arrive et on ne sait pas comment faire", souffle le pompier syndicaliste. Des renforts sont bien arrivés, mais seulement "pour les périmètres de sécurité de Biarritz". "Tous les heurts qui pourraient arriver, les manifestations qui pourraient mal se passer et le reste de la population à Anglet, Bayonne, Saint-Jean-de-Luz et Hendaye sont couverts par nous", résume Laurent Lafargue.

Lundi, les sapeurs-pompiers du département ont manifesté devant la mairie de Biarritz pour signifier leur ras-le-bol.

Mais les pompiers, sous autorité des services départementaux d’incendie et de secours gérés par les conseils départementaux, sont aussi tributaires des budgets départementaux. "Dans le département, pour ce qu’on demande, il y en aurait pour quatre millions d’euros sur un budget total de 769 millions, soit 0,40 % du budget", assure le délégué syndical. Mais l’Etat et le Départemental se renvoient la balle". "En Gironde, ils sont passés aux 12 heures depuis 2003 !", s'exclame un Laurent Lafargue dépité.

"Moi j'ai un principe simple : qui paye décide, qui dirige décide", a tranché mardi Christophe Castaner. Ce sont les SDIS (Service départemental d'incendie et de secours) "qui les payent, ce sont les départements et les communes qui les payent, donc il n'est pas question pour moi de décider pour le compte d'autres qui sont parfaitement légitimes", a expliqué le ministre qui estime "parfaitement légitimes" les revendications des pompiers, dont il a salué "la qualité de l’engagement", malgré le mouvement de grève entamé au début de l’été.

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