Loi Travail : pari réussi pour les opposants avec entre 200.000 et 500.000 manifestants

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 09 mars 2016 - 21:08
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Manifestation contre la loi Travail à Paris.
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©Matthieu Alexandre/AFP
Les opposants à la réforme El Khomri ont estimé avoir réussi leur pari, en mobilisant mercredi, partout en France, plus de 200.000 manifestants pour dire non à la réforme du code du travail.
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Les opposants à la réforme El Khomri ont estimé avoir réussi leur pari, en mobilisant mercredi, partout en France, plus de 200.000 manifestants pour dire non à la réforme du code du travail. Mais le gouvernement n'y a pas vu "la démonstration" d'un refus de la réforme.

Pour Force ouvrière, qui a recensé 400.000 manifestants comme pour la CGT (en comptant 450.000) et l'Unef (500.000), c'est "incontestablement une réussite" et "un premier avertissement" adressé au gouvernement. De son côté, le ministère de l'Intérieur a évalué à 224.000 le nombre des personnes mobilisées mercredi.

A Paris, les manifestations ont réuni 100.000 personnes, selon la CGT, entre 27.000 et 29.000, selon la préfecture de police.

A Lyon, sept policiers ont été légèrement blessés et trois personnes interpellées pour violences en fin de manifestation. A Nantes, cinq interpellations ont eu lieu après de légers heurts avec les forces de l'ordre.

"Nous entendons, nous écoutons, et, en même temps, je ne pense pas que ça ait fait la démonstration du refus de ce projet de loi", a réagi dans la soirée Jean-Marie Le Guen, ministre des Relations avec le Parlement.

Le premier défilé dans la capitale, à l'appel de la CGT, de FO, de la FSU et de Solidaires, était organisé à la mi-journée entre le Medef et le ministère du Travail, un parcours au "message clair": dire au gouvernement de cesser de reprendre les propositions du patronat, selon Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. Son syndicat, comme FO, réclament le retrait du projet de loi.

Parallèlement, plusieurs milliers de lycéens et étudiants ont répondu à l'appel de syndicats et organisations de jeunesse (Unef, UNL, EELV, Front de gauche, jeunes communistes) se disant prêts à "lutter jusqu'au retrait".

A leurs côtés, des salariés et quelques personnalités politiques, dont une quinzaine de parlementaires PS, ou Pierre Laurent (PCF) qui a évoqué "une lame de fond en train de se lever".

Ce deuxième cortège a manifesté dans l'après-midi entre places de la République et de la Nation, en scandant "El Khomri, t'es foutue, la jeunesse est dans la rue", avec jets d'œufs, de fumigènes et de pétards.

Parmi les slogans des jeunes: "Loi El Khomri, vie pourrie" ou encore "Une gauche qui écrit de la main droite". A 18h, les manifestants se sont dispersés dans le calme, entourés d'un important dispositif policier.

Le mouvement a gagné les lycées. Au total, une centaine d'établissements -90 selon le ministère de l’Éducation nationale-, dont une quarantaine en Ile-de-France, ont fait l'objet d'un blocage, total ou filtrant, selon l'UNL, un des principaux syndicats de lycéens.

Environ 150 rassemblements étaient prévus en province. Dix mille personnes ont manifesté à Toulouse et à Nantes, 9.500 à Bordeaux, 7.000 à Lyon, 6.000 à Lille, 5.000 à Marseille, 4.500 à Rouen et Rennes, ou encore 3.000 au Havre et à Brest, selon des chiffres de la police.

"Il appartient maintenant au gouvernement de prendre conscience du rejet de son projet et d'en tirer les conséquences", commentait dans la soirée FO.

Sept syndicats ont d'ores et déjà prévu une journée de grèves et de manifestations le 31 mars. L'Unef a appelé à une nouvelle journée d'action dès le 17 mars.

Initialement, le projet El Khomri devait être présenté en Conseil des ministres ce 9 mars. La contestation a contraint le Premier ministre à revoir son calendrier et à reprendre la concertation avec les partenaires sociaux et les députés socialistes, pour une présentation le 24 mars.

Plusieurs points cristallisent les mécontentements: la réforme du licenciement économique, le plafonnement des indemnités prud'homales en cas de licenciement abusif, la primauté des accords d'entreprise dans l'organisation du travail.

Le front syndical est néanmoins fissuré, les syndicats "réformistes" (CFDT, CFE-CGC, CFTC, Unsa) et la Fage (étudiants) ayant préféré des rassemblements distincts le 12 mars. Plutôt qu'un retrait du texte, ils demandent "de profondes modifications", comme l'a répété mercredi le patron de la CFDT, Laurent Berger, pour qui le projet ne contient pas de mesures anti-jeunes, contrairement au Contrat première embauche (CPE) il y a dix ans.

M. Hollande a rappelé en Conseil des ministres que la France entendait "préserver son modèle social", mais en "l'adaptant". Il a jugé "nécessaire d'écouter (...) les revendications" et "d'être ouvert au dialogue".

M. Valls a déjà promis des "améliorations", mais ses marges de manœuvre semblent étroites entre des syndicats, dont "aucun (n'est) d'accord avec la loi", selon M. Martinez, et le patron du Medef, Pierre Gattaz, pour lequel un retrait du texte serait "dramatique pour le pays".

Le Premier ministre a achevé ses concertations mercredi avec les partenaires sociaux, avant une réunion plénière lundi prochain. Seul indice, mercredi soir, M. Le Guen a indiqué qu'une surtaxe des CDD, réclamée par les syndicat, "faisait partie des discussions".

Hasard du calendrier, le 9 mars était aussi jour de grève à la SNCF et à la RATP avec des revendications liées aux conditions de travail et aux salaires. Le retour du trafic à la normale est prévu jeudi matin.

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