Nicolas Sarkozy candidat : quatre ans pour rebondir

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 22 août 2016 - 19:29
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Nicolas Sarkozy a voté.
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©Eric Feferberg/AFP
Nicolas Sarkozy n'a jamais laissé les défaites qu'il a connues le détourner de ses ambitions.
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Même après avoir déclaré au soir de sa défaite en 2012 qu'il ferait désormais de la politique mais "autrement", Nicolas Sarkozy a fini par annoncer sa candidature à la présidence de la République. Indéniablement persévérant, l'ancien chef de l'Etat semble croire plus que jamais en sa capacité à revenir malgré les critiques et la concurrence.

Candidat à la primaire, Nicolas Sarkozy, 61 ans, est un boulimique de la politique doté d'une énergie peu commune et d’une inébranlable foi en son destin, qui aspire à réussir le premier retour d’un ex-chef de l’Etat à l'Elysée.

Redevenu fin 2014 simple chef de parti, ce battant fait de la politique avec la constance des sportifs accomplis. "Addict" - le mot est de lui - de vélo et jogging, il fait tout pour franchir en premier la ligne d'arrivée.

Ses amis l'encensent mais ses nombreux adversaires, de gauche mais aussi de droite, dénoncent une "fébrilité" et une "absence d'idées neuves". Ils relèvent aussi que son come-back n'a pas été le "tsunami" annoncé.

Cependant, l'animal politique qui rebondit à chaque embûche apparaît ragaillardi par les batailles à venir, comme après la défaite de son mentor, Edouard Balladur, en 1995 ou sa cinglante déconvenue aux européennes de 1999. Cet avocat de formation avait alors un (court) moment songé à quitter la politique.

"Moi, j'ai un lien particulier avec les Français. Il peut se distendre, il peut se retendre, mais il existe", affirme M. Sarkozy. Le déteste-t-on? "L'idée d'exister dans la vie des Français sans susciter de répulsion est folle", a-t-il confié début août à Valeurs actuelles.

Semi-retraité depuis sa défaite de 2012, cet homme petit et râblé qui soigne sa ligne était revenu en politique en septembre 2014 pour reprendre en main la principale formation d’opposition, l’UMP rebaptisée Les Républicains. Il mettait ainsi fin à deux ans de vrai-faux suspens entretenu depuis ses bureaux parisiens où ont défilé responsables politiques de droite et du centre, journalistes, personnalités du spectacle ou du sport...

Aucun n'a cru un instant qu'il avait tiré sa révérence, malgré son discours du 6 mai 2012. "Je ferai désormais de la politique autrement", avait-il lancé, en cohérence avec des confidences selon lesquelles il aurait, en cas de défaite, "une autre vie".

Paradoxalement, c'est Alain Juppé, le rival dont il a le plus à craindre, qui l'avait dissuadé ce soir-là de fermer complètement la porte à la politique. Même en perte de vitesse dans les sondages, le maire de Bordeaux reste le favori à droite et au centre. Mais Sarkozy veut croire que Juppé n'est pas en mesure de le battre, vu ses 71 ans et son approche de la laïcité, allusion au projet "d'identité heureuse".

Celui qui se définissait en 2007 comme un "petit Français au sang-mêlé", table sur "une rupture franche entre droite et gauche" et sur "une nouvel ordre républicain", comme il l'explique dans son livre à succès, La France pour la vie (Ed. Plon).

Son projet de candidat à la primaire ressemblera à celui du parti, élaboré au fil de conventions (immigration, éducation…) mais ira "plus loin" sur les questions régaliennes, l'ex-président se proclamant attaché au "rétablissement de l'autorité de l'Etat", et plus encore après les attentats djihadistes de 2015-2016.

"La guerre nous a été déclarée, la France doit être impitoyable", affirme M. Sarkozy, dénonçant une "France faible" et réclamant des centres de déradicalisation" ou le rétablissement de la double peine, qu'il avait lui-même supprimée. "Sarkozy va trop vite, trop loin", l'a taclé son vainqueur de 2012, François Hollande, inquiet d'une "tension sécuritaire".

Pour adoucir son image de "droite décomplexée", Nicolas Sarkozy a fait équipe avec François Baroin, le sénateur de l’Aube, proche de Jacques Chirac. Aux socialistes qui l'accusent de ne chercher qu’une "revanche", l'ancien président répond n’avoir aucune "rancœur". Il se garde bien de dire qu'il a changé - qui le croirait? - mais reconnaît des "erreurs". "J'ai beaucoup appris car j'ai souffert", dit-il.

Depuis quelque temps, il semble avoir renoncé à ses conférences à l'étranger grassement payées, lors de déplacements parfois couplés avec ceux de son épouse Carla Bruni-Sarkozy, mannequin reconvertie dans la chanson, avec qui il a eu une petite fille.

Ombre au tableau: les affaires judiciaires pour lesquelles il a été mis en examen. "Je ne pense pas que Sarkozy sera juridiquement empêché mais les socialistes lui réservent une pochette surprise pour ternir son image", prédit un responsable LR.

 

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