Pesticides : 68 gardes à vue après une manifestation d'agriculteurs devant le Conseil d'Etat

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Par AFP - Paris
Publié le 14 décembre 2021 - 13:07
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Un agriculteur vaporise du glyphosate le 16 septembre 2019 à Saint-Germain-sur-Sarthe (Sarthe)
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© JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP/Archives
Un agriculteur épand un herbicide sur son exploitation dans la Sarthe, en 2019
© JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP/Archives

Feu de palettes et grosse colère: une centaine d'agriculteurs ont manifesté mardi matin devant le Conseil d'Etat pour protester contre la demande faite au gouvernement de renforcer les règles encadrant les distances d'épandages des pesticides, et presque autant ont été interpellés.

Sur les 73 personnes interpellées, dont deux organisateurs de la manifestation, 68 ont été placées en garde à vue, a-t-on appris de source proche du dossier.

Dénonçant une "République des juges", les agriculteurs étaient venus du grand bassin parisien. Avant l'aube, ils ont fait flamber des palettes de bois devant les grilles de la plus haute juridiction administrative avant d'être délogés par les forces de l'ordre.

"On connaissait le gouvernement et les lois. On connaît maintenant le Conseil d'Etat qui, finalement pour nous, devient le deuxième gouvernement de la France puisqu'il sanctionne systématiquement un certain nombre de textes depuis quelques mois", a déclaré à l'AFP Damien Greffin, président de la FNSEA pour le Grand Bassin parisien.

Fin juillet, le Conseil d'Etat a demandé au gouvernement de renforcer sous six mois la réglementation encadrant l'épandage des pesticides "pour mieux protéger la population".

Après plusieurs mois de polémiques, le gouvernement avait fixé en décembre 2019 les distances minimales à respecter entre les zones d'épandage de produits phytosanitaires et les habitations: cinq mètres pour les cultures dites basses comme les légumes et céréales, et dix mètres pour les cultures hautes, fruitiers ou vignes.

Le décret prévoyait également des dérogations ramenant ces distances à trois mètres pour les cultures hautes et cinq pour les basses, dans le cadre de "chartes d'engagement départementales" proposées par les utilisateurs de produits phytosanitaires et validées par les préfets après avoir été soumises à concertation publique.

Ce sont ces distances minimales qui ont été contestées par des associations, communes ou agriculteurs bio. Le Conseil d'Etat a estimé que les distances minimales d'épandage fixées à cinq mètres pour des produits dont la toxicité n’est que suspectée étaient "insuffisantes" et a donné jusqu'à fin janvier au gouvernement pour revoir sa copie.

Alors que l'échéance approche, les agriculteurs sont de plus en plus inquiets, redoutant d'importantes pertes de production si les distances sont allongées. Ils questionnent aussi la mise en oeuvre de ces dispositions.

- "Tentative de pression" -

"Quand on prend son tracteur pour aller travailler son champ, on va devoir aller prévenir ses riverains, ses voisins. (...) On ne peut pas demander à un agriculteur de téléphoner à 200 personnes pour leur dire +Attention, je sors mon tracteur pour aller dans les champs!+. On en est rendu là. C'est risible", s'est emporté Damien Greffin.

Joint par l'AFP, le secrétaire général de la FNSEA, Jérôme Despey, a appelé à "retrouver l'apaisement", indiquant que le syndicat travaillait avec le gouvernement, et il a demandé la libération des agriculteurs interpellés.

De son côté, l'association Générations Futures a condamné dans un communiqué une "tentative de pression sur la justice et le gouvernement" de la part de la FNSEA.

Sur Twitter, la porte-parole du candidat écologiste à la présentielle Yannick Jadot, Delphine Batho, a fustigé "une +opération coup de poing+ contre la plus haute juridiction administrative pour dénoncer la +République des juges+ et le principe de précaution".

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