Réforme des retraites : la question de l'âge au coeur des préoccupations

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Par Aurélie CARABIN - Paris (AFP)
Publié le 03 août 2019 - 13:02
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Le gouvernement a validé mercredi la création de trois nouveaux produits d'épargne retraite
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© PHILIPPE HUGUEN / AFP/Archives
L'âge de départ devrait continuer de cristalliser les débats, l'ensemble des syndicats s'opposant au "taux plein" à 64 ans.
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Après avoir pollué la fin des concertations sur le futur "système universel" de retraites prévu pour 2025, l'âge de départ devrait continuer de cristalliser les débats, l'ensemble des syndicats s'opposant au "taux plein" à 64 ans préconisé par le haut-commissaire, Jean-Paul Delevoye.

A quel âge pourra-t-on partir à la retraite ?

Tout dépend des situations... et du niveau de pension souhaité.

Comme promis par le candidat Macron, la réforme ne touchera pas à l'âge légal actuellement en vigueur, de 62 ans.

Mais le rapport de M. Delevoye, dévoilé le 18 juillet en vue du futur projet de loi, préconise aussi l'instauration d'un "âge du taux plein", de 64 ans pour la génération née en 1963, assorti d'un système de décote/surcote.

Concrètement, les travailleurs verront leur pension minorée de 10% s'ils partent à 62 ans, de 5% à 63 ans. A 65 ans, ils bénéficieront au contraire d'une majoration de 5%, et de 10% à 66 ans.

L'âge du taux plein devant évoluer avec l'espérance de vie, il atteindrait, selon les projections actuelles, 65 ans et 5 mois pour la génération 1980, et 66 ans et 3 mois pour la génération 1990.

Quid des régimes spéciaux ?

Les régimes spéciaux disparaîtront mais des "départs anticipés" seront conservés pour les militaires.

Chez les fonctionnaires de catégorie active, la possibilité de partir à 52 ou 57 ans sera maintenue uniquement pour les métiers régaliens dangereux (policiers, douaniers, etc.).

Les autres, comme les aides-soignantes, seront soumis aux mêmes règles que le privé et auront accès au compte professionnel de prévention (ancien compte pénibilité) permettant de partir avant 62 ans.

Les départs à 60 ans persisteront pour les "carrières longues" entamées avant 20 ans.

Pourquoi instaurer un "âge du taux plein" ?

La nouvelle borne collective à 64 ans vise à assurer l'équilibre financier du système et des "retraites satisfaisantes" en incitant à "travailler plus longtemps", comme le veulent le gouvernement et le patronat.

Elle compense ainsi la disparition dans le régime à points du mécanisme actuel de décote/surcote en fonction du nombre de trimestres cotisés, qui sert de référence pour calculer la retraite à taux plein. Pour ne pas avoir de décote, les personnes nées en 1960 doivent valider 167 trimestres, une durée progressivement portée à 172 trimestres (43 ans) pour les personnes nées en 1973 et après, en vertu d'une réforme du précédent gouvernement.

Hors départs anticipés pour carrières longues ou critères de pénibilité, "l'âge de départ moyen à la retraite est déjà de 63,4 ans", souligne M. Delevoye.

En outre, les personnes aux carrières incomplètes qui, comme 20% de femmes, sont aujourd'hui contraintes d'attendre 67 ans, l'âge de l'annulation de la décote, pourront à l'avenir partir plus tôt, fait-il valoir.

Pourquoi les syndicats s'y opposent-ils ?

L'instauration d'une décote avant 64 ans est unanimement rejetée par les syndicats, certains y voyant un décalage de fait de l'âge de départ.

"Les 62 ans deviennent complètement virtuels", estime ainsi le secrétaire général de FO, Yves Veyrier, quand son homologue de la CGT, Philippe Martinez, dénonce un "enfumage". Tous deux appellent à la mobilisation, respectivement les 21 et 24 septembre.

A la CFTC aussi, "ça coince", selon sa négociatrice, Pascale Coton. Certaines femmes pourront partir plus tôt, soit, "mais combien elles vont toucher ?", s'interroge Dominique Corona, pour l'Unsa.

Même la CFDT, demandeuse d'un système universel, y voit un "point rouge" et une mesure "injuste", selon son numéro un, Laurent Berger, qui plaide pour "davantage de libre choix" en fonction des carrières de chacun.

En outre, ce mécanisme contredit la promesse présidentielle qu'"un euro cotisé donnera les même droits", d'après le négociateur de FO, Philippe Pihet.

Enfin, certains redoutent que la mesure ne serve à l'avenir à justifier la modification de paramètres dans le régime actuel (accélération du calendrier allongeant la durée de cotisation, décote renforcée...), un temps envisagée par le gouvernement dès 2020 pour réaliser des économies.

Les partenaires sociaux seront reçus par Edouard Philippe les 5 et 6 septembre en vue de nouvelles concertations.

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