Refus d'inhumer un bébé rom : Christian Leclerc, le maire de Champlan, dénonce une "mascarade"

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RT
Publié le 04 janvier 2015 - 17:58
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Mairie de Champlan (Essonne).
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©Cyrillb1881/Wikimedia Commons.
La mairie de Champlan (Essonne).
©Cyrillb1881/Wikimedia Commons.
Accusé depuis plusieurs jours d'avoir refusé à des parents roms le droit d'inhumer leur bébé dans sa commune, Christian Leclerc, maire de Champlan, s'est expliqué ce dimanche dans la presse. Il évoque un "malheureux enchaînement des faits".

Les associations et les politiques de tous bords ont-ils crié au loup trop vite? C'est ce qu'assure Christian Leclerc, maire divers droite de Champlan (Essonne), accusé depuis plusieurs jours d'avoir refusé à des parents roms le droit d'inhumer leur bébé dans sa commune. Dénonçant une "mascarade" de la part des médias, l'édile s'est exprimé ce dimanche dans la presse, assurant que "la commune de Champlan -et son maire en particulier- ne s'est jamais opposée à l'inhumation de cet enfant sur la commune" .

"On avait le choix (pour l'enterrement) entre Corbeil et Champlan. J'ai dit OK mercredi matin pour l'un ou l'autre des scénarios. J'ai un SMS qui en atteste", explique-il, évoquant un "malheureux enchaînement des faits" avec ses collaborateurs. Retour sur quatre jours de polémiques. 

Dans la nuit du 25 au 26 décembre, la petite Maria Fransesca, dont les parents vivent dans un campement dans la ville de Champlan, à une quinzaine de kilomètres au sud de Paris, décède de la mort subite du nourrisson à l'hôpital de Corbeil. Mercredi 31 décembre, un membre d'une entreprise des pompes funèbres de Corbeil rapporte à l'AFP que le maire de Champlan a refusé la demande des parents d'inhumer leur fille dans son cimetière sans même prendre la peine de s'expliquer.

Immédiatement contacté par Le Parisien, Christian Leclerc ne précise pas si le refus vient directement de lui ou d'un de ses employés. "Nous avons peu de places disponibles. Nous avons un projet d’agrandissement sur le champ de derrière, mais il coûte plusieurs milliers d’euros. Il nous faut gérer les places au cas par cas, selon les circonstances, et si la famille habite sur place", justifie alors Christian Leclerc. "Les concessions sont accordées à un prix symbolique et l’entretien coûte cher, alors priorité est donnée à ceux qui paient leurs impôts locaux", déclare-t-il.

Ses propos déclenchent l'ire des associations, qui qualifient sa décision d'"ignoble" et de "xénophobe". Au cours du week-end, la polémique s'étend jusque dans le milieu politique. Sur Twitter, Laurence Rossignol, secrétaire d'Etat à la famille, dénonce une "inhumaine humiliation", tandis que Guillaume Garot, député PS de Mayenne, invite à mener le "combat des valeurs" et que Ian Brossat, adjoint PCF à la marie de Paris, fait part de sa "honte".

Face à l'ampleur du phénomène, Jacques Toubon, Défenseur des droits, laisse entendre qu'il pourrait bien se saisir du dossier. "Sur un plan humain, je suis bouleversé, stupéfait par cette nouvelle, déclare-t-il sur France Inter dimanche matin, avant de nuancer: "En même temps, en tant que Défenseur des droits, dans une situation comme celle-là, je dois avoir toutes les informations pour juger".

Plus tard dans l'après-midi, le Premier ministre Manuel Valls commente l'affaire à son tour sur Twitter, avec ce message: "Refuser la sépulture à un enfant en raison de son origine: une injure à sa mémoire, une injure à ce qu'est la France".

Devant le déferlement médiatique dont il est l'objet, Christian Leclerc se décide enfin à sortir de son silence. "C'est un malheureux enchaînement de faits qui se sont déroulés entre Noël et le Jour de l'an. J'avais donné comme consigne à mon premier adjoint de s'occuper de la signature de tous les papiers à gérer dans pareilles circonstances", explique-t-il notamment sur BFMTV et faisant état des "problèmes de réseaux" qui l'auraient empêché de suivre l'affaire de plus près. 

"J'aimerais bien que cette mascarade et cette mayonnaise qui en est train de monter dans les médias et les réseaux sociaux cesse tout de suite car sinon j'attaquerai sur le plan de la diffamation. Je sais ce que j'ai dit, ce que j'ai fait, ce que je n'ai pas fait. Je ne me suis jamais opposé à l'inhumation de cette petite gamine (...). On n'aurait pas dû porter ce fait-là comme un vulgaire fait divers, je trouve ça scandaleux", conclut, visiblement très énervé, celui qui assure que la journaliste du Parisien a sorti ses propos de leur contexte quand elle l'a interviewé. 

Une intervention loin de convaincre l'un des conseillers d'opposition de Champlan."Je veux bien croire au quiproquo, mais j'attends d'en avoir des preuves", déclare Jean-François Castell plus tard sur BFMTV.

Dimanche soir, la seule chose certaine concernant cette triste affaire était donc la date d'enterrement du bébé, qui aura lieu ce lundi à Wissous, commune voisine de Champlan. "Par simple souci d'humanité, on ne pouvait pas laisser cette situation dans cet état. Une mère qui a porté un enfant pendant neuf mois et qui le pert à deux mois et demi, ce n'est pas la peine d'aggraver sa douleur", a expliqué Richard Trinquier, maire UMP de la commune, qui a accepté l'inhumation.

 

 

 

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