Assassinat de Boris Nemtsov : des milliers de Russes s'apprêtent à lui rendre hommage à Moscou

Des milliers de Russes s’apprêtaient à défiler, ce dimanche après-midi, en hommage au célèbre opposant à Vladimir Poutine et ancien vice-Premier ministre, Boris Nemtsov, tué par balles en plein centre de Moscou, à quelques mètres du Kremlin, dans la nuit de vendredi à samedi.

Des milliers de Russes s’apprêtaient à marcher, ce dimanche, en hommage au célèbre opposant à Vladimir Poutine et ancien vice-Premier ministre, Boris Nemtsov, tué par balles en plein centre de Moscou, à quelques mètres du Kremlin dans la nuit de vendredi 27 à samedi 28 février. L’homme se promenait en compagnie d'une jeune Ukrainienne sur le Grand Pont de pierre qui traverse la rivière Moskova quand, "vers 23h15, une voiture s'est approchée d'eux, quelqu'un a tiré des coups de feu, dont quatre l'ont touché dans le dos, causant sa mort", a déclaré une porte-parole du ministère russe de l'Intérieur à la chaîne de télévision Rossia 24.

Samedi 28, la chaîne russe TVC a diffusé des images prises par une caméra de vidéosurveillance située en hauteur du pont. Malgré leur piètre qualité, elles montrent de quelle manière s’est déroulé l’assassinat.  Au moment du meurtre, Boris Nemtsov et sa compagne sont cachés par un engin de déneigement qui, lui, apparaît dans l’angle de la caméra. On aperçoit ensuite un individu, probablement l’assassin, courir vers la chaussée avant de monter dans une voiture de couleur claire qui n’attendait que lui pour quitter les lieux.

Selon le Comité d'enquête de Moscou, ce meurtre a été "minutieusement planifié". Les autorités ont annoncé étudier toutes les pistes: le crime politique, comme la piste islamiste, Boris Nemtsov ayant reçu des menaces après avoir soutenu le journal satirique français Charlie Hebdo. La piste d'un assassinat lié au conflit ukrainien est également envisagée. Enfin, des sources policières anonymes citées par les agences de presse russes ont aussi évoqué une éventuelle piste d'ultra-nationalistes d'extrême droite. Quelques semaines avant de mourir, Nemtsov, farouchement opposé à l’implication russe en Ukraine, avait fait part dans un hebdomadaire russe de sa crainte d’être assassiné.

Malgré les soupçons qui pèsent donc sur l’implication du pouvoir en vigueur, Vladimir Poutine s’est engagé samedi à tout faire pour châtier les opposants."Tout sera fait pour que les organisateurs et les exécutants de ce crime lâche et cynique reçoivent le châtiment qu'ils méritent", a affirmé le chef du Kremlin dans un message de condoléances adressé à la mère de Boris Nemtsov. Il a également tenu à dénoncer une "provocation" viser à destabiliser le pays. Ses alliés soutiennent cette théorie. "Manifestement, il faut que le sang coule pour que des troubles éclatent dans le centre de Moscou", a commenté le chef du Parti communiste Guennadi Ziouganov tandis qu'un autre responsable du parti, Ivan Melnikov, a, lui, évoqué une "provocation destinée à relancer l'hystérie antirusse à l'étranger". 

Mais ces propos n’ont pas convaincu les soutiens de l’opposant russe. Pour l’ancien Premier ministre de Vladimir Poutine, Mikhaïl Kassianov, aujourd'hui membre de l'opposition, cet assassinat était "le prix à payer pour le fait que Boris s’est battu pendant des années pour que la Russie devienne un pays libre et démocratique". "Au XXIe siècle, en 2015, un chef de l’opposition a été tué sous les murs du Kremlin. Cela dépasse l’imagination", a-t-il déclaré aux journalistes présents sur les lieux du crime. L'ancienne dissidente et opposante au Kremlin Lioudmila Alexeeva est du même avis:"c'est un épouvantable assassinat politique", a-t-elle renchéri.

Attristé, le président ukrainien Petro Porochenko a également réagi: "il (Boris Nemtsov) était un pont entre l’Ukraine et la Russie, et ce pont a été détruit par les coups de feu d’un assassin. Je pense que ce n’est pas par hasard", a-t-il écrit sur Facebook. Le président ukrainien a également déclaré que Boris Nemtsov s'apprêtait à "rendre publiques les preuves de la participation des troupes russes au conflit en Ukraine". "Quelqu'un a eu très peur de cela", a-t-il déclaré à la presse. 

En attendant d’en savoir plus, le peuple russe, choqué, tente tant bien que mal de faire le deuil de Boris Nemtsov, symbole de la génération des jeunes réformateurs de la Russie post-URSS. Samedi, plusieurs milliers de personnes ont déposé des fleurs et des bougies, et même une affiche "Je suis Nemtsov" sur le Grand Pont de pierre.

Ce dimanche après-midi,  une marche aura lieu en plein centre de Moscou afin de lui rendre hommage. Il s’agissait à l’origine d’une manifestation organisée par Netmsov lui-même afin de protester contre ce qu’il avait appelé à la radio "l’agression de Vladimir Poutine" en Ukraine. Selon ses responsables, la marche, autorisée par le gouvernement, pourrait rassembler jusqu'à 50.000 participants.