Burundi : les deux journalistes européens libérés sans inculpation

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 29 janvier 2016 - 18:08
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Le Burundi a plongé fin avril dans une grave crise.
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Les deux journalistes, le Français Jean-Philippe Rémy et le Britannique Phil Moore, arrêtés jeudi au Burundi lors d'une opération policière ont été libérés ce vendredi. Aucune charge n'a été retenue contre eux.

Deux journalistes, le Français Jean-Philippe Rémy et le Britannique Phil Moore, arrêtés jeudi 28 janvier au Burundi, lors d'une opération policière contre des "criminels armés", ont été libérés ce vendredi 29 sans inculpation, après leur audition par le Parquet, a annoncé l'ambassadeur de France à Bujumbura.

"Ils ont été libérés. Aucune charge n'a été retenue contre eux", a annoncé à l'AFP, l'ambassadeur de France à Bujumbura, Gerrit Van Rossum, précisant toutefois que leur équipement professionnel ne leur avait pas été rendu dans l'immédiat.

Jeudi "vers 16H30, la police a eu des informations selon lesquelles des criminels tenaient une réunion" dans une maison de Nyakabiga, quartier du centre de la capitale, a expliqué le porte-parole adjoint de la police burundaise Moïse Nkurunziza à l'AFP. A son arrivée, "le groupe s'est (...) enfui. La police les a pourchassés et a rattrapé cinq personnes: 4 Burundais qui avaient deux pistolets et un Britannique". "La police a été très surprise et s'est inquiétée de voir un journaliste, ayant toutes les autorisations de travailler au Burundi et qui donc n'avait rien à craindre de la police, courir et fuir la police", a-t-il ajouté, précisant que Jean-Philippe Rémy avait été interpellé peu après, lorsqu'il est venu demander des nouvelles de son collègue.

C'est "la première fois que des étrangers sont surpris au milieu de criminels", avait auparavant déclaré le porte-parole adjoint de la police à la télévision nationale (RTNB). Le ministère de la Sécurité publique a indiqué qu'"un mortier, une Kalachnikov et des pistolets ont été saisis au cours de cette opération de police dans le quartier de Nyakabiga".

Jean-Philippe Rémy, 49 ans, est le correspondant régional pour l'Afrique du Monde. Il est basé en Afrique depuis 1998, d'abord à Nairobi puis à Johannesburg depuis 2009. Il a notamment remporté le prestigieux Prix Bayeux des correspondants de guerre en 2013 pour un reportage en Syrie. Phil Moore, 34 ans, est un photographe indépendant, travaillant régulièrement pour l'AFP. Outre Le Monde, il a également effectué des reportages pour The New York TimesThe Guardian, ou Der Spiegel.  Il a effectué de nombreux reportages à travers le continent africain (Soudan du Sud, Libye, Somalie, République démocratique du Congo, Centrafrique, Burundi), mais aussi au Pakistan ou en Bolivie. Son travail a notamment été exposé en 2013 au réputé festival de photojournalisme Visa pour l'Image de Perpignan (sud de la France).

Le Burundi a plongé fin avril dans une grave crise à l'annonce de la candidature du président Pierre Nkurunziza à un 3e mandat, en violation selon ses adversaires de la Constitution et de l'Accord d'Arusha ayant permis de mettre fin à la sanglante guerre civile qui a déchiré le pays entre 1993 et 2006. Les autorités burundaises ont déjoué un coup d'Etat militaire et sont venues à bout par une brutale répression de six semaines de manifestations à Bujumbura, mais elles n'ont pu enrayer l'intensification des violences - désormais armées - et l'organisation de rébellions déterminées à chasser le président Nkurunziza, finalement réélu en juillet lors d'un scrutin controversé.

Plus de 400 personnes ont été tuées depuis le début de la crise, qui a poussé à l'exil plus de 200.000 personnes, parmi lesquels dont une large partie des critiques du régime - opposants, militants de la société et journalistes indépendants. La plupart des médias indépendants d'information ont été détruits ou contraints de fermer et les journalistes, cibles de menaces ou d'attaques, n'ayant pas fui le pays vivent dans la clandestinité.

Le correspondant de l'AFP et RFI au Burundi, Esdras Ndikumana, 54 ans, journaliste respecté dans son pays, avait été contraint de se réfugier au Kenya en août, après avoir été arrêté à Bujumbura et torturé par les services burundais de renseignement. L'Union africaine, qui s'inquiète des "conséquences dévastatrices" de la crise, se réunit en sommet à Addis Abeba en fin de semaine pour voter le déploiement d'une mission africaine de maintien de la paix au Burundi, une Force que les autorités burundaises ont promis de combattre.

 

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