"Massacre" à Gaza, "grand jour" à Jérusalem : Trump enflamme le conflit israélo-palestinien

Auteur(s)
Pierre Plottu
Publié le 15 mai 2018 - 11:08
Image
Des manifestants palestiniens désarmés se mettent à couvert alors que l'armée israélienne ouvre le feu, dans la bande de Gaza.
Crédits
© Mahmud Hams/AFP
Les heurts à la frontière Gaza-Israël ont fait au moins une soixantaine de morts et plus de 1.200 blessés, selon l'autorité palestinienne.
© Mahmud Hams/AFP
Le déplacement de l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, que Trump a également reconnue comme capitale de l'Etat hébreu, a déclenché la colère des Palestiniens. Lundi, ils étaient des milliers à manifester à la frontière de la bande de Gaza tandis qu'une inauguration en grande pompe se déroulait à quelques dizaines de kilomètres de là, dans la ville trois fois sainte. Le bilan est terrible, avec des morts par dizaines et plus d'un millier de blessés.

Bain de sang contre bain de foule. Une soixantaine au moins de Palestiniens ont étés abattus pas les balles des snipers de l’armée israélienne alors qu’ils manifestaient à la frontière gazaouie, lundi 14. La foule bigarrée, composée d’hommes et de femmes de tous âges bien que principalement jeunes, hurlait sa colère à coups de pierres et de cerf-volant enflammés contre l’inauguration de la nouvelle ambassade américaine déplacée de Tel-Aviv à Jérusalem, capitale toujours contestée par les Israéliens et les Palestiniens.

A moins de 100 kilomètres à vol d’oiseau du carnage (il y a également plus de 1.200 blessés par balle dans la bande de Gaza), le contraste était saisissant. Le calme régnait ainsi à Jérusalem où était organisée une fête en grande pompe pour célébrer le déménagement de l’ambassade des États-Unis. La propre fille de Donald Trump, Ivanka, et son mari Jared Kushner -missionné par le président américain en tant que médiateur du conflit qui ensanglante le Proche-Orient depuis des décennies- étaient présents.

Un bain de sang dans la bande de Gaza, donc. Au milieu de la fumée âcre des pneus allumés pour tenter d'aveugler les snipers israéliens et leurs drones, des milliers de gazaouis se sont approchés de la frontière en signe de protestation. Certains ont fait mine de tenter de la franchir malgré la promesse de l’Etat hébreu de faire preuve, comme il le fait depuis des semaines, de la plus grande fermeté. "L’armée a assez de balles pour eux tous", avait ainsi prévenu le député israélien Avi Ditcher, ancien responsable de la sécurité intérieure, à propos des appels à franchir la barrière hermétique autour de l'enclave palestinienne.

Lire: Washington célèbre son ambassade et accuse le Hamas pour les morts à Gaza

Le massacre annoncé a bien eu lieu. Depuis des semaines, et le début de la "marche du retour", les esprits s’échauffent et le ton monte. Aux manifestations au départ pacifiques, Israël a immédiatement répondu par les armes, tombant dans le piège des provocations. Le mouvement s’est ainsi très vite radicalisé, pour le résultat de lundi: une soixantaine de morts au moins (le bilan grimpait encore ce vendredi matin), dont des enfants, et plus de 1.200 blessés, selon le bilan de l'autorité palestinienne. Si la majorité des victimes, morts ou blessés, sont des civils, l'armée israélienne avance quant à elle "trois tentatives d’attaques par des hommes armés pendant les émeutes: deux équipes qui ont ouvert le feu sur des soldats israéliens et un groupe qui a essayé de placer un engin explosif artisanal le long de la frontière".

Les condamnations par la communauté internationales ont fleuri toute la journée de lundi, des plus sévères (le président turc parlant de "génocide" et rappelant ses diplomates) aux plus mesurées (l'UE s'est contentée de demander à "toutes les parties d'agir avec la plus grande retenue"). Emmanuel Macron a pour sa part "condamné les violences des forces armées israéliennes contre les manifestants" palestiniens et rappelé "la désapprobation de la France à l'encontre de la décision américaine d'ouvrir une ambassade à Jérusalem".

Car, au-delà des privations, du blocus de Gaza et des colonisations, c'est bien la décision de Donald Trump qui a mis le feu aux poudres, couplée à la reconnaissance officielle par son pays de Jérusalem comme capitale de l'Etat hébreu en décembre dernier. En parallèle le "plan de paix" promis par le président des Etats-Unis pour début 2018 se fait toujours attendre. Son gendre, Jared Kushner, qui doit le concocter, a assuré lundi que "les Etats-Unis sont prêts à tout faire pour soutenir un accord de paix". A quelques kilomètres de là, les Palestiniens mourraient sous les balles.

À LIRE AUSSI

Image
Le président américain Donald Trump, à la Maison Blanche, à Washington, le 09 mai 2018
Les Etats-Unis défient le monde en transférant leur ambassade à Jérusalem
Les Etats-Unis inaugurent lundi prochain leur ambassade à Jérusalem, au mépris de la réprobation de la communauté internationale et des Palestiniens qui risquent de se...
10 mai 2018 - 16:08
Politique
Image
France-Soir
Gaza : "huit enfants de moins de 16 ans" parmi les morts
Les tirs israéliens lundi dans la bande de Gaza ont tué "huit enfants de moins de 16 ans" parmi les dizaines de civils palestiniens abattus, a affirmé Riyad Mansour, a...
14 mai 2018 - 20:10
Politique
Image
Des chauffeurs de camions au point de passage de Kerem Shalom, entre Israël et la bande de Gaza, le 22 mars 2018
Gaza : le seul point de passage de marchandises fermé par Israël
Israël a annoncé samedi la fermeture jusqu'à nouvel ordre du seul point de passage de marchandises vers la bande de Gaza, soumise à un blocus de l'Etat hébreu, après d...
12 mai 2018 - 18:15

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
bayrou
François Bayrou, baladin un jour, renaissant toujours
PORTRAIT CRACHE - François Bayrou, député, maire de Pau et plusieurs fois ministres, est surtout figure d’une opposition opportuniste. Éternel candidat malheureux à la...
20 avril 2024 - 10:45
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.