Pour le dalaï lama, le XXIe siècle doit être celui "du dialogue"

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 13 septembre 2016 - 20:56
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Dalaï lama
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©Dylan Martinez/Reuters
"Le XXIe siècle doit être le siècle non de la force mais du dialogue", a déclaré le dalaï lama.
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Le dalaï lama est de passage en France jusqu'à dimanche. A cette occasion, le chef spirituel des Tibétains a accordé une interview à l'AFP, au quotidien "La Croix" et à l'hebdomadaire "Le Point" dans laquelle il évoque l'éducation, la paix ou encore les souffrances. Pour lui, le XXIe siècle doit être celui "du dialogue".

En visite en France, le dalaï lama, chef spirituel des Tibétains, a espéré que le XXIe siècle soit "le siècle du dialogue", dans un entretien accordé ce mardi 13 à l'AFP, au quotidien La Croix et à l'hebdomadaire Le Point.

Question: Vous arrivez dans un pays soumis à de très fortes tensions tous azimuts. Avez-vous une recette pour apaiser les Français?

Réponse: "Il n'y a pas que la France qui soit un pays sous tensions... Partout dans le monde, les pressions se multiplient. La peur et l'inconfort sont assez généralisés, malheureusement. C'est pourquoi nous devons travailler à élever l'être humain, notamment par l'harmonie des religions. Tout événement tragique peut être réduit si l'on s'attaque durablement aux causes profondes qui le produisent.

"En Occident, vous avez plus de facilités. Vous bénéficiez de plus de confort physique mais pas forcément mental. L'intelligence combinée à la compassion doivent servir les valeurs humaines. Mais une compassion uniquement fondée sur la foi a ses limites. Elle doit prendre appui sur des valeurs fondamentales qui concernent tout le monde".

Q: Regrettez-vous de ne pas serrer la main de François Hollande pendant votre séjour en France?

R: "Les personnes sont plus importantes à mes yeux que les dirigeants. Je rencontre une foule de personnes. Si serrer la main d'un président me permettait d'accéder au Ciel, j'aurais été ravi de le faire. Mais ce n'est pas le cas, je pense (rires)".

Q: Emmanuel Macron a réussi à vous rendre visite lundi. Qu'avez-vous pensé du nouveau phénomène de la politique française?

R: "Quand je rencontre une personne, je regarde son niveau d'humanité, pas sa position sociale ou politique. Je n'ai eu qu'un bref échange avec lui, il avait l'air d'une bonne personne. Mais j'aurais besoin de plus de temps pour évaluer davantage ce qu'il est..."

Q: La "voie moyenne" visant l'autonomie plus que l'indépendance du Tibet vous semble-t-elle toujours le meilleur moyen de négocier avec la Chine et de préserver les intérêts tibétains?

R: "Oh oui! J'ai beaucoup d'amis chinois, professeurs, étudiants. Quand nous nous rencontrons, il nous est très facile de devenir amis. Quand on reste dans une voie du milieu en diplomatie, comme dans d'autres domaines, tout le monde est gagnant. Si l'on va vers l'autre avec l'idée de gagner ou de perdre, la rencontre est plus difficile. Les positions extrêmes sont vouées à l'échec".

Q: Faut-il préserver l'institution du dalaï lama?

R: "Non, ce n'est pas très important (rires). L'institution du dalaï lama a six siècles, le bouddhisme a plus de 2.000 ans! J'ai apporté ma contribution. Mais le bouddhisme ne dépend pas d'une seule personne. Chacun doit se sentir responsable pour apporter sa contribution à un monde meilleur, une humanité plus épanouie. C'est cela la source du bonheur. Les circonstances extérieures participent de notre bonheur et de notre malheur. Mais si à l'intérieur de notre esprit nous avons l'impression que le monde extérieur nous en veut, qu'il est notre ennemi, notre environnement s'en trouvera affecté. La détérioration de notre état intérieur à chacun a une influence sur le monde qui nous entoure. Si chaque individu se sent bien en lui-même, le monde n'en sera que meilleur.

Mais, attention, nous avons besoin de nous sentir collectivement responsables de ce qui nous arrive. Nous devons agir en citoyens du monde, nous devons former un seul monde.

Q: Comment percevez-vous la politique européenne sur les migrants, qui fait l'objet de vifs débats?

R: "C'est un débat assez compliqué. Nous, Tibétains, avons trouvé refuge en Inde et dans d'autres pays. Moi-même j'ai connu une telle situation. Nous avons vécu ces souffrances, et le désir aussi qu'ont ces êtres humains de vouloir un jour retourner dans leurs pays. Ce sont des situations terribles. Il y a trop de morts, parmi lesquels des enfants innocents. Vous, Européens, devez donner à ces réfugiés les moyens de leur éducation. Après, ils pourront retourner dans leurs pays et les reconstruire. C'est l'enjeu fondamental: comment ces hommes et ces femmes pourront-ils apporter la paix dans leurs propres pays ? Quand tout le monde se mélange, c'est mieux pour créer un monde.

"Quand l'intelligence se combine avec la compassion elle devient sagesse, et produit la paix. Le XXIe siècle doit être le siècle non de la force mais du dialogue. Et le seul moyen d'y parvenir est de promouvoir l'éducation. Quand un enfant naît, il ne sait ni lire ni écrire. Moi-même quand j'étais jeune, je préférais m'amuser plutôt qu'étudier (rires). Mais grâce à l'éducation j'ai découvert l'étude et le bonheur d'apprendre. Tout le monde a un rôle à jouer dans cette affaire. Nous devons tous nous servir de notre intelligence, et en particulier vous, médias, pour élever les esprits".

 

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