Présidentielle au Nigeria : le scrutin perturbé par des violences
En ce jour d'élection présidentielle, le Nigeria est sous haute tensions. Des hommes armés ont attaqué des bureaux de vote ce samedi dans le nord-est du Nigeria faisant au moins six victimes. L'une des attaques a fait trois morts à Ngalda, dans l'Etat de Yobe. L'autre s'est produite dans la localité de Woru dans l'Etat de Gombe, où elle a fait également trois morts.
Chacune des attaques était similaire. Les agresseurs ont ouvert le feu sur des électeurs qui se rendaient à pied vers leurs bureaux de vote. D'après un responsable local de la Commission électorale indépendante (Inec), qui s'est exprimé sous couvert d'anonymat, les hommes armés sont parfois arrivés à bord d'un pick-up, le visage recouvert d'un chèche (un long foulard, NDLR). "On ne vous avait pas dit de rester à distance de l'élection?", aurait même criés certains d'entre eux.
Ces actes barbares étaient pour le moins redoutés. Abubakar Shekau, le chef du groupe islamiste armé Boko Haram avait menacé, le mois dernier, de perturber le processus électoral, qu’il considère comme non conforme à la charia."Ces élections n'auront pas lieu, même si nous sommes tués. Même si nous ne sommes plus en vie, Allah ne vous le permettra jamais", avait-il proféré.
Longtemps critiquée pour son incapacité à lutter contre Boko Haram qui souhaite imposer la loi coranique au Nigeria, le président Goodluck Jonathan (57 ans), qui est opposé à Muhammadu Buhari (72 ans) lors de cette élection, a lancé le mois dernier une offensive armée de grande envergure, autorisant les armées des pays voisins, comme le Tchad, à intervenir dans le pays. Depuis, la mainmise du groupe extrémiste est en perte de vitesse mais les attaques sont toujours aussi présentes.
On estime que depuis sa création, Boko Haram, a provoqué la mort de plus de 30.000 personnes. Il est toutefois difficile d'estimer le nombre de combattants affiliés à Boko Haram tant l'organisation reste nébuleuse, mais il pourrait disposer d'entre 8.000 et 30.000 hommes.
Le scrutin de ce samedi a également été perturbé par des couacs techniques. Afin d'éviter les fraudes électorales, très répandues jusqu'ici au Nigeria, la commission électorale indépendante a expérimenté un nouveau système de lecteurs de cartes électorales biométriques. Mais les résultats n'ont pas été à la hauteur des espérances. Alors que le processus devait durer quelques secondes, plusieurs lecteurs n'ont pas reconnu certaines cartes. Certains ont dû attendre une trentaine de minutes pour voter.
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