Privé de cinéma par le Covid, le popcorn s'éclate au micro-onde

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Par Florence PANOUSSIAN - Bézéril (France) (AFP)
Publié le 08 février 2022 - 06:24
Mis à jour le 11 février 2022 - 10:54
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Des bocaux de maïs à popcorn micro-ondable dans l'usine Nataïs de Bezeril (Gers), le 1er février 2022
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© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives
Des bocaux de maïs à popcorn micro-ondable dans l'usine Nataïs de Bezeril (Gers), le 1er février 2022
© Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives

De confinements en restrictions, la pandémie a privé le popcorn d'accès aux salles obscures et les cinémas de recettes, mais elle fait décoller sa version micro-ondable, exportée par millions de sachets depuis le Gers, berceau du plus gros fabricant européen.

Au détour d'une route qui serpente à travers champs, entre pigeonniers et fermes coiffés de tuiles, se dressent les silos de Nataïs.

Des camions de tout le continent y chargent des dizaines de palettes de maïs à éclater.

"La crise sanitaire a eu des conséquences négatives sur notre réseau de distributeurs qui fournissent les cinémas (...) et positives parce que les ventes de popcorn micro-ondables ont fortement augmenté", se félicite le PDG Michael Ehmann, 57 ans.

A l'entrée de sa petite usine, une machine vintage rouge et blanche, venue tout droit du Kansas, évoque comment cet agriculteur franco-allemand a découvert le maïs à popcorn en 1989 au pays de son épouse américaine.

De retour dans sa ferme près de Bézéril, à 42 km d'Auch, il procède à des essais.

Puis en 1994, il crée son entreprise, qui aujourd'hui compte 140 salariés, détient près de 40% du marché européen, avec un chiffre d'affaires de 65 millions d'euros.

- Hausse de 25% des ventes -

A une cadence étourdissante, trois chaînes robotisées produisent jusqu'à 300 sachets par minute de popcorn micro-ondable.

D'autres remplissent des sacs de maïs à éclater traditionnel, de 25 à 930 kg, destinés aux cinémas, parcs d'attraction et grossistes.

Suivant un parcours sécurisé par des barrières vertes, des caristes chargent les palettes, les emballent sous plastique, les empilent jusqu'au toit du hangar de stockage.

Si la crise du Covid a affecté les ventes de vrac de Nataïs, qui approvisionne plus de 80% des cinémas français, celles "de maïs à éclater au micro-onde se sont envolées" avec +25% depuis 2019 et 207 millions de sachets vendus l'an dernier, précise à l'AFP Hélène Ricau, 38 ans, directrice commerciale.

"Pendant les confinements, les gens (...) ont découvert dans le popcorn un produit un peu réconfortant en ces temps moroses", ajoute-t-elle, tandis que les "pop, pop" des grains dorés font tressauter le couvercle de la machine en inox du laboratoire d'essais.

Pour fabriquer ses différentes variétés de popcorn "butterfly", en forme de papillon, ou "mushroom", rond comme un champignon donc plus facile à enrober de caramel ou de chocolat, Nataïs travaille avec 220 cultivateurs, dont 28 bio.

Quelques-uns en Afrique du Sud pallient les ruptures d'approvisionnement grâce aux saisons inversées.

Mais la plupart sont sur ces terres gersoises célèbres pour leurs canards et leurs champs de maïs.

Ainsi la ferme de Pierre Alem, 33 ans, appartient à sa famille depuis la Révolution et couvre aujourd'hui 199 hectares sur la commune d'Aubiet, à une vingtaine de kilomètres de Bézéril.

- "Top produit" des cinémas -

Entre blé, colza, orge et tournesol, il a développé la culture du maïs à popcorn lancée par son père en 2008 sur une vingtaine d'hectares, superficie doublée depuis, avec un rendement annuel d'environ 200 tonnes.

Nataïs fournit les semences et le rémunère pour cultiver graminées ou légumineuses en inter-récolte. Cette méthode agro-écologique vise à "piéger le carbone au sol, fixer l'azote atmosphérique et éviter l'érosion", explique-t-il.

"Le maïs popcorn (...) apporte plus de valeur ajoutée par rapport au maïs pour alimentation animale", argue cet agriculteur, qui pilote l'irrigation par sondes tensio-métriques afin de "gérer au mieux" la consommation d'eau.

"On va semer pour la 14e fois", se réjouit-il, en parcourant ses champs qui ondulent sur des collines balayées par un vent hivernal, avec en fond la chaîne des Pyrénées enneigées.

Au chaud dans le hall du cinéma CGR de Blagnac, près de Toulouse, Rayan Aguilar, lycéen de 16 ans, ne cache pas sa déception de ne pouvoir grignoter devant un film depuis fin décembre: "Le cinéma sans popcorn, ça fait bizarre!"

Il n'est pas le seul à attendre avec "impatience" la levée de la mesure le 16 février. Le directeur de ce multiplexe de 15 salles déplore une perte directe d'"entre 20 et 30% du chiffre d'affaires".

"Le popcorn, c'est un des top produits du comptoir confiserie", ajoute Jean-Baptiste Salvat, 39 ans, qui a commencé là sa carrière en vendant... du popcorn.

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