13-Novembre : le frère cadet du coordinateur des attentats témoigne a minima

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Par Alain JEAN-ROBERT - Paris (AFP)
Publié le 09 décembre 2021 - 21:24
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Yassine Abboud, un proche d'un des accusés des attentats de Paris du 13 novembre 2015, au tribunal de Paris le 9 décembre 2021
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© Benoit PEYRUCQ / AFP
Yassine Abboud, un proche d'un des accusés des attentats de Paris du 13 novembre 2015, au tribunal de Paris le 9 décembre 2021
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Yassine Abaaoud, le frère cadet du chef opérationnel présumé des commandos meurtriers du 13-Novembre, Abdelhamid Abaaoud, a témoigné jeudi devant la cour d'assises spéciale en se contentant de réponses vagues, loin des attentes de la cour et des parties civiles.

"Pour ce qui est des faits, je ne suis pas capable de vous donner des informations. Dès lors, je ne sais pas si je vais pouvoir être d'une grande utilité dans ce procès", affirme d'emblée Yassine Abaaoud témoignant depuis le siège du parquet fédéral belge à Bruxelles.

"Par rapport à mon frère, je ne sais rien", insiste le jeune homme de 26 ans, vêtu d'un sweat blanc à capuche, le bas du visage couvert d'un masque noir.

Le jeune homme qui ne sait rien ou presque consent à exprimer un peu de compassion. "Je suis désolé pour toutes les victimes (des attentats), les personnes innocentes tuées dans les quatre coins du monde".

Le président prend acte mais aimerait savoir s'il connaissait quelques-uns des accusés dont Salah Abdeslam, absent une nouvelle fois du box avec deux autres co-accusés, Osama Krayem et Sofien Ayari.

"Non", répond Yassine Abaaoud. "Ça veut dire quoi connaître? C'est la génération de mon frère. Je préfère ne pas répondre".

Tout au long de son témoignage, le jeune homme va rester allusif.

Le radicalisme de son frère? "Mon grand frère a quitté le domicile familial à 16 ans. Je ne connaissais pas ses activités, ses fréquentations", dit-il, la tête baissée.

A la question "Que faisait votre frère en Syrie? Du tourisme?", il répond laconiquement "je ne sais pas".

Son grand frère, Yassine Abaaoud le décrit comme "un sacré personnage". "Il a fait ses choix, il a pris ses décisions et puis il les a assumées".

"Ça veut dire quoi être +un sacré personnage+"?", s'étonne la première assesseure. "Euh, il avait du caractère, il était autoritaire", se rattrape le jeune homme.

"Est-ce que mon frère a vraiment fait ça?", ne peut s'empêcher de se demander plusieurs fois Yassine Abaaoud devant la cour. "Sur le fait que c'est votre frère qui a fait ça, il n'y a pas de doute. C'est malheureusement établi", tranche le président.

Un avocat des parties civiles enfonce le clou. "Le soir du 13-Novembre avez-vous pensé que votre frère pouvait être derrière tout ça?". Yassine Abaaoud hésite un moment et souffle: "Ce soir-là, dans un coin de sa tête peut-être que oui".

- "Apologie du terrorisme" -

Il affirme n'avoir plus eu de contact avec son frère depuis janvier 2015.

A l'époque, se souvient le jeune homme, il se trouvait en prison en Belgique pour une affaire de droit commun. Abdelhamid Abaaoud l'a appelé pour lui parler des attentats de Charlie Hebdo.

"Il m'a dit que ce n'était que le début", raconte Yassine.

- "Et vous avez dit quoi?", demande le président.

- "J'ai raccroché"

- "Vous étiez d'accord avec ce qu'il vous disait", insiste le président

- "Bien sûr que non!".

Yassine Abaaoud n'est pas tout à fait étranger au milieu jihadiste. Interpellé au Maroc en septembre 2015, il a écopé d'une peine de deux ans de prison en mai 2016 de la part de la justice marocaine pour "apologie du terrorisme" et "non-dénonciation de crimes terroristes". Il était sorti de prison en septembre 2018.

Le président et ses assesseurs reviennent sur ses déclarations faites aux enquêteurs marocains. Yassine Abaaoud conteste les propos qui lui sont attribués. "J'ai signé une déclaration en arabe, une langue que je ne connais pas", dit-il. "Tout est faux", affirme-t-il.

L'émotion perce enfin quand la cour évoque le sort de Younes, le dernier de la fratrie, enlevé par Abdelhamid Abaaoud en 2014 alors qu'il était à peine âgé de 13 ans pour l'enrôler dans les rangs de l'organisation Etat islamique. Younes est probablement mort en zone irako-syrienne.

"On espère encore le retour de mon petit frère. Sa disparition nous a brisé le coeur. Il n'était pas responsable, il ne savait pas où il allait", dit-il dans un sanglot.

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