Affaire Grégory : deux membres de la famille présentés au juge d'instruction

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Par AFP
Publié le 15 juin 2017 - 18:07
Mis à jour le 16 juin 2017 - 23:00
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Le procureur général de Dijon Jean-Jacques Bosc le 15 juin 2017
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© PHILIPPE DESMAZES / AFP
Le procureur général de Dijon Jean-Jacques Bosc lors d'une conférence de presse le jeudi 15 juin 2017.
© PHILIPPE DESMAZES / AFP

Coup de théâtre, 32 ans après la mort du petit Grégory: son grand-oncle et sa grand-tante, Marcel et Jacqueline Jacob, ont été mis en examen vendredi à Dijon pour enlèvement et séquestration suivis de mort, puis écroués, dans l'une des plus énigmatiques affaires de l'histoire criminelle.

"Les personnes qui ont participé à cet acte d'enlèvement sont les auteurs du crime", a affirmé le procureur général Jean-Jacques Bosc, lors d'une conférence de presse, précisant que les deux mis en examen "ont nié en l'état toute participation aux faits reprochés".

"À l'évidence, Grégory a été enlevé du domicile de ses parents et retenu un certain temps jusqu'à sa mort", selon le magistrat. Les Jacob "ne présentent pas en l'état d'alibi qui soit confirmé ou étayé", a-t-il ajouté.

Ce couple de 72 ans, l'oncle et la tante de Jean-Marie Villemin, père de l'enfant tué en 1984, a été écroué "par souci d'empêcher une concertation frauduleuse et toute forme de pression", a souligné le magistrat.

L'enfant de 4 ans avait été retrouvé mort, pieds et poings liés, dans les eaux de la Vologne, le 16 octobre 1984.

"On ne sait pas comment est mort Grégory et on met en examen", il est "criminel de jeter en pâture le nom d'un couple" lorsque l'on a "aucun élément matériel, rien", a dénoncé l'avocat de Marcel Jacob, Me Stéphane Giuranna, qui demandera rapidement "la nullité de la mise en examen" de son client.

L'avocat de Jacqueline Jacob, Me Gary Lagardette, a contesté lui aussi la mise en examen de sa cliente.

La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Dijon se prononcera la semaine prochaine sur un maintien en détention provisoire ou une mesure de contrôle judiciaire pour ce couple de septuagénaires.

- Avancées 'significatives' -

Tous deux avaient été placés en garde à vue mercredi par les gendarmes, après leur interpellation dans les Vosges.

Une belle-sœur du père de Grégory, Ginette Villemin, avait aussi été placée en garde à vue mercredi avant d'être remise en liberté le lendemain. Les grands-parents paternels de l'enfant ont eux été entendus comme témoins, à leur domicile dans les Vosges.

"Je ne peux pas vous promettre que nous allons déboucher, ce que je peux dire, c'est que nous avons avancé significativement" dans l'enquête, a déclaré le colonel Dominique Lambert, commandant de la Section de recherches de la gendarmerie de Dijon qui dirige l'enquête.

Selon une source proche du dossier, Jacqueline Jacob est restée mutique en garde à vue et son mari s'est contenté d'affirmer qu'il ne se rappelait de rien face aux gendarmes, qui tentent de percer le mystère en démêlant les haines déchirant la famille.

Marcel Jacob et Michel Villemin, frère de Jean-Marie et défunt époux de Ginette, étaient très liés à Bernard Laroche, premier suspect de l'affaire, tué en 1985 par Jean-Marie, son cousin qui le pensait coupable.

Et c'est le "clan Laroche" qui se retrouve de nouveau au centre de l'enquête, relancée par l'analyse graphologique des lettres de menaces et autres courriers anonymes qui foisonnent dans le dossier, à défaut d'analyses ADN probantes.

De nouvelles expertises sur une lettre de menaces, manuscrite et anonyme, adressée en 1983 au père de Grégory, ont orienté les soupçons sur Jacqueline Jacob.

- Un mystérieux 'corbeau' -

Dans le passé, les enquêteurs s'étaient aussi penchés à de nombreuses reprises sur un mystérieux "corbeau" ayant revendiqué le meurtre de l'enfant, en invoquant une "vengeance" dans une lettre postée apparemment avant la découverte du corps, en 1984.

"Le dossier révèle existence d'un lien indissociable" entre la lettre anonyme de 1983 "et le courrier posté le jour du crime avant 17H15 et l'enlèvement de l'enfant", a détaillé le procureur général vendredi.

Marcel Jacob avait déjà été soupçonné d'avoir endossé le rôle du "corbeau" et la grand-mère, Monique Villemin, 85 ans, serait l'auteure d'une lettre de menaces datant de 1989, adressée au juge Maurice Simon, alors chargé de l'instruction et décédé depuis.

L'affaire a été relancée grâce notamment au logiciel d'analyse criminelle Anacrim, conçu et utilisé par la gendarmerie, qui a permis de porter "un regard neuf sur la procédure" en reconstituant la chronologie avant et après le crime et en pointant des incohérences.

L'affaire n'en est pas à son premier rebondissement: en juillet 1985, le juge Jean-Michel Lambert avait opéré un revirement en portant ses soupçons vers la mère de Grégory, Christine Villemin, finalement innocentée en 1993 au terme d'un non-lieu retentissant.

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