Bas-Rhin : des tags racistes revendiquent un incendie criminel visant des migrants

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Pierre Plottu
Publié le 21 août 2019 - 17:50
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Les tags racistes découverts à Saint-Nabor.
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Les tags racistes découverts sur l'école de Saint-Nabor (Bas-Rhin), ce mercredi matin.
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Des graffitis racistes et des symboles nationalistes ont été découverts sur les murs d'une école d'un village du Bas-Rhin, ce mercredi matin. Les auteurs de ces tags revendiquent un incendie criminel ayant visé un immeuble accueillant des familles étrangères lundi à Schiltigheim, commune toute proche.

Le message "nous revendiquons l'incendie à Schiltigheim qui a visé des colons" ainsi que des croix celtiques, symbole ultranationaliste, ont été tagués dans la nuit de mardi 20 à ce mercredi 21 sur les murs de l'école de Saint-Nabor (Bas-Rhin). Ont aussi été écrits sur les murs "réfugiés dehors" ou "Marx t'as toujours pas compris?", visant le préfet de la région. Sachant que l'incendie en question, survenu lundi 19, visait des familles étrangères, le racisme de ces inscriptions est sans équivoque.

La revendication doit-elle pour autant être pris au sérieux? Contactées, les autorités ne négligent aucune piste à ce stade dans cette région où le groupuscule d'extrême droite radicale Bastion social, récemment dissous, était très bien implanté.

Les graffitis, découverts ce mercredi matin sur les murs de l'école du petit village d'à peine 500 âmes font donc référence à l'incendie d'un immeuble à Schiltigheim lundi. Trois des logements étaient occupés par des familles d'origines étrangères logées par l'association Horizon Amitié, selon les Dernières nouvelles d'Alsace. Voici sans doute ceux que les auteurs des inscriptions racistes de Saint-Nabor qualifient de "colons", en une référence évidente à la théorie du prétendu Grand Remplacement de Renaud Camus voulant que les populations étrangères seraient en passe de remplacer les Français "de souche". Un discours déjà invoqué par les auteurs de plusieurs attentats d'extrême droite aux Etats-Unis, à Charleston par exemple, ou encore en Nouvelle-Zélande, à Christchurch.

Les tags racistes découverts sur les murs de l'école de Saint-Nabor ce mercredi (©DR).

Contacté, un riverain témoigne du choc qu'a provoqué la découverte de ces tags dans le village, peu habitué à ce genre de méfaits. "Des gendarmes sont venus de Molsheim et Rosheim, des communes voisines, et même la police scientifique de Strasbourg était là", raconte-t-il. "Ils sont restés toute la matinée et ont fait une enquête de voisinage".

A-t-il remarqué quelque chose? "Ma femme a vu un groupe d'une quinzaine de jeunes adultes, âgées peut-être de 20 à 30 ans, qui traînaient près de l'école hier soir. C'est tout à fait inhabituel dans ce village d'ordinaire très calme", raconte ce témoin. Et cet observateur du football local d'ajouter: "ils avaient le look supporters de foot, certains étaient en survêtement de sport".

Des éléments qui collent avec une potentielle implication des hooligans nationalistes des Strasbourg Offenders, qui ont fait encore récemment fait parler d'eux en attaquant des supporters du club israélien du Maccabi Haïfa, fin juillet. Des violences revendiquées sur les réseaux sociaux en arborant notamment un drapeau à croix gammée, certains faisant le salut nazi.

Ces gros bras sont en outre liés au Bastion social, groupuscule néofasciste violent héritier du Groupe union défense (GUD) dont le symbole était la croix celtique. Et si le Bastion social est désormais dissous, cela n'a toutefois pas fait disparaître ses militants comme par magie. Or la cellule locale du groupe était l'une des plus actives et lui a même donné son dernier chef, Valentin Linder. Un certain Linder qui était enfin lui-même très proche du Strasbourg Offender…

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Les investigations en étant encore pour l'heure au stade préliminaire, le parquet de Saverne, en charge, préfère n'écarter aucune piste mais refuse de communiquer plus précisément. Le secrétariat du procureur nous confirme toutefois que si cette revendication d'un incendie criminel raciste était confirmée le tribunal se dessaisirait et le dossier serait confié à une cellule spécialisée à Strasbourg. Car depuis quelques mois les tags de ce type se multiplient dans la région.

Comme en mai dernier où, dans des circonstances similaires, des inscriptions à caractère antisémite et contre l'immigration, ainsi que de signes d'extrême droite avaient été tagués sur les murs de l'école du village d'Ebersmunster. Mais aussi mi-avril sur la mairie de Dieffenthal ou encore fin avril sur la maison d'une élue de Schiltigheim.

En février, c'étaient le cimetière juif de Quatzenheim qui était profané. Près d'une centaine de tombes avaient été taguées de croix gammées, provoquant une vague d'émotion dans le pays. Le président Emmanuel Macron s'était rendu sur place et avait déclaré: "On prendra des actes, on prendra des lois et on punira". Les autorités n'ont pas fait état d'arrestations dans le cadre de cette affaire depuis.

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