Caen : les contrôleurs d'une ligne de bus obligés de compter les migrants
Les contrôleurs de bus de Twisto sont profondément mal à l'aise. La direction de leur compagnie de transport a transmis aux employés de la ligne 61 qui assure la liaison Caen-Ouistreham deux notes les obligeant à compter les migrants, rapporte France Bleu Normandie ce mardi 3. La première est un tableau sur lesquels ils doivent inscrire le nombre de migrants contrôlés, qu'ils soient verbalisés ou avec titre de transports. Dans la seconde, manuscrite, la direction demande aux agents de "faire deux contrôles sur la ligne 61 par équipe". "La préfecture nous demande de maintenir ce niveau de présence. Si vous suspectez la mise en place de squats, merci de remonter l'information (lieu précis)", est-il écrit.
Particulièrement empruntée par les migrants, la ligne 61 a attiré l'attention des services de l'Etat. Car, comme l'explique Le Figaro "Ouistreham est devenue, après Calais, l'eldorado des migrants". Ces derniers rêvent d'y embarquer dans des ferries à destination de la Grande-Bretagne.
Mais cette mesure de contrôle a profondément choqué les chauffeurs."Quand par décret le gouvernement de l'époque a réquisitionné des bus pour procéder à ce qu'on a appelé la rafle", s'insurge Thierry Poullennec, ancien contrôleur de bus à la retraite, auprès de France Bleu. Inquiets, les syndicats ont décidé de porter l'affaire devant le CHSCT (Comité d'Hygiène et de Sécurité des Conditions de Travail)."Des agents nous ont alertés", explique Samuel Varnier, secrétaire CGT du CHSCT de Twisto à FranceBleu."Ils sont très mal à l'aise, certains refusent d'ailleurs de faire ce comptage".
Mise en cause, la direction de Twisto a fait savoir que c'était la préfecture qui lui avait demandé de compter les migrants. D'après France-3 Normandie, plusieurs élus de l'agglomération de Caen-la-Mer "se sont émus" et ont écrit à son président pour lui demander l'arrêt de ces contrôles. Ce à quoi la préfecture a rétorqué qu'elle n'avait rien à voir là-dedans. "En tant que préfet du Calvados, je ne fais pas d'injonction aux personnels de Twisto", a ainsi assuré le préfet du Calvados Laurent Fiscus sur l'antenne de FranceBleu Normandie. "En revanche, les contrôleurs et les conducteurs de tous les transports publics peuvent apporter un certain nombre d'informations que ce soit sur les migrants ou d'autres problèmes. On demande qu'on nous le signale mais qu'on signale aussi d'autre sujets qui peuvent arriver. La police nationale et la police municipale sont là et ont besoin de ce type d'information", a-t-il ajouté.
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