Colmar : deux ans de prison avec sursis pour avoir euthanasié sa femme malade de 70 ans
Il risquait la réclusion criminelle à perpétuité mais la cour n'a pas retenu la préméditation pour l'accusé. José de Albuquerque, paisible retraité d'origine portugaise de 73 ans, comparaissait devant la cour d'assises du Haut-Rhin pour avoir euthanasié en janvier 2014 sa femme Arminda, 70 ans, atteinte gravement par la maladie d'Alzheimer. Au moment des faits, cette dernière ne parlait plus depuis cinq ans et ne quittait plus son lit depuis deux ans.
Le tribunal n'a donc pas retenu la préméditation pour José, qui répondait du chef d'accusation d'assassinat, mais a pris en compte une altération du discernement du septuagénaire qui, dans la nuit du 15 au 16 janvier 2014, avait fait avaler à dose létale des somnifères à son épouse grabataire. Il avait ensuite tenté de mettre également fin à ses jours en se taillant les veines.
Aucun des cinq enfants du couple n'a choisi de se porter partie civile dans ce procès. "Je ne cautionne pas ce qu'il a fait, mais je comprends. Pour les aidants c'est très difficile, c'est fatigant, nerveusement, physiquement" a souligné l'une des filles du couple.
La souffrance des aidants s'est aussi ce qu'à tenu à souligner le procureur de la République loirs de son réquisitoire. "Le fait de garder constamment sa femme avec lui, cela ne pouvait pas bien finir. On est sur une tragédie, sur quelque chose qui devait arriver" a-t-il estimé avec gravité. Et d'ajouter: "une société se juge au sort qu'elle réserve aux vieillards".
De son côté la défense a souligné le caractère exemplaire d'un homme qui a passé "les 10 ou 11 dernières années de sa vie à s'occuper de son épouse", rappelant que "le mode d'administration traduit une forme de compassion". José de Albuquerque n'a pas mis "un coussin sur la tête (de son épouse, NDLR), il n'y a pas d'atteinte au corps". Avec les somnifères, c'est "la manière douce, elle s'endort et elle part", a défendu maître Thierry Gross dans sa plaidoirie, appelant les jurés à une peine de deux ans avec sursis, la peine minimum prévue par le Code pénal. Une peine suivie par le tribunal.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.