L'Etat islamique possèderait des camps d'entraînement en Bosnie

Osve, tout petit hameau perdu au fin fond de la Bosnie-Herzégovine, servirait-il de camp d'entraînement aux djihadistes de l'Etat islamique? C'est ce qu'affirme le quotidien britannique The Mirror dans un article publié lundi et repris ce mardi par le Daily Mail. Les services de renseignements bosniaques sont persuadés que l'organisation islamiste cherche ainsi à créer une base pour attaquer l’Europe occidentale dans ce petit village situé au centre du pays.

Selon The Mirror, qui a envoyé sur place deux de ses journalistes, une douzaine de djihadistes se sont entraînés au cours des derniers mois avant de partir en Syrie ou en Irak. Le village pourrait devenir une base importante pour entraîner les Européens désireux de faire le djihad, mais également aussi pour frapper l’Europe occidentale.

Les terroristes peuvent notamment s’appuyer sur un important trafic d’armes, héritage du conflit des années 90 qui avait opposé Serbes, Croates et Bosniaques et qui a ensanglanté la région.

Les propriétaires des terres présentées comme des camps d'entraînement seraient Harun Mehicevic (qui aurait fui la Bosnie pour l’Australie dans les années 90, où il aurait prêché le djihad auprès de la communauté musulmane de Melbourne), Jasin Rizvic et Osman Kekic (ces deux derniers combattent actuellement en Syrie). Izet Hadzic, un leader musulman qui a été arrêté par les services de sécurité de la Fédération de Bosnie-Herzégovine, ferait partie du groupe.

Osve ne ferait pas figure d'exception en Bosnie. Selon Xavier Bougarel, chargé de recherches au CNRS, contacté par le journal Le Figaro, "depuis la fin de la guerre, des communautés fermées -on ne peut pas véritablement parler de camps d'entraînement- se sont installées dans d'anciens villages serbes ou croates abandonnés, dont les terres sont rachetées par les djihadistes. Le plus connu d'entre eux est Gornja Maoca près de Brcko, dans le nord de la Bosnie". La communauté qui vit dans le hameau de Gornja Maoca vivrait dans la stricte application de la charia (loi islamique) et son chef, Nusret Imamovic, est actuellement présenté comme le numéro-3 du Front al-Nosra (branche syrienne d'al-Qaïda) qu'il a rejoint en 2013. Plusieurs maisons du hameau seraient ornées de symboles de l'Etat islamique, dont son tristement célèbre drapeau noir.

Pour autant, une telle démonstrativité interroge sur la présence réelle de l'Etat islamique, qui est en parfaite contradiction avec le principe de la Taqqiya, utilisé par les terroristes islamistes pour dissimuler leur foi et leur véritable intention de nuire. Il pose aussi la question de la capacité de l'Etat bosniaque à lutter contre ces individus qui s'affichent aussi ouvertement sur son sol.

Selon les estimations des services de renseignement, depuis 2012 environ 200 ressortissants bosniaques seraient partis rejoindre les rangs de Daech en Syrie et en Irak. Une trentaine seraient morts et une quarantaine rentrés en Bosnie.

Dans les années 90, pendant la guerre de Bosnie, le pays, en proie à un conflit ethnico-religieux opposants les Serbes chrétiens et les Bosniens musulmans, fut l'une des premières terres du djihad moderne. Plusieurs membres du gang de Roubaix, proche du réseau islamiste de Fateh Kamel qui projetait des attentats en France, avaient fait le djihad en Bosnie pendant cette période.