Pour une vraie protection du loup et de la nature en France : l'appel de 30 personnalités

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Les cosignataires, édité par AZ et PP
Publié le 31 mai 2017 - 17:37
Mis à jour le 01 juin 2017 - 12:26
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Un loup.
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©Daniel Jolivet/Flickr
En réaction aux nombreuses attaques subies par les éleveurs, des dizaines de loups ont été tués au cours de ces dernières années.
©Daniel Jolivet/Flickr
Bardot, Voynet, Caron, Athanaze, Watson... 32 personnalités venues de différents horizons lancent un appel à mettre fin au massacre des loups. Dans les colonnes de "FranceSoir", ils demandent aux pouvoirs publics et aux politiques de ne plus céder aux lobbies de l’agriculture et de la chasse.

Depuis le début des années 1990, le loup est de retour en France après des décennies d’absence. Ce retour est une véritable chance pour les équilibres naturels de nos régions. Il aurait également dû être une chance pour le développement durable de nos territoires. Ce qui n’a pas été le cas, malgré des sommes colossales dépensées en pures pertes depuis des années.

Par son rôle de grand prédateur, le loup permet de conserver une bonne densité d’ongulés sauvages, en limitant l’impact de ces herbivores sur la régénération forestière et en les faisant se déplacer. La filière bois qui est la seconde activité économique en zone de montagne y trouve donc également son compte.

A l’instar de ce qui se passe dans les pays voisins, la présence de grands prédateurs est un facteur très fort de développement du tourisme nature. Activité qui connaît un très fort déficit dans nos départements de montagne. Aujourd’hui, pour faire découvrir les loups, les ours ou les lynx, les accompagnateurs de montagne et les guides naturalistes organisent des séjours en Italie, Espagne, Slovénie ou autres pays d’Europe centrale! Soit autant de manque à gagner pour les hôteliers, commerçants et artisans de nos régions.

Il a été scientifiquement prouvé que la présence du loup est également un facteur d’enrichissement de la biodiversité dans les territoires où il est installé. Eliminant les animaux les plus faibles, ou malades, il est garant d’un bon état sanitaire des autres espèces avec lesquelles il cohabite.

Non, nos montagnes ne sont pas que des pâtures pour le bétail et des pistes de skis. Elles sont des territoires où depuis des millénaires, les hommes ont cohabité en harmonie avec la nature et avec les animaux sauvages.

Nous, signataires de ce texte, demandons aux pouvoirs publics et aux politiques de ne plus céder aux lobbies de l’agriculture et de la chasse. Les dizaines de loups tués au cours de ces dernières années n’ont pas fait baisser la mortalité sur les troupeaux non ou mal protégés.

En 2016, 19 millions[1] d’euros ont été engloutis en pure perte pour indemniser de probables dégâts de loups, mais également et surtout de chiens divagants. Un budget qui augmente sans arrêt, alors que le nombre de loups est à la baisse!    

Au-delà de l’approche scientifique et des intérêts biologiques liés au retour du loup, sa présence constitue un formidable enrichissement culturel et spirituel. Que serait l’homme sans les autres espèces? Le loup, plus encore que d’autres animaux, vient nourrir notre imaginaire et nos représentations des espaces sauvages. Les émotions que suscite la marche dans une forêt habitée par le loup sont inexistantes dans une forêt aseptisée et contrôlée par l’homme.

Nous attendons une nouvelle politique qui permette à la France, qui connaît depuis des décennies une perte massive de ses richesses biologiques, de se montrer à la hauteur des attentes de 80% des Français[2], de ses engagements européens et de ses déclarations en faveur de la biodiversité. Cela tout en maintenant des activités économiques de qualités sur les territoires de montagne:

-       La politique de tirs de loups doit être abandonnée.

-       Le remboursement des dégâts liés aux loups, ou supposés, doit être assujetti à la protection effective des troupeaux.

-       Le budget du "plan loup" doit être essentiellement destiné à la généralisation des moyens de protection des troupeaux.

Les cosignataires

Muriel Arnal (Fondatrice et Présidente de One Voice),

Pierre Athanaze (Président d’Action Nature Rewilding France),

Brigitte Bardot (Actrice, présidente de la Fondation Brigitte Bardot),

Marie-Hélène Baconnet (Productrice et réalisatrice de TV),

Farid Benhammou (Géographe, Docteur d’Agro Paris Tech et Professeur en CPGE à Poitiers),

Yolaine de la Bigne (Fondatrice de Néoplanète et de l’Université d’été de l’animal),

Marie-Claude Bomsel (MCB Docteur vétérinaire .Professeur honoraire Muséum National Histoire naturelle),

Aymeric Caron (Journaliste écrivain),

Gilbert Cochet (Expert au Conseil de l’Europe, Attaché au MNHN),

Charlélie Couture (Artiste),

Jean-François Darmstaedter (Président de Ferus),

Michel Echaubard (Ancien Président de la commission Faune du CNPN),

Lamya Essemlali (Présidente de Sea Shepherd France),

François Guerold (Professeur d'Ecologie à l'université de Lorraine),

Sylvie Guillem (Danseuse étoile),

Guy Jarry (Ancien directeur du Centre de Biologie des Populations des Oiseaux),

Christian Joulot (président du Président Groupe Chiroptères de Provence, expert UICN),

Pierre Jouventin (Directeur de laboratoire d’écologie du CNRS),

Christophe Marie (Directeur de la Fondation Brigitte Bardot),

Jeanne Mas (Chanteuse),

Arielle Moreau (Avocate droits de l’animal),

François Moutou (Vétérinaire épidémiologiste, expert UICN),

Vincent Munier (Photographe),

Fabrice Nicolino (Journaliste, écrivain),

Yves Paccalet (Philosophe, naturaliste),

François Ramade (Professeur émérite d'écologie à l'université de Paris Sud, Président d'honneur de la société française d'Ecologie et de la SNPN),

François Sarano (Océanographe et fondateur de Longitude 181),

Alain Tamisier (Ancien chercheur CNRS),

Marie-Paule de Thiersant (Responsable associative),

Jean-Marc Thiollay (Directeur de recherche au CNRS en retraite),

Dominique Voynet (Ministre de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement de 1997 à 2001),

Paul Watson (fondateur de Sea Shepherd).


[1] A ce tarif là, le coût d’un mouton, tué par un loup ou un chien est de 9.500 euros. Soit 30 fois le prix d’un ovin sur le marché!

[2] Sondage IFOP pour One Voice et Aspas (2016)

 

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