Vingt-six ans après ses crimes, la justice libère le faux docteur Romand

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Par Pierre BRIAND, Antoine AGASSE - Tours (AFP)
Publié le 25 avril 2019 - 15:41
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Montage des photos d'identité non datées de Jean-Claude Romand, de sa femme Florence et de leurs deux enfants Caroline et Antoine
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© STF / AFP/Archives
Montage des photos d'identité non datées de Jean-Claude Romand, de sa femme Florence et de leurs deux enfants Caroline et Antoine
© STF / AFP/Archives

Après 26 ans de détention, Jean-Claude Romand, le faux médecin de l'OMS condamné à perpétuité pour avoir tué son épouse, ses deux enfants et ses parents, a obtenu jeudi une libération conditionnelle et devrait sortir de prison avant l'été.

"La liberté conditionnelle a été accordée", a déclaré l'avocat de Jean-Claude Romand, Me Jean-Louis Abad, à l'AFP. "C'est imminent mais sans doute pas aujourd'hui", jeudi, a-t-il précisé.

La décision de la cour d'appel de Bourges doit être mise à exécution avant le 28 juin, selon un communiqué de presse du parquet général.

"C'est une grande déception pour mes clients et une grande douleur. Ils ont le sentiment que tout est terminé pour M. Romand et que pour eux cela ne le sera jamais", a réagi Me Laure Moureu, qui représente les deux frères de Florence Romand, l'épouse assassinée.

"Cela fait déjà plusieurs années qu'on en parle", a déclaré de son côté à l'AFP Aurélie Charillon, maire de Prévessin-Moëns (Ain), où vivait la famille Romand. "Ce n'est pas une grosse surprise. Pour ma part, il a purgé sa peine. Je ne souhaite pas qu'il revienne évidemment dans la région pour ne pas raviver des douleurs".

Cette libération est conditionnée à une "période de placement sous surveillance électronique probatoire d'une durée de deux ans", a précisé Marie-Christine Tarrare, procureure générale de Bourges, dans un communiqué.

A l'issue de ces deux ans, "le condamné sera soumis pour une durée de dix ans à des mesures d'assistance et de contrôle", selon la même source. Le faux docteur, aujourd'hui âgé de 65 ans, devra alors s'établir "en un lieu autorisé par l'autorité judiciaire", s'abstenir d'entrer en contact avec les victimes et les parties civiles et aura interdiction de se rendre dans les régions Ile-de-France, Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes, précise le communiqué.

M. Romand devra aussi s'abstenir "de toute communication médiatique relative aux crimes pour lesquels il a été condamné", "réparer en tout ou partie" les dommages qu'il a causés et "se soumettre à des mesures d'examen médical, de traitement ou de soins", selon la même source.

- parcours d'un imposteur -

La chambre de l'application des peines de Bourges a par cet arrêt infirmé la décision du tribunal de Châteauroux qui avait refusé le 8 février la liberté conditionnelle à M. Romand.

Le tribunal de Châteauroux avait alors estimé qu'"en dépit de son parcours d'exécution de peine satisfaisant, les éléments du projet présenté et de sa personnalité" ne permettaient pas "d'assurer un juste équilibre entre le respect des intérêts de la société, des droits des victimes et de la réinsertion du condamné", selon le parquet.

De source proche du dossier, un premier projet d'embauche chez Emmaüs avait été refusé lors des premières audiences en 2018. Un second projet dans une communauté religieuse, qualifiée de "très sérieuse" par l'avocat de Jean-Claude Romand, avait également été présenté.

Condamné à la perpétuité en 1996, M. Romand était libérable depuis 2015, après une période de sûreté de 22 ans.

Le parcours du "docteur Romand" est celui d'une histoire hors norme qui a fasciné le public et largement inspiré cinéma et littérature ("L'adversaire" d'Emmanuel Carrère a été adapté au cinéma en 2002 par Nicole Garcia).

Après avoir caché à ses proches son échec en faculté de médecine, Jean-Claude Romand avait menti pendant des années à son entourage. Marié et père de deux enfants, il se disait médecin, chercheur à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève, et faisait vivre sa famille en escroquant parents et amis, prétendant placer leurs économies en Suisse.

Acculé par plusieurs débiteurs, dont certains avaient découvert son imposture, le faux médecin, alors âgé de 38 ans, était passé à l'acte au matin du 9 janvier 1993.

Dans leur maison de Prévessin-Moëns, il tue sa femme avec un rouleau à pâtisserie, puis sa fille de sept ans et son fils de cinq ans, en leur tirant dans le dos avec une carabine. Il tue ensuite ses parents à Clairvaux-les-Lacs (Jura) de plusieurs balles dans le dos.

Le lendemain, il revient à son domicile et avale des barbituriques avant d'incendier la maison. Il sera retrouvé inconscient mais vivant par les pompiers.

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