Morsure de serpent : bientôt une pénurie d'anti-venin, selon MSF

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RT
Publié le 09 septembre 2015 - 13:55
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Un python birman.
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©Tim Vickers/Wikimedia Commons
Chaque année, 100.000 personnes meurent de morsures de serpent. (Image d'illustration).
©Tim Vickers/Wikimedia Commons
Alors que quelque cinq millions de personnes sont mordues tous les ans par un serpent dans le monde, l'un des traitements les plus efficaces contre le venin, Fav-Afrique, produit par Sanofi, est sur le point de disparaître, s'alarme Médecins Sans Frontières (MSF), appelant la communauté mondiale de la santé à réagir.

"Les morsures de serpent tuent massivement mais restent pourtant l'une des crises de santé publique les plus négligées par les acteurs mondiaux de la santé", affirme Médecins Sans Frontières (MSF) dans un communiqué paru lundi 7. Chaque année, quelque cinq millions de personnes sont mordues par des serpents dans le monde, 100.000 d'entre elles en meurent et plusieurs centaines de milliers souffrent d'amputations ou de handicaps, précise l’ONG qui rappelle que l’un des traitements les plus efficaces contre le venin est sur le point de disparaître.

"Des dizaines de milliers de personnes continueront de mourir de morsures de serpent, à moins que la communauté mondiale de la santé ne prenne des mesures immédiates pour assurer la production d'un traitement et d'un sérum antivenimeux", alerte donc MSF alors qu’un colloque a eu lieu en Suisse, à Bâle, mardi 8.

L’inquiétude vient du fait que laboratoire Sanofi a cessé la production de Fav-Afrique, le seul sérum antivenimeux "certifié sûr et efficace"  en 2014. Les stocks existants seront périmés d'ici à juin 2016 et "aucun produit de remplacement ne sera disponible pendant au moins deux ans", s’alarme MSF, selon qui cela risque d’entraîner "de nombreux décès et des handicaps inutiles"En effet, de nombreux médecins refusent de prescrire d'autres traitements, sous prétexte qu’ils sont fabriqués à partir d’un mauvais serpent, explique le porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Gregory Hartl, au quotidien britannique The Guardian.

"Nous sommes aujourd'hui confrontés à une véritable crise sanitaire. Alors pourquoi les gouvernements, les sociétés pharmaceutiques et les organismes de santé mondiale se défilent quand nous avons le plus besoin d'eux?",  interpelle le Dr Gabriel Alcoba, référent médical spécialiste des morsures de serpents à MSF, dans le communiqué.  

Car l’ONG traite de plus en plus de patients victimes de morsures. En Afrique subsaharienne, celles-ci font notamment 300 à 400 victimes (la plupart étant des enfants) par an à Paoua, en République centrafricaine, tandis qu’à Agok, au Soudan du Sud, elles ont tué plus 300 personnes en 2014.

Aussi, "nous espérons que Sanofi va mettre à disposition les substances de base nécessaires à la production du Fav-Afrique, avant de trouver une capacité de production pour affiner ce produit en anti-venin qui pourra à terme remplacer FAV-Afrique", déclare Julien Potet, conseiller en maladies négligées pour la Campagne d'accès aux médicaments essentiels (CAME) de MSF.

Régissant à ces interpellations, le porte-parole de Sanofi explique au Guardian que le groupe pharmaceutique a dû cesser la production de Fav-Afrique car il a été chassé du marché par ses concurrents qui vendent des produits biens moins chers, considérés comme moins efficaces. Toutefois, Sanofi a bien prévu de transférer sa technologie anti-venin à d'autres entreprises, ajoute-il avant de lancer: "c'est très étrange que les parties prenantes ne se rendent compte de ce problème seulement cinq ans plus tard".

MSF accuse quant à elle l’OMS de considérer les morsures de santé comme une "maladie négligée sans aucun programme officiel", malgré les seuils élevés de mortalité. Toujours dans The Guardian, l’OMS se défend, assurant avoir pris conscience de ce problème depuis longtemps, contrairement aux bailleurs de fonds. Car le traitement anti-venin a un coût, et pas des moindres: quand il est disponible, son prix varie de 250 à 500 dollars par personne, soit l'équivalent de quatre années de salaire dans les pays concernés.

"Prendre en charge le coût de ce sérum antivenimeux afin que les patients n'aient peu ou rien à payer est crucial afin d'améliorer l'accès à ce traitement vital", écrit donc MSF. Et de conclure: "les acteurs mondiaux de la santé, les bailleurs de fonds, les gouvernements et les compagnies pharmaceutiques doivent assumer leur part de responsabilité face à cette négligence et considérer les morsures de serpent comme une crise de santé publique face à laquelle ils doivent prendre collectivement des mesures immédiates et appropriées".

 

 

 

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