Il existerait, non pas une, mais quatre espèces de girafes

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La rédaction de FranceSoir.fr
Publié le 10 septembre 2016 - 12:55
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Girafes parc naturel Tanzanie
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©Joseph Eid/AFP
Les différences génétiques entre les populations de girafes selon les régions d'Afrique seraient aussi grandes que celles qui séparent les ours polaires des ours bruns.
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Alors que les scientifiques pensaient qu'il n'existait qu'une seule espèce de girafe, il y en aurait en fait quatre, révèle une nouvelle étude. Cette découverte pourrait avoir des conséquences bénéfiques à long-terme sur la protection de l'animal, en voie de disparition.

La girafe, animal bien plus complexe que ce que la science imaginait. En effet, d'après une étude allemande parue jeudi 8 dans la revue Current Biology, il n'existe non pas une seule espèce de girafe, la "giraffa camelopardalis", comme le pensaient les biologistes, mais quatre. Une erreur due à la méconnaissance de cet animal, largement négligé par les chercheurs, déplore l'étude.  

Pour en arriver à cette étonnante conclusion, Axel Janke (Université Goethe) et Julian Fennessy (Fondation de conservation des girafes) ont étudié les séquences génétiques de plusieurs girafes. Ils ont alors identifié des disparités beaucoup trop importantes pour qu'elles distinguent uniquement des sous-espèces. A titre de comparaison, les différences génétiques entre les populations de girafes selon les régions d'Afrique seraient aussi grandes que celles qui séparent les ours polaires des ours bruns. "Au vu des résultats, on a compris que l'histoire de l'évolution de la girafe était plus complexe que ce qu'on pensait. Les espèces ont divergé il y a un ou deux millions d'années. Une découverte de cette ampleur avec un animal aussi emblématique est plutôt rare", s'est réjoui Julian Fennessy cité par Le Figaro.

Et si cette découverte n'a lieu que maintenant, c'est parce que les chercheurs s'intéressent très peu aux girafes, déplore Axel Janke, selon qui on peut trouver dix fois plus d'études sur les éléphants, les rhinocéros, les gorilles ou les lions. "Nous avons toujours été étonnés du peu de recherches effectuées sur l'animal le plus grand du monde", explique-t-il. D'autant plus que les girafes sont au plus mal.

En vingt ans, le nombre d'individus a chuté de 140.000 à moins de 80.000, selon les chiffres de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Ainsi, les résultats de cette nouvelle étude pourrait avoir des effets bénéfiques sur la protection à long-terme des girafes. "Avec le déclin rapide du nombre de girafes à travers l’Afrique, il est important de comprendre les différences entre chaque espèce afin de mieux gérer leur protection à long terme", explique Julian Fennessy. Si les quatre espèces de girafes, la girafe de Nubie ou "giraffa camelopardalis", la girafe réticulée ou "giraffa reticulata", la girafe masaï ou "giraffa tippelskirchi" et la girafe du Nord ou "giraffa giraffa", sont acceptées par l'UICN, il y a de grandes chances que trois d'entre elles soient listées dans la catégorie "espèce menacée" de la Liste rouge des animaux en voie d'extinction. En effet, la girafe du Nord ne représente plus que 4.750 individus et la réticulée 8.700. Elles font donc partie des grands mammifères les plus menacés au monde.

Qui plus est, une séparation des quatre espèces pourrait permettre de mieux les protéger, font valoir les chercheurs. "Il est incohérent de continuer d’utiliser les mêmes moyens de conservation pour la girafe masaï, qui a décliné de 50% en 30 ans, et pour la girafe de Nubie, qui voit son nombre d’individus augmenter chaque année", explique Julian Fennessy, pour qui le travail est loin d'être terminé. "On commence juste à comprendre la génétique de la girafe. De nouvelles recherches sont nécessaires pour mieux décrypter sa biodiversité avant que celle-ci ne disparaisse devant nos yeux", conclut-il. 

 

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