Quand l'université frappe à la porte des services de renseignement

Auteur:
 
Par AFP
Publié le 20 mars 2017 - 11:08
Image
Deux ans après le début de la vague d'attentats en France, les universités lancent de plus en plus d
Crédits
© FRED TANNEAU / AFP/Archives
Deux ans après le début de la vague d'attentats en France, les universités lancent de plus en plus de filières spécialisées dans la sécurité et le renseignement, pour répondre à la
© FRED TANNEAU / AFP/Archives

Deux ans après le début de la vague d'attentats en France, les universités lancent de plus en plus de filières spécialisées dans la sécurité et le renseignement, pour répondre à la soif d'engagement des étudiants et aux besoins accrus de l'État.

"Me rendre utile, mettre ma pierre à l'édifice": Florian, étudiant en 3e année de droit à la Sorbonne est réserviste de l'armée de l'air. "Les attentats ont conforté mon choix de ne pas rester dans mon coin à travailler pour moi-même", raconte cet homme de 25 ans, candidat au master Expertise des conflits armés lancé par son université en 2016.

"Il y a eu un effet 13-Novembre", confirme à l'AFP Philippe Hayez, ancien directeur adjoint du renseignement de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) et maître de conférence à Sciences-Po Paris. "Les élèves ont été ébranlés, ils se sont demandés comment être utiles et cela a engendré des réflexes professionnels".

Depuis, la DGSE reçoit "un flot constant de candidatures spontanées: environ 3.000 CV par an, soit deux fois plus qu'en 2014", détaille à l'AFP son directeur de l'administration Charles Moreau.

"Lorsqu'on se présente dans les universités, on remplit les amphithéâtres, on sent que notre discours parle aux jeunes", affirme-t-il.

Outre l'appel aux volontaires de la garde nationale, l'État a entrepris une grande campagne de recrutement: 1.400 nouveaux postes créés entre 2015 et 2017 au ministère de l'Intérieur dont 1.100 pour le seul renseignement, et 800 emplois pour la Défense d'ici 2018.

A la DGSE, 600 personnes sont recrutées chaque année, pour atteindre d'ici la fin 2019 le seuil des 7.000 agents.

Face à cet appel d'air, les universités ont initié des filières spécialisées en défense et sécurité. "Soixante-sept en France, dont environ 25 pour les seules sciences sociales" comme à la Sorbonne ou à Sciences-Po, dénombre Jean-Jacques Roche, directeur de la formation à l'Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN).

- "Salaire compétitif" -

Au programme de ces formations: droit de la sécurité intérieure, finances et politiques publiques de la défense, mais aussi cybersécurité, gestion des risques, renseignement, et simulations de crise... L'objectif est "de former de bons cadres généralistes capables de comprendre le langage des ingénieurs et les enjeux techniques de la sûreté", commente Guillaume Farde, conseiller scientifique de la filière de Sciences-Po.

"Le coeur de nos besoins n'est pas là", rétorque Charles Moreau, qui recrute toutefois par concours "50 profils de ce type chaque année".

Mais "le plus gros volume de recrutement concerne les spécialistes en télécommunications et en informatique, des techniciens supérieurs, des ingénieurs, des crypto-mathématiciens, etc…", ainsi que quelques "linguistes et traducteurs spécialistes des langues rares comme le russe, l'arabe, le chinois, le farsi ou d'autres dialectes des zones de conflits".

Pour ces "perles rares", 400 postes de contractuels sont ouverts chaque année à un "salaire compétitif compris entre 2.000 et 3.000 euros nets par mois en sortie d'école" pour attirer en particulier les étudiants des grandes écoles d'ingénieurs.

Recruter des spécialistes - en cyberdéfense et en big data notamment -, c'est aussi une des priorités de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), dont les effectifs de contractuels vont bondir de 5 à 17% entre 2013 et 2018.

"Une croissance forte qui vise principalement à doter le service des ingénieurs, des techniciens et des analystes dont nous manquions cruellement", notait le patron de la DGSI Patrick Calvar, soulignant en février la nécessité "d'être concurrentiels" pour attirer des profils qui "font l'objet de beaucoup de demandes" dans le privé.

"Il faut rester prudent sur les débouchés", relativise Jean-Jacques Roche. "Le paysage évolue très rapidement en fonction des politiques publiques. Aujourd'hui, les demandes du marché se sont accrues, mais c'est une vague qui pourrait refluer très rapidement".

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Bezos
Jeff Bezos : le Lex Luthor de Seattle veut devenir le Dark Vador de l’univers
PORTRAIT CRACHE - S’il se fait plus discret que certains de ses compères milliardaires, Jeff Bezos n’en garde pas moins les mêmes manies, les mêmes penchants et surtou...
04 mai 2024 - 13:17
Politique
02/05 à 20:45
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.