“On assiste à une colonisation de l'appareil étatique par des influences extérieures et par des intérêts particuliers” Michel Cucchi

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FranceSoir
Publié le 19 décembre 2022 - 19:55
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F. Froger / Z9, pour FranceSoir
Michel Cucchi est docteur en médecine et cadre de la fonction publique hospitalière.
F. Froger / Z9, pour FranceSoir

Michel Cucchi, docteur en médecine et cadre de la fonction publique hospitalière, est l’invité de ce nouvel “Entretien essentiel” dans lequel il vient nous présenter son livre Influences et pandémies, expériences hasardeuses et tentations autoritaires. Un texte qui explique comment la “décision publique”, durant l'épidémie de la covid-19, a cessé de servir l’intérêt général pour se mettre au service d’intérêt privés, des “influenceurs” qui répondent à un “agenda industriel”.

Diplômé en médecine et spécialisé en biologie médicale, Michel Cucchi n’est pas inscrit à l’Ordre des médecins. “Cela m’évite déjà un tribunal”, dit-il. Il s’exprime dans son livre en tant que fonctionnaire, sans pour autant être “totalement libre” de ses paroles. “Le livre, de 200 pages, ne contient pas des révélations sur, par exemple, le fonctionnement interne à l’hôpital ou des choses qui relèvent de la vie intérieure des hôpitaux”, prévient-il. Rappelant son obligation de réserve, il explique sa méthodologie, qui consistait à “chercher dans la documentation publique tout ce qui peut éclairer les phénomènes que nous avons vécu ces dernières années”.

Le serment d’Hippocrate “rompu”

Il estime ainsi, en sa qualité de fonctionnaire, avoir le droit de “donner au public les éléments pour comprendre de la manière la plus juste et la plus informée possible” comment “on est arrivé à ce chapelet de décisions absurdes qui ne relevaient ni de l’intérêt général ni de la rigueur scientifique”. Michel Cucchi affirme dans cet entretien que le “serment d’Hippocrate a été rompu” durant l'épidémie de coronavirus. “Dans ce serment, y a la notion de confiance qu’il faut honorer à l’égard de son patient. La notion de confiance du public dans les institutions qui le gouvernent est essentielle. C’est le même rapport. Les événements que nous avons vécus ont abîmé cette confiance”, dit-il.

Une “entorse” car “des médecins ont été appelés à obéir à une règle, qui ne provenait même pas du Conseil de l’Ordre mais du gouvernement” dans le cadre d’une “médecine normative”. “Le serment d’Hippocrate est clair là-dessus : honorer la confiance est supérieur à la pression que peut mettre un gouvernement sur un médecin”, rappelle-t-il. Il souligne également que la médecine basée sur les preuves s'articule sur trois cercles, “à savoir les données scientifiques les plus actuelles, le jugement et l’expérience du médecin ainsi que la volonté du patient”. “En aucun cas, affirme ce fonctionnaire, les données scientifiques ne doivent s’imposer à la conscience du médecin et à la volonté du patient.”

Une “colonisation de l'appareil étatique”

Dans son livre, Michel Cucchi explique comment la décision publique a été “capturée” par des “influences extérieures”. “On a listé ces influenceurs, comme l’industrie pharmaceutique”, explique-t-il. Le docteur en médecine explique encore que “l’intégrité de la décision publique est garantie par un corps de fonctionnaires”. Un fonctionnaire, poursuit-il, “est le garant de l’intégrité de la décision publique et travaille à ce que les décisions prises soient cohérentes avec le projet démocratique de la société et ensuite, qu’elles soient effectivement protégées et immunisées de certaines influences extérieures”.

Or, l’ouvrage traite justement de “la capture de la décision publique puisqu’on a des personnes qui sont en situation de décider pour le public mais qui travaillent pour des intérêts particuliers”. Michel Cucchi évoque même “une colonisation de l'appareil étatique par des intérêts particuliers. Les décisions deviennent biaisées du point de vue de l’intérêt général et finalement, elles ne sont conformes qu'à une mission tacite du décideur qui va se conformer aux consignes de commanditaires non identifiés”.

Il évoque des décisions “prises sur la base de critères masqués, non explicites”. “Plus grave encore, la reddition des comptes ne se fait plus auprès du public mais davantage à des donneurs d’ordre”. Le fonctionnaire alerte sur une “sortie des limites du jeu démocratique". “Cela m’évoque la notion de désinstitutionnalisation des institutions qui ne sont que des paravents pour des groupes, des oligarchies ou des kleptocraties qui arbitrent pour leur propre compte”, affirme-t-il.

“La santé des populations est perdue de vue”

Il cite comme exemple le cas du consortium REACTing et le laboratoire Gilead, “dont les intérêts privés étaient présents dans la commercialisation échouée du médicament Remdesivir". “En lieu et place d’une stratégie nationale de lutte contre la pandémie, on a eu droit à un essai thérapeutique sur une population générale pour justifier la mise sur le marché d’un médicament qui était en l'occurrence le Remdesivir, vite abandonné tellement c’était mauvais et toxique mais qui, entre-temps, a été acheté par des autorités européennes”.

Notre invité cite également "l’influence des organisations philanthro-capitalistes” et leur poids sur les décisions de l’OMS. Ces ONG, “sous couvert de bienfaisance, ont un agenda industriel parfaitement identifié et parviennent, par le niveau de financement, à capturer, influencer de manière déterminante la décision publique”.

Il ajoute : “Depuis que l’OMS chante les vertus du vaccin, elle oublie de faire ce qu’elle faisait traditionnellement, s’occuper de la santé communautaire, travailler à la prévention et la promotion de la santé (...) c’est quelque chose qui n’est pas lié à l’état de la science, mais à des objectifs industriels. La santé des populations est perdue de vue”, conclut-il. 

Une “capture de la décision publique” qui serait aussi à l’origine de “fraude scientifique éventuelle”, qui “relèvent du tribunal administratif, voire pénal, pour qu’on puisse rétablir une forme de vérité, celle-ci étant le fondement de la confiance qu’on peut avoir en les institutions”.

Influence et pandémie, de Michel Cucchi, Marco Pietteur, 220 p., 20 €.

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