Casse-tête au Medef sur la succession de Pierre Gattaz

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Par AFP
Publié le 05 décembre 2017 - 15:31
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Pierre Gattaz, président du Medef, à Paris le 14 novembre 2017
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© ERIC PIERMONT / AFP/Archives
Pierre Gattaz, président du Medef, à Paris le 14 novembre 2017
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La question de la succession de Pierre Gattaz à la tête du Medef, prévue pour juillet prochain, vire au casse-tête, les statuts de l'organisation patronale interdisant pour l'heure au favori pour le poste, Jean-Dominique Sénard, de se présenter.

En cette fin d'année, le siège du principal syndicat patronal est en pleine ébullition: faut-il faire en sorte que le patron de Michelin puisse rester dans la course, au risque d'être taxé de manipulation?

Car si d'autres candidats sont évoqués, à l'image des vice-présidents de l'organisation Alexandre Saubot et Geoffroy Roux de Bézieux, ou encore du patron du Medef Auvergne-Rhône-Alpes Patrick Martin qui s'est déclaré mardi, Jean-Dominique Sénard semble être en pole position.

Le dirigeant, acclamé lors de la dernière université d'été du Medef, a dit la semaine dernière dans Le Figaro avoir envisagé de se présenter mais ne pouvoir le faire "en l'état".

La raison? les statuts du mouvement, modifiés par Pierre Gattaz après son arrivée en 2013 pour interdire au président de faire un deuxième mandat, stipulent que les candidats ne peuvent être âgés de plus de 65 ans le jour de l'élection. Or Jean-Dominique Sénard fêtera son soixante-cinquième anniversaire le 7 mars, soit environ quatre mois avant la date du scrutin.

Un problème qui tracasse depuis plusieurs mois les responsables patronaux. Déjà en juillet, l'éventualité que Pierre Gattaz démissionne pour permettre d'organiser les élections plus tôt avait été évoquée. Une option fermement repoussée par le principal intéressé, qui avait assuré qu'il achèverait son mandat comme prévu en juillet 2018.

Autre possibilité avancée par certains: avancer la date des élections et organiser une période transitoire de quelques mois, avec un président en exercice et un président élu.

Mais cette alternative ne soulève pas l'enthousiasme au sein de l'organisation. "Si cela conduit à réduire le temps de campagne, ce n'est pas une bonne idée", juge le dirigeant d'une grosse fédération professionnelle.

- Réponse le 11 décembre -

Dernière possibilité: interpréter les statuts, voire les modifier, pour qu'ils permettent aux candidats de se présenter jusqu'à la date de leur soixante-sixième anniversaire.

"Pour moi, il est hors de question de remettre en cause cette règle. Je suis opposé à une modification ou à une interprétation des statuts", a toutefois assuré Jean-Dominique Sénard au Figaro.

Pour beaucoup, cela rappellerait les manœuvres de l'ex-numéro un du Medef, Laurence Parisot, qui avait voulu modifier les statuts quelques semaines avant la fin de son deuxième mandat pour être candidate à un troisième.

Interrogé pour savoir si une démission de Pierre Gattaz règlerait la question, le président de la firme au Bibendum est resté évasif, estimant qu'il y avait "sûrement d'autres solutions" et qu'il verrait le moment voulu si finalement le numéro un venait à tirer sa révérence plus tôt que prévu.

Le patron des patrons a, selon une source proche du dossier, encore exclu une démission lundi, devant une quinzaine de responsables de l'organisation.

La question sera au cœur des débats lundi prochain, lors de la prochaine réunion du Conseil exécutif de l'organisation, instance composée de 45 membres, chargée notamment de fixer les règles internes du syndicat, qui aura auparavant été informé de l'avis - purement consultatif - du Comité statutaire sur la marche à suivre.

Selon un courrier envoyé mardi aux membres du Conseil exécutif, que l'AFP s'est procuré, ces derniers devront voter, à bulletin secret, pour répondre à cette question : "Êtes-vous favorable à ouvrir les candidatures à la présidence du Medef pour des candidats qui ont dépassé leur 65e anniversaire au jour de l'élection? "

En cas de réponse positive, ils devront voter une nouvelle fois pour dire s'ils souhaitent que les statuts soient simplement précisés, ou bien qu'ils soient modifiés pour ôter dans ce cas-là toute limite d'âge.

En attendant, les membres du Medef espèrent que la situation s'éclaircira le plus vite possible. "Il vaudrait mieux que ça s'arrête le 11 décembre", date de cette réunion, estime un dirigeant, qualifiant la situation de "bizarre". Pour un autre dirigeant, d'une fédération territoriale, ce "climat n'est pas dans l'intérêt général" de l'organisation.

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