Croissance : la France devrait "tirer son épingle du jeu" au premier semestre

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Par Valentin BONTEMPS - Paris (AFP)
Publié le 19 mars 2019 - 19:05
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Croissance française
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Un coup de pouce indirect des "gilets jaunes" à l'économie? Selon l'Insee, la croissance française devrait résister à la morosité au premier semestre 2019, à la faveur des mesures d'urgence votées fin décembre, de nature à stimuler le pouvoir d'achat.

D'après l'Institut national de la statistique, qui publiait mardi sa note de conjoncture trimestrielle, le produit intérieur brut (PIB) hexagonal devrait augmenter de 0,4% au premier trimestre, puis à nouveau de 0,4% entre avril et juin.

Cette hypothèse, qui marque une révision en hausse par rapport au scénario de mi-décembre (0,4% de croissance au premier trimestre mais seulement 0,3% au deuxième), est légèrement plus optimiste que celle de la Banque de France, qui a abaissé à 0,3% sa prévision de croissance pour début 2019 en raison du ralentissement européen.

"L'économie française, jusqu'ici moins exposée que d'autres aux turbulences du commerce mondial, et stimulée par une politique budgétaire plus expansionniste qu'envisagé il y a quelques mois, pourrait tirer au moins ponctuellement son épingle du jeu", justifie l'Insee.

Oubliée donc la vague de pessimisme liée au mouvement des "gilets jaunes": selon l'organisme public, l'"impact macroéconomique à court terme" des manifestations "a sans conteste été plus faible que son retentissement politique et médiatique" et ne devrait pas pénaliser outre-mesure l'activité.

Raison supplémentaire de se réjouir: les mesures d'urgence votées fin 2018 face à la crise des ronds-points, d'un montant total de 10 milliards d'euros, devraient doper les salaires et le pouvoir d'achat, avec un fort effet sur la consommation.

- Chômage en légère baisse -

D'ici mi-2019, les salaires marchands par tête devraient ainsi grimper de 1,8% selon l'Insee, grâce à la revalorisation du Smic (+1,5%), à la défiscalisation des heures supplémentaires et au versement par certaines entreprises d'une prime exceptionnelle, qui a bénéficié à deux millions de salariés en janvier.

Le revenu disponible brut des ménages, dans ce contexte, devrait grimper de 0,7% au premier trimestre, puis de 0,3% au deuxième trimestre. La consommation devrait quant à elle retrouver des couleurs: elle progresserait de 0,5% entre janvier et mars et de 0,4% entre avril et juin, après avoir stagné fin 2018.

Une bonne nouvelle pour l'économie tricolore, qui devrait aussi bénéficier d'un investissement des entreprises dynamique (+0,7% puis +0,8%), de nature à compenser le ralentissement des exportations et une contribution des échanges extérieurs négative (–0,1 point de PIB par trimestre).

"La confiance des ménages se redresse" et "le climat des affaires se maintient au-dessus de sa moyenne", rappelle l'Insee, qui prévoit pour mi-2019 un acquis de croissance de 1,1% -- autrement dit une croissance minimum de 1,1% cette année en cas de stagnation de l'activité au second semestre.

Un rythme certes "modéré", mais suffisant pour faire refluer le chômage. D'après l'Insee, 85.000 emplois nets devraient être créés au premier semestre. Le taux de chômage devrait ainsi légèrement reculer pour atteindre à l'été 8,7% de la population active, soit 0,4 point de moins sur un an.

- "Nombreux aléas" -

"Les aléas susceptibles d'affecter ce scénario restent nombreux", prévient toutefois l'Institut de la statistique, qui cite notamment les incertitudes sur "l'issue du Brexit".

"Au-delà des interrogations propres à la France (...) l'environnement international pourrait s'obscurcir davantage", ajoute l'Insee, qui ne donne pas à ce stade de prévision de croissance pour l'ensemble de 2019.

Dans ses prévisions pluriannuelles, publiées jeudi, la Banque de France a dit s'attendre à 1,4% de croissance cette année, en léger recul par rapport à 2018 (1,5%). Une hypothèse reprise à son compte mardi par le gouvernement.

"La France devrait faire en 2019 mieux que la moyenne de la zone euro", a assuré le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, en indiquant qu'il confirmerait le chiffre de 1,4% lors de la présentation du programme de stabilité, en avril.

"La croissance française reste très forte", s'est félicité le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, estimant néanmoins que la croissance aurait été plus forte -- "peut-être 1,6 ou 1,7%" -- sans le mouvement des gilets jaunes.

Dans son budget 2019, présenté à l'automne, Bercy avait prévu 1,7% de croissance cette année. Le gouvernement avait toutefois reconnu ces derniers mois que ce niveau ne serait pas atteint, au vu du ralentissement économique européen.

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