La F1, un pari risqué pour le Vietnam

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Par Quy Le BUI - Hanoï (AFP)
Publié le 08 novembre 2018 - 12:30
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Le patron de la F1, Chase Carey (c) en conférence de presse regarde la carte du circuit qui accueillera le 1er GP de F1 au Vietnam, le 7 novembre 2018 à Hanoi
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© Nhac NGUYEN / AFP
Le patron de la F1, Chase Carey (c) en conférence de presse regarde la carte du circuit qui accueillera le 1er GP de F1 au Vietnam, le 7 novembre 2018 à Hanoi
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Pour accueillir son premier Grand Prix de F1 en 2020, le Vietnam va devoir surmonter les obstacles financiers qui jalonnent l'organisation d'un tel évènement et ont déjà conduit plusieurs pays asiatiques à jeter l'éponge, soulignent les experts.

Une course de F1 peut certes rapporter chaque année des dizaines de millions de dollars au pays hôte, mais elle nécessite aussi d'énormes investissements et reste financièrement risquée.

En 2018, la Malaisie a d'ailleurs cessé d'organiser, faute de rentabilité, le Grand Prix qu'elle accueillait depuis 1999, victime notamment de la concurrence de Singapour. La Corée du Sud avait fait de même en 2013, ne parvenant pas à attirer un public suffisamment nombreux à Yeongam, une ville reculée dans l'extrême-sud de la péninsule. Et l'Inde s'était retirée la même année à cause de problèmes financiers.

Cette fois-ci, les responsables de Liberty Media, qui a racheté la F1 en 2017 et tente de conquérir de nouveaux marchés en Amérique du Nord et en Asie, "ne peuvent pas vraiment se permettre un échec", a estimé Laurence Edmondson, journaliste spécialisée de la chaîne de télévision américaine ESPN.

Hanoï était pourtant loin d'être le choix le plus évident: la ville n'est pas la plus riche de la région et le sport automobile reste marginal dans le pays, passionné de football et où la plupart des gens circulent encore à moto.

- Perspective à long terme -

Mais les organisateurs tablent sur le développement d’une classe moyenne en plein essor en Asie du Sud-Est, qui abrite certaines des économies les plus dynamiques du continent.

"Il est important d'avoir une perspective à long terme, je pense que par le passé, nous avions une vision à court terme dans beaucoup de choses que nous faisions", a relevé le patron de la Formule 1, Chase Carey, dans un entretien à l'AFP.

Le Vietnam, qui a signé un contrat de 10 ans avec Liberty Media, a plusieurs atouts dans sa manche.

Le circuit de 5,6 kilomètres, prévu aux abords du stade national, utilisera plusieurs tronçons de route déjà existants, ce qui évitera de créer une piste entièrement nouvelle.

Et les droits d'entrée versés chaque année à Liberty Media doivent être entièrement financés par Vingroup, la plus grande entreprise du secteur privé au Vietnam.

Ce consortium, dont la cinquantaine d'entreprises opère dans l'immobilier, les centres commerciaux, la production agricole et les parcs d'attractions, est dirigé par l'homme le plus riche du pays, Pham Nhat Vuong, dont la fortune est estimée à 6,3 milliards de dollars.

D'après la presse locale, les droits d'entrée devraient avoisiner les 60 millions de dollars par an.

Mais le coût total en comptant aussi la construction du circuit, le financement du dispositif de sécurité et le budget de promotion de l'évènement pourrait s'élever à "plusieurs centaines de millions de dollars", estime Truong Anh Ngoc, correspondant sportif de l'Agence de presse officielle vietnamienne.

L'essentiel sera de fournir un maximum de spectacle au public à l'image du Grand Prix de Singapour où la course qui démarre à la tombée de la nuit est un succès depuis dix ans. Cette année, le GP de la cité-État a rassemblé sur trois jours 263.000 spectateurs.

Hanoï, capitale plus somnolente, pourra-t-elle faire de même? "Vous devez créer des événements intéressants, vous ne pouvez pas créer quelque chose sans âme, sans sentiment", souligne Alex Yoong, ancien pilote de F1 malaisien et commentateur pour Fox Sports Asia. "Vous devez savoir ce que vous faites et comment dépenser de l'argent", a-t-il ajouté.

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