Le Lyon-Turin en quelques chiffres et faits

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Par Céline CORNU avec Ljubomir MILASIN à ROME - Milan (AFP)
Publié le 12 février 2019 - 18:51
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Les travaux de construction de la ligne à grande vitesse Lyon-Turin à Saint-Martin-la-Porte le 29 novembre 2018
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© MARCO BERTORELLO / AFP/Archives
Les travaux de construction de la ligne à grande vitesse Lyon-Turin à
Saint-Martin-la-Porte le 29 novembre 2018
© MARCO BERTORELLO / AFP/Archives

Le projet de ligne ferroviaire Lyon-Turin, qu'une analyse italienne vient de juger non rentable, est contesté depuis sa naissance il y a bientôt 30 ans.

Voici quelques éléments de repères:

Le Lyon-Turin, qu'est ce que c'est?

Le Lyon-Turin est un projet de ligne à grande vitesse entre la ville française de Lyon et son homologue italienne Turin, s'étendant sur 270 km, 70% en France et 30% en Italie.

Son élément principal est un tunnel de 57,5 km qui a commencé à être creusé dans les Alpes italiennes et françaises. Il doit s'étendre entre Saint-Jean-de-Maurienne et Suse, soit 45 km en France et 12,5 km en Italie.

Pourquoi un tel projet?

L'objectif est permettre à partir de 2030 le passage de trains dans un sens et dans l'autre afin de délester la route de centaines de milliers de camions.

Dans sa présentation du projet, la société franco-italienne Telt chargée des travaux indique que "grâce au Lyon-Turin, plus d'un million de camions seront retirés des routes alpines, évitant 3 millions de tonnes de CO2 par an", soit "l'équivalent produit par une ville de 300.000 habitants".

L'idée est aussi de favoriser le développement économique de la zone et d'accélérer les liaisons passagers en mettant Turin à 2 heures de Lyon en train, contre plus de 4 heures actuellement.

Où en est-on des travaux?

L'ensemble du projet représente 162 km de galeries. Pour le moment, 25 km, soit 15%, ont été creusées. Environ 800 personnes travaillent sur l'ensemble du chantier.

En France, sur le segment Saint-Martin-La Porte-La Praz, les travaux avancent sur deux fronts: en direction de Lyon avec des méthodes traditionnelles (explosifs, moyens mécaniques) en raison de la particularité de la roche tandis que vers l'Italie, le tunnelier "Federica" est à l'œuvre, à un rythme de 15 à 18 mètres par jour, soit 400 mètres par mois.

Qui conteste le Lyon-Turin?

Le projet est contesté depuis ses débuts, notamment par des associations de protection de l'environnement, ce qui a conduit à en modifier le parcours.

Désormais, en Italie, le projet est surtout dénoncé par le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), qui y voit un gaspillage d'argent public alors que le pays en aurait besoin, selon lui, pour le système scolaire, hospitalier ou les routes.

En France, une frange importante du mouvement écologiste et le maire vert de Grenoble, Eric Piolle, y sont également hostiles.

Les opposants estiment notamment que l'actuelle ligne ferroviaire est sous-exploitée et pourrait être montée en puissance.

Qui est pour?

Le gouvernement français a réaffirmé plusieurs fois son soutien au projet.

En Italie, le Lyon-Turin est soutenu par la plupart des autres forces politiques, dont la Ligue (extrême droite), ce qui crée des tensions au sein de la coalition au pouvoir, formée avec le M5S.

Le monde économique des deux côtés des Alpes estime aussi nécessaire ce type d'infrastructures pour soutenir le développement. Le patronat italien fait état de "50.000 emplois" en jeu concernant le chantier de ce côté des Alpes.

De grandes manifestations d'opposants et de partisans, réunissant à chaque fois plusieurs dizaines de milliers de personnes, ont eu lieu ces derniers mois à Turin.

Combien ça coûte?

Le coût du seul tunnel a été évalué à 8,6 milliards d'euros.

A ce jour, selon Telt, 2,5 milliard d'euros ont déjà été investis en projets et travaux.

L'Union européenne, qui a accepté de financer le projet à 40% mais doit monter à 50%, a déjà versé 370 millions d'euros entre 2007 et 2013, tandis qu'un financement de 814 millions a déjà été signé pour 2014-2020 (dont 120 millions déjà payés).

L'UE a récemment indiqué qu'une suspension du projet "mettrait en question l'accord de subvention en cours et pourrait conduire à sa résiliation et au recouvrement total ou partiel des sommes déjà versées".

En cas d'arrêt du projet, il faudra sécuriser toutes les galeries déjà creusées, verser des pénalités aux entreprises, rembourser les fonds reçus et moderniser la ligne existante. Le quotidien économique italien Il Sole-24 Ore évoque une facture qui pourrait s'élever jusqu'à 4 milliards d'euros.

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