Postes supprimés, climat social dégradé... l'inquiétude des syndicats de la RATP

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Par Jean LIOU, Elisabeth ROLLAND - Paris (AFP)
Publié le 22 octobre 2018 - 22:12
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Les touristes étrangers victimes de vols peuvent désormais porter plainte directement via le réseau de transport en commun parisien RATP
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Le siège de la Régie Autonomie des Transports Parisiens à Paris le 28 août 2018
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Un millier de postes supprimés en sept ans, les négociations sur les comités sociaux et économiques (CSE) suspendues, des craintes pour l'activité ingénierie: les syndicats de la RATP s'inquiètent d'un "plan social déguisé" et d'une dégradation du dialogue social dans l'entreprise.

Avec son projet Diapason, "présenté au printemps" aux organisations syndicales et qui prévoit de 2018 à 2024 la suppression nette "d'environ 1.100 postes des fonctions support type ressources humaines, achats, informatique, etc.", la direction a enclenché "un plan social déguisé" et "sans projet de réorganisation", a dénoncé auprès de l'AFP Bertrand Hammache, secrétaire général de la CGT-RATP.

"On nous annonce un plan budgétaire, il faut couper à la serpe dans les emplois et on regardera à la fin en termes de fonctionnement", a renchéri Thierry Babec, secrétaire général de l'Unsa-RATP.

Diapason, "c'est un vrai plan social, dans une entreprise qui fait des bénéfices, et c'est un plan parmi tant d'autres", a assuré Hervé Techer, délégué SUD.

La direction a assuré de son côté qu'il s'agit d'"un plan de performance classique, sur sept ans, sans licenciement".

Objectif: diminuer "le poids des fonctions support qui représentent 20% des dépenses totales de l'entreprise", contre "aux alentours de 15%" chez ses concurrents. La RATP vise "2,5 à 2,7% par an" de gains de productivité grâce à Diapason pour être prête à l'ouverture à la concurrence du marché des autobus en Ile-de-France (à partir de 2025).

Réalisé via les départs à la retraite et "des redéploiements d'effectifs à l'intérieur de l'entreprise", ce programme sera aussi "l'occasion de revisiter nos processus, monter en qualité de service et développer une culture de relation client-fournisseur" dans un groupe qui compte quelque 55.000 salariés en France, a détaillé la direction.

Mais M. Hammache lui reproche de parler "en volume de postes, sans préciser lesquels seront concernés. Cela signifiera soit une intensification du travail pour ceux qui vont rester, donc une dégradation des conditions de travail, soit une externalisation des activités pour réduire la masse salariale".

- "Plusieurs feux" -

Les syndicats n'avaient pas lancé d'alerte au moment de la présentation de Diapason car ils sont préoccupés par "plusieurs feux" en même temps, a souligné M. Hammache. Il a cité les conséquences sociales de la prochaine ouverture à la concurrence des autobus franciliens, les négociations sur les nouveaux comités sociaux et économiques (CSE), avant "la prochaine étape, la filialisation de l'activité ingénierie comme société de droit privé".

Tous les syndicats s'opposent à Diapason, "le désaccord est unanime, c'est un coup de rabot sans précédent" avec "un objectif purement comptable", a déploré M. Babec. "Le service de la paie n'est pas pléthorique et on a des particularités qui justifient l'existence de services spécifiques, comme la formation interne, les services d'embauche qui font passer des tests, le logement..." Ou encore "l'ingénierie qui travaille avec les constructeurs" pour mettre au point le matériel.

"On va essayer très localement, service par service, de démontrer à l'entreprise l'inutilité de supprimer tel ou tel poste", a prévenu M. Babec.

La direction a assuré que "tout au long du projet, le dialogue social sera pleinement respecté". "Des réunions d'information des organisations syndicales et du comité d'entreprise (CRE) ont déjà eu lieu dès avril, ainsi qu'une information du conseil d'administration, où sont représentés les salariés, en juin", a-t-on précisé.

Les syndicats critiquent également une dégradation du climat social dans l'entreprise. A la mi-octobre, les quatre organisations représentatives (CGT, Unsa, SUD et CFE-CGC) avaient quitté la table des négociations sur le fonctionnement des futurs CSE. Les syndicats avaient alors accusé la direction de "tourner le dos" à la politique sociale en vigueur "depuis plus de 20 ans" dans l'entreprise.

Après la conclusion en mars d'un accord sur les périmètres des CSE, les discussions bloquent sur l'organisation des CSE et les moyens alloués aux élus du personnel. Depuis, "il n'y pas eu de reprise des négociations" mais "une rencontre" est prévue "jeudi matin" avec la direction qui doit présenter de "nouvelles propositions chiffrées", selon la CGT.

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