Un parfum de Corée flotte à Vladivostok

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Par Anna MALPAS - Vladivostok (Russie) (AFP)
Publié le 25 avril 2019 - 16:53
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Un drapeau nord-coréen dans le port russe de Vladivostok le 25 avril 2019.
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© Kirill KUDRYAVTSEV / AFP
Un drapeau nord-coréen dans le port russe de Vladivostok le 25 avril 2019.
© Kirill KUDRYAVTSEV / AFP

Les serveuses du restaurant nord-coréen de Vladivostok ont beau arborer un sourire professionnel, elle gardent un silence pincé quand on leur demande ce qu'elles pensent de la visite de leur dirigeant Kim Jong Un dans ce port russe d'Extrême-Orient.

"Je ne comprends pas le russe", affirme l'une d'elles qui pourtant utilisait cette langue pour prendre les commandes, dans ce restaurant aux murs couverts de peintures vantant les réalisations et les succès de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, nom officiel de la Corée du Nord).

Sur le menu, le plat national coréen -- le kimchi -- côtoie des mets plus fins, comme une soupe d'ailerons de requins. Les gourmets peuvent aussi repartir avec l'édition en russe d'un livre compilant les pensées les plus inspirantes du chef suprême Kim Jong Un, qui lui ont permis de créer "une nation riche et puissante".

La présence à Vladivostok d'un restaurant nord-coréen, exploité par le régime, témoigne des liens étroits existant entre cette ville de 600.000 habitants et le régime reclus. La frontière n'est qu'à 200 kilomètres, faisant de la ville le lieu idéal de la première rencontre entre Vladimir Poutine et Kim Jong Un.

Le jeune dirigeant de 35 ans a suivi, à bord de son train blindé, le même chemin que celui emprunté naguère par son père et son grand-père pour rencontrer les dignitaires soviétiques ou russes.

- Touristes sud-coréens -

Dans le reste de la ville, la présence sud-coréenne est largement plus visible. Des ferries relient Vladivostok et les principales villes côtières de Corée du Sud et les habitants assurent que le nombre de touristes sud-coréens a explosé depuis quelques années.

"C'est rare que des Nord-Coréens viennent. Peut-être deux ou trois fois par an", explique Nina Gouminiouk, gérante d'une jolie boutique de souvenirs qui assure que les seuls visiteurs en provenance de Pyongyang font partie de délégations officielles.

La principale artère piétonne de Vladivostok compte de nombreux magasins spécialisés dans les produits cosmétiques ou la nourriture coréenne. Des affiches vantant les célèbres matriochkas russes tentent d'attirer les touristes en chinois, en japonais ou en coréen.

"Les Coréens achètent surtout de la bière", raconte Svetlana Louchtchina, une vendeuse de 38 ans assise derrière la caisse d'une boutique vendant des biscuits coréens et des chocolats russes. "Les Coréens, les Chinois, les Vietnamiens, ils viennent par vagues", observe-t-elle dans un sourire.

Son mari fait partie des chauffeurs qui ont été embauchés pour conduire les délégations sur l'île Rousski, qui fait face à Vladivostok et où le sommet s'est tenu.

"C'est notable que des gens si importants se rencontrent à Vladivostok", assure Svetlana Louchtchina, ajoutant qu'elle suit de près le déroulement de ces négociations.

- "Nos plus proches voisins" -

La venue de Kim Jong Un à Vladivostok, son premier voyage officiel en Russie, a attiré nombre de touristes sud-coréens vers la gare de la ville. Lee Ye Won, venue de Séoul, explique que le dirigeant nord-coréen est une "personne dangereuse".

D'autres sont complètement indifférents à sa venue. Jiehuyn, une comptable de 32 ans qui pose avec sa jeune fille devant une vieille statue soviétique, est au courant de la présence de Kim mais peine à s'en faire une opinion.

"Je ne sais pas pourquoi il est venu ici", explique-t-elle.

La relative indifférence des touristes sud-coréens contraste avec l'enthousiasme des Russes. A l'image d'Elena, une comptable de 51 ans qui fait défiler sur son smartphone les photos qu'elle a pris du cortège nord-coréen descendant la route principale, des journalistes nord-coréens filmant depuis les vitres de leurs véhicules les rues de Vladivostok.

"Nous devons être amis, vivre en paix et non pas se battre", plaide-t-elle. "Ce sont nos plus proches voisins".

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