Adoption d’animaux : les réseaux sociaux à la rescousse, mais gare aux dérives

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Par Romain COLAS - Paris (AFP)
Publié le 21 avril 2018 - 10:49
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Les réseaux sociaux donnent un sérieux coup de patte aux adoptions d'animaux en détresse
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© THOMAS COEX / AFP
Les réseaux sociaux donnent un sérieux coup de patte aux adoptions d'animaux en détresse
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Zoé, percutée par une voiture sur l'Ile de la Réunion, a une patte fracturée. Recueilli par une bénévole, le chiot sera soigné et adopté grâce aux réseaux sociaux, qui donnent un grand coup de patte aux adoptions d'animaux en détresse.

"Je ne pouvais pas adopter Zoé car j'ai déjà trop de bêtes chez moi. Et c'était impossible de la donner à la fourrière, car j'avais peur qu'on l'euthanasie", raconte à l'AFP Isabelle Thomas, une habitante de Saint-Joseph. Elle a recueilli l'animal blessé, puis a contacté l'association "Envol-Toit" qui a relayé sur Facebook une cagnotte et réuni, en trois jours, les 760 euros nécessaires à son opération. Zoé a même trouvé une nouvelle famille en métropole.

- "Un outil génial" -

"Facebook est devenu un outil génial pour mettre en relation les amoureux des bêtes. Lorsqu'on poste une annonce, on a beaucoup de retours", constate Sandy Baumann, directrice de l'association Last Chance, qui gère une vingtaine de familles d'accueil pour les toutous abandonnés.

"Les réseaux sociaux ont levé le voile sur le fonctionnement des refuges, on voit plus les animaux, c'est plus transparent et ça rassure", renchérit Anaïs Drux de Wamiz qui centralise entre 7.000 et 8.000 annonces --photos et descriptions à l'appui-- de 521 refuges et associations en France.

De plus, les réseaux sociaux encouragent l'émergence de familles d'accueil, gérées entre particuliers.

"Quand l'animal est à la maison, on évalue très vite son comportement avec l'homme et surtout avec les enfants. Dans les refuges, comme les chiens sont en box, on juge plutôt leurs relations entre eux", estime Sandy Baumann. "En famille on voit tout de suite s'il s'attaque au mobilier ou s'il est propre !", poursuit-elle.

Fini, donc, le traditionnel passage au refuge de la SPA ? "Non, chacun a un rôle à jouer. Il ne s'agit absolument pas de concurrence. Au contraire, le nombre de nos adoptions augmente", considère Natacha Harry, la présidente de la SPA rappelant que "chaque année 100.000 animaux sont abandonnés en France".

Selon la SPA, le nombre de ses animaux adoptés annuellement est passé de 29.000 en 2013 à 39.000 en 2017.

- Des adoptions légales et responsables -

Mais au-delà d'une communication facilitée, la question de la responsabilité de l'adoptant reste primordiale et nécessite de la pédagogie sur les réseaux sociaux, où la spontanéité et le "coup de cœur" peuvent conduire à des déceptions, puis à de nouveaux abandons.

"On reprend les codes de l'application de rencontres Tinder avec un principe de +slides+ et de géolocalisation pour ajuster les recherches", explique Andrien Ducousset, cofondateur du site Wamiz. "Mais il y a aussi un enjeu responsable. Il faut expliquer qu'une adoption, c'est pour la vie. [...] C'est un vrai travail d'évangélisation".

Comme la SPA, qui dispense des formations pour les candidats à l'adoption, Wamiz propose un guide de l'adoptant et affirme mener un travail de "sensibilisation" via son site.

Une sensibilisation qui passe également par le respect de la loi, en particulier concernant les animaux sauvages. Le refuge Athénas, dans le Jura, en a fait l'amère expérience.

En octobre, le centre a recueilli un jeune chevreuil, adopté illégalement (selon l'arrêté du 10 août 2004, la détention "d’agrément" n’est pas autorisée pour les cervidés) qui avait perdu son instinct sauvage au contact de l'homme. Ne pouvant être relâché, le chevreuil, conformément à la loi, a dû être euthanasié.

C'est alors un "torrent de boue" qui s'est abattu sur l'association, amplifié par les réseaux sociaux. Menaces de mort, insultes, intimidations : son directeur, Gilles Moyne, affirme avoir perdu près de 10% de ses donateurs suite à cette campagne de dénigrement et a décidé de porter plainte.

"Si on veut pouvoir reprocher des actions illégales, comme la pollution et le braconnage, il ne faut pas être soi-même hors la loi, même pour les adoptions", insiste M. Moyne.

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