AGLAE, l'accélérateur dédié à l'art, s'offre une nouvelle jeunesse

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Par AFP
Publié le 23 novembre 2017 - 13:03
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La nouvelle version de l'accélérateur de particules AGLAE est le fruit d'une collaboration entre le
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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
La nouvelle version de l'accélérateur de particules AGLAE est le fruit d'une collaboration entre le CNRS, C2RMF et ChimieParistech, cofinancée par le programme "Investissement d'av
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Tapi sous le Jardin des Tuileries, AGLAE, un accélérateur de particules dédié à l'art vient de redémarrer dans une version nettement améliorée et il a commencé à se mettre sous la dent des statuettes romaines pour percer certains de leurs secrets.

Un élégant dieu lare, un petit chien en bronze et d'autres objets provenant du Forum antique de Bavay (Nord), sont confrontés tour à tour au faisceau puissant de cet instrument qui permet notamment de déterminer la composition chimique d'un objet d'art sans avoir à réaliser de prélèvement.

Unique accélérateur de particules au monde entièrement dédié à l'analyse d'objets du patrimoine, AGLAE, long de 27 mètres, est le fleuron du Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF). "Mais il est presque trentenaire et il avait besoin d'une sérieuse rénovation", déclare Isabelle Pallot-Frossard, directrice du C2RMF.

Pour cela, l'Accélérateur Grand Louvre d'Analyse Elémentaire, installé depuis 1988 dans les sous-sols du C2RMF, a été démonté à l'été 2016. La radioprotection de la salle qui l'abrite a été renforcée. Puis l'instrument a été remonté et transformé sur plusieurs points importants.

Depuis quelques jours les ventilateurs de la salle ronronnent à nouveau et le "Nouvel AGLAE" est entré en action. La ministre de la Culture Françoise Nyssen et la ministre de la Recherche Frédérique Vidal sont venues l'inaugurer jeudi.

Les travaux ont été financés par l'Etat et la Ville de Paris. Le budget (2012-2019) se monte à 2,1 millions d'euros, dépenses de fonctionnement inclues. Le CNRS est associé au projet.

Le principe d'AGLAE consiste à accélérer des noyaux d'hydrogène ou d'hélium à des vitesses de l'ordre de 20.000 à 30.000 km/s. En pénétrant dans la matière, ces particules ralentissent en cédant leur énergie aux atomes de la matière à analyser.

Ces derniers émettent alors des rayonnements (rayons X, rayons gamma, lumière) qui sont identifiés grâce à des détecteurs placés en bout de ligne.

Ces diverses émissions permettent de repérer, même à l'état de trace, tous les éléments chimiques présents dans les couches superficielles de l'objet.

- Un demi-cheveu -

Le faisceau qui arrive sur l’œuvre est très fin. Son diamètre est de 20 microns seulement, soit la taille d'un demi-cheveu.

Le Nouvel AGLAE dispose d'une ligne de faisceau entièrement automatisée et l'instrument peut fonctionner jour et nuit. "Cela va permettre de répondre à la demande croissante des chercheurs français et étrangers désireux de faire analyser leurs objets", explique Claire Pacheco, ingénieure responsable d'AGLAE.

L'équipement dispose d'un multi-détecteur plus sensible qu'auparavant. De ce fait les doses de radiations pourront être réduites. Il permettra d'analyser des matériaux sensibles comme les couches picturales - composées notamment de liants organiques - sans risquer de les endommager.

"Jusqu'à présent, nous n'analysions quasiment jamais des peintures car on craignait que cela puisse entraîner un changement de couleur là où le faisceau avait frappé. Mais désormais nous comptons bien utiliser AGLAE sur elles", déclare Isabelle Pallot-Frossard.

Pour l'heure, ce sont de gracieux bronzes représentant des dieux romains qui sont passés au crible par AGLAE, qui empreinte son nom à une déesse grecque de la beauté et de la splendeur.

Ces statuettes proviennent du "trésor" de Bavay, découvert en 1969 par un chanoine tout près de la frontière belge. "Avec son équipe, il a trouvé plus de 370 pièces de bronze, très corrodées, dans un sac de toile de jute", raconte Véronique Beirnaert-Mary, directrice du musée archéologique de Bavay. Un ensemble hétéroclite allant du début de l'Empire romain jusqu'au IIIè siècle environ.

Depuis, les statuettes, exposées au musée après restauration, n'avaient jamais été analysées à fond. Une vingtaine d'entre elles ont été envoyées au C2RMF pour un check up complet. Radiographie, tomographie (radios en 3D) et en fin de parcours l'accélérateur. Le tout gratuitement, le C2RMF, rattaché au ministère de la Culture étant au service des musées de France.

"AGLAE va nous permettre notamment d'analyser la composition des drapés et la nature des incrustations des yeux", explique Véronique Beirnaert-Mary.

Tous ces examens fourniront peut-être quelques indices sur l'origine de ce mystérieux trésor. Les objets ont-ils été rassemblés par un artisan bronzier? Est-ce un butin militaire, un dépôt cultuel?

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