"Amour", "amour-propre" et "trahisons" : un avocat condamné à 18 ans pour meurtre

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Par Valentin BONTEMPS - Paris (AFP)
Publié le 11 octobre 2019 - 18:22
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Mosaïque au palais de justice de Paris le 21 novembre 2018
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© JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives
Un avocat parisien a été condamné à 18 ans de réclusion criminelle aux assises de Paris pour avoir poignardé à mort l'amant de sa compagne après l'avoir surpris dans le lit conjuga
© JACQUES DEMARTHON / AFP/Archives

"Un crime d'amour propre" et non "d'amour": un avocat parisien a été condamné vendredi à 18 ans de réclusion criminelle aux assises de Paris pour avoir poignardé à mort l'amant de sa compagne après l'avoir surpris dans le lit conjugal.

A l'énoncé du verdict, légèrement inférieur aux réquisitions de l'avocate générale, qui avait réclamé 20 ans de reclusion à son encontre, l'accusé est resté immobile, les yeux dans le vague et le visage fermé.

"Je ne sais pas si je peux demander le pardon à des gens qui ne voudront peut-être pas me l'accorder. Alors je demanderais simplement la justice", avait réclamé le jeune homme, silhouette longiligne et barbe blonde finement taillée, avant que les jurés ne partent délibérer.

Charles Sievers, 34 ans, ancien avocat au barreau de Paris et fils de magistrat, avait découvert sa compagne au lit avec un autre homme dans la nuit 4 au 5 janvier 2017, en rentrant de façon inopinée dans leur appartement parisien.

Le trentenaire, qui travaillait à l'époque dans un cabinet spécialisé en droit public, était alors entré dans un état de "rage": il avait saisi un long couteau dans la cuisine et avait poignardé sa victime, âgée de 22 ans, au niveau du coeur.

Les secours, rapidement alertés, n'étaient pas parvenus à réanimer le jeune homme. Cet étudiant en biologie, qui rédigeait une thèse, s'était engagé 15 jours plus tôt dans une relation avec la jeune femme. Il ignorait qu'elle avait encore un compagnon.

- "Duplicité" -

Quel niveau de conscience avait Charles Sievers lorsqu'il a poignardé sa victime? Dans son réquisitoire rendu vendredi matin, l'avocate générale a écarté toute perte de contrôle, estimant que l'accusé était "pleinement responsable" de son geste.

"Le passage à l'acte ne résulte pas d'un coup de folie. Il procède d'un sentiment de haine qui trouve sa source" dans les doutes "entretenus de manière obsessionnelle" par l'accusé, a-t-elle déclaré, en dénonçant l'"effroyable détermination" de M. Sievers.

Selon son ex-compagne, le trentenaire aurait lancé juste après avoir poignardé sa victime: "C'est un crime passionnel, cela se défend très bien aux assises". Des propos que le Charles Sievers a toujours nié avoir tenus.

"Pour ma part, je tiens pour acquis que ces mots ont été prononcés", a affirmé l'avocate générale, en insistant sur la part de "duplicité" de l'accusé, selon elle "très immature dans sa relation aux femmes".

Ce qu'il a fait "n'est pas un crime d'amour car il n'avait plus d'amour pour elle: c'est un crime d'amour propre, d'appartenance".

Une lecture des faits dénoncée par l'avocat de Charles Sievers. "Je trouve insupportable qu'à cette audience on vienne vous plaider des hypothèses complètement infondées", a martelé Me Philippe Geny-Santoni, en rappelant que la "préméditation" avait été "écartée" par les juges d'instruction.

- "Infidélités réciproques" -

"L'homme que vous avez à juger n'est pas celui décrit dans le réquisitoire: ce n'est pas quelqu'un qui a agi de sang froid" mais "sous l'emprise d'une immense émotion", a-t-il ajouté, insistant sur la "détresse psychologique" de l'accusé.

Lors de l'enquête, des proches de Charles Sievers et de son ancienne compagne ont décrit un couple conflictuel, avec des "infidélités réciproques" et un "ascenseur émotionnel" permanent. Leur fonctionnement était "toxique", a insisté leur entourage.

Une description reprise par l'avocat de l'accusé, qui a mis en cause vendredi le rôle joué par son ex-compagne, agée de 26 ans. "Son récit est très largement mensonger", a-t-il estimé, en rappelant qu'elle avait varié à plusieurs reprises dans ses témoignages.

La jeune femme, décrite comme "manipulatrice", avait envoyé le soir du drame des SMS à ses deux compagnons, disant ne pas vouloir passer la nuit seule.

"Il semblerait qu'elle veuille se disculper d'une hypothèse terrible: c'est qu'elle ait plus ou moins consciemment cherché une confrontation", a estimé Philippe Geny-Santoni, évoquant une "double trahison".

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