Après Irma, Saint-Barth se reconstruit, mais la population ne veut pas être oubliée

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Par Valentine AUTRUFFE - Gustavia (AFP)
Publié le 05 septembre 2018 - 09:41
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Port de Gustavia à Saint-Barthélemy en décembre 2017
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© Helene Valenzuela / AFP/Archives
Port de Gustavia à Saint-Barthélemy en décembre 2017
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Un an après le passage d'Irma, la reconstruction de Saint-Barthélemy a bien avancé mais l'île connaît une grave crise du logement et la population, traumatisée par l'ouragan dévastateur, se sent quelque peu oubliée par rapport à sa voisine Saint-Martin.

Sur l'île où Johnny Hallyday est enterré, les travaux sont omniprésents début septembre, et les dégâts, estimés à 823 millions d'euros par le ministère des Outre-mer, pour un territoire de 21 km2, sont de moins en moins visibles.

Les finances publiques "n'ont pas été significativement impactées", a assuré le président de la Collectivité, Bruno Magras (Les Républicains), lors de son allocution annuelle, donnée chaque 24 août pour la fête de la Saint-Barthélemy.

"Sous réserve que nous ne soyons pas touchés par un nouveau phénomène, les indicateurs qui me parviennent laissent espérer une prochaine saison touristique bien orientée", a-t-il ajouté, en considérant que "le bilan un an après Irma est plutôt rassurant sur la capacité de Saint-Barthélemy à faire face".

Un constat partagé par le délégué interministériel à la reconstruction, Philippe Gustin: "La saison touristique va pouvoir se dérouler dans des conditions excellentes" et "l'île connaît déjà des sollicitations très fortes d'investisseurs car elle a réussi à remonter très vite la pente".

Si quelques uns des 9.700 habitants ont toujours des difficultés à faire réparer leurs maisons, faute de main d'œuvre disponible ou de finances suffisantes, la plupart attendent désormais la réouverture des hôtels de luxe et la véritable reprise de l'activité touristique, poumon économique de Saint-Barth.

- "La débrouille" -

Les chantiers sur les grands hôtels, qui ont quasiment tous annoncé leur date de réouverture entre octobre et décembre, s'intensifient. Beaucoup ont voulu reconstruire plus résistant et se sont lancés dans d'importants travaux, à l'instar de l'emblématique hôtel Eden Rock, dans la baie de Saint-Jean, qui installe ses nouvelles cuisines à l'intérieur d'un rocher, protégées par une porte de sous-marin.

Mais la crise du logement, déjà présente avant l'ouragan, s'est accentuée depuis un an. Certains hôteliers font monter les enchères, proposant des loyers exorbitants aux propriétaires pour loger leur main d'œuvre. De nombreuses familles, dont certaines installées de longue date à Saint-Barth, ont dû quitter le rocher faute de pouvoir s'y loger.

"Tout va bien pour faire revenir les touristes, les hôtels et villas de location sont la priorité", décrit Julie, habitante de Saint-Barth depuis trois ans, qui passe de logement en logement depuis l'ouragan. "Je travaille sur l'île depuis trois ans et je n'ai plus d'endroit à moi où vivre depuis Irma. Si je ne trouve pas rapidement, je serai obligée de rentrer en métropole", fait-elle valoir.

La trentenaire loge chez des amis, dans des locations de dépannage, en attendant. Son logement a été détruit par le cyclone et le propriétaire n'était pas assuré - il n'a pas encore fait réparer. La jeune femme se montre amère: "Ici, c'est la débrouille. Pas d'aide, si tu n'as pas de maison, tu t'en vas. Mais j'ai vécu Irma, j'ai aidé au nettoyage, je travaille, ma vie est ici", explique-t-elle.

La population se sent aussi oubliée par rapport à sa voisine, et vit dans ce qu'elle considère être un manque de considération de l'épreuve qu'elle a subie.

"Les médias en France ne parlent que de Saint-Martin, jamais de Saint-Barth, à part pour dire que c'est une île de riches, ce qui est faux, il n’y a pas que ça", dénonce son amie Stéphanie.

"C'est sûr que la situation est différente à Saint-Martin, mais on a aussi été tous marqués par Irma. Ma voisine a passé le cyclone dans sa citerne, elle a du mal à s'en remettre", assure-t-elle. "On voit que les gens sont fatigués, stressés. Et beaucoup ont été obligés de quitter l'île parce qu'ils ont perdu leur emploi".

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