Au 40e jour de grève, des agents RATP toujours mobilisés s'interrogent sur l'après

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Par Elisabeth ROLLAND - Bagnolet (AFP)
Publié le 13 janvier 2020 - 20:35
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Des grévistes se rassemblent au dépôt de bus RATP de Vitry-sur-Seine, le 13 janvier 2020
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© Ludovic Marin / AFP
Des grévistes se rassemblent au dépôt de bus RATP de Vitry-sur-Seine, le 13 janvier 2020
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"40 jours de grève": le décompte est placardé en grand, lundi, sur l'un des murs aveugles de la salle de garde de la station de métro Gallieni, dont les agents ont voté la reconduction jusqu'à vendredi de la grève contre la réforme des retraites, tout en se demandant "où on va?"

Le retrait de l'âge pivot du projet gouvernemental? "De l'enfumage", dénonce auprès de l'AFP une conductrice de métro "pas syndiquée" de cette station de Bagnolet (Seine-Saint-Denis). De toute façon, "c'est la base qui décide, pas les syndicats nationaux. Si le trafic reprend un petit peu, c'est à cause des finances. Beaucoup de conducteurs sont remontés sur le train à contre-cœur, ils ne voulaient pas mettre leur famille en difficulté", ajoute Méline (prénom modifié).

"On est prêt à continuer mais il y a le pourrissement financier. Il faudra payer les factures", renchérit Farid, conducteur "en grève depuis le 5 décembre", au premier jour du mouvement. "Quand on est parti en grève, on avait la conviction que tous les secteurs allaient entrer en lutte avec nous, mais ils n'ont pas joué le jeu", déplore ce militant de Solidaires, avant le début de l'assemblée générale (AG) des conducteurs de Gallieni.

Dans la salle de garde, une quarantaine de personnes sont réunies, dont quelques enseignants et fonctionnaires venus apporter leur soutien. En cette sixième semaine de mobilisation, des conducteurs affichent leur déception.

"Moi, j'ai 40 jours de grève. Pas dix jours! Ça fait un mois et demi que j'attends la grève générale. Ils sont où les travailleurs?" proteste Isabelle Dumont de la CGT. Et si "jeudi, on a eu une grande manifestation, samedi, on n'était pas nombreux", regrette cette conductrice.

Une autre salariée jette l'éponge: "Moi aussi, j'ai 40 jours de grève" et "je reprends demain" (mardi) le travail. "Ma conviction n'est pas morte" mais "il serait temps que les autres (salariés) se réveillent!"

- "Ne pas lâcher" -

Haranguant ses collègues, François-Xavier Arouls de Solidaires les exhorte à "donner un dernier coup de rein cette semaine", lors des "trois journées d'actions" nationales interprofessionnelles, mardi, mercredi et jeudi. "Moi, je ne me bats pas sur l'âge pivot. On est pour le retrait de cette réforme, il faut tenir bon", encourage-t-il. Et "réfléchir à d'autres modes d'actions" que la grève.

Il reste "la semaine pour mobiliser au-delà de la RATP", considère Nicolas Ronfort-Milhas de la CGT. "Si on n'y arrive pas, je m'interroge sur la capacité de chacun à continuer dans la durée et pour aller chercher quoi? Le retrait, je n'y crois pas", avoue-t-il. "J'aimerais qu'on l'obtienne mais avec quelle stratégie? On a perdu un mois et demi de salaire. On n'arrive pas à mobiliser ailleurs. Est-ce qu'on est encore prêt à continuer?"

Méline suggère de "continuer cette semaine, sinon on croira qu'on a cédé sur l'âge pivot". Même analyse pour Pascal: "cette semaine, il ne faut pas lâcher", sinon le gouvernement dira "OK, finalement, l'âge pivot, ça leur suffit". Idem pour Lydia, qui "propose de poursuivre jusqu'à la fin de la semaine pour ne pas donner raison au gouvernement".

La mobilisation "est en train de s'effriter" et "c'est clair qu'on ne peut pas aller à l'infini dans la grève mais il faut reconduire au moins jusqu'à vendredi pour être cohérent", estime Farid. "Il y a peut-être d'autres façons d'aller dans la bataille", y compris "avec les +Gilets jaunes+ le samedi", poursuit-il.

Quelles actions? Alain note que la grève par épisodes, "ça ne marche pas non plus". Un autre juge que "ça sera compliqué de repartir" en grève après un arrêt. "Il faut essayer de se motiver les uns les autres", conseille un troisième.

"Après jeudi, où on va?" demande Nicolas Ronfort-Milhas. "Il ne faut pas abandonner la lutte", prône-t-il, mais "aller vers des actions nationales parce que ça réunit tout le monde".

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